Incendie de la Marina à Montgaillard : les familles des victimes toujours en attente de réponses

Michael et Dorine souhaitent des réponses à leurs interrogations.
Deux membres de la famille des victimes de l'incendie de la Marina à Montgaillard, en décembre 2021, ont été entendues par le juge d'instruction ce lundi 24 avril. Leur avocate, Me Mescam, souhaite que lumière soit faite sur les auteurs de l'incendie, mais aussi sur les défauts dans la sécurité incendie de l'immeuble et l'organisation des secours cette nuit-là.

Dans la nuit du 12 au 13 décembre 2021, un incendie hors norme ravageait un immeuble de Montgaillard à Saint-Denis, la Marina. Au-delà des 92 appartements qui avaient été détruits par les flammes, c'est surtout le bilan humain qui avait été lourd : cinq personnes y avaient laissé la vie, dont quatre enfants. 

Regardez le reportage de Réunion La 1ère : 

Michael et sa fille ont perdu trois membres de leur famille dans ce tragique incendie. Leur avocate souhaite aujourd'hui qu'on leur apporte des réponses.

Ce lundi 24 avril 2023, le juge d'instruction a entendu deux des parties civiles qui ont perdu leurs proches dans cette tragédie. Michael Nimphort a perdu ses trois fils et son ex-femme Lucie Hoarau. Sa fille Dorine Hoarau elle, a donc perdu sa mère et ses trois frères. 

"On ne vit plus, on survit" 

"On est toujours en colère parce que jusqu'à maintenant on n'a pas de réponses. On est dans l'attente et c'est compliqué. On ne vit plus, on survit depuis le 13 décembre", souffle Michaël Nimphort, qui souhaite désormais avoir "des réponses", ou "un responsable" à ce terrible événement qui a bouleversé leur vie. 

"Qu'ils puissent dire ce qu'ils ont vécu" 

C'est à la demande de leur avocate, Me Marie Mescam, avocate également des 17 parties civiles qui font toutes partie de la famille de Lucie Hoarau et de ses trois fils, que le juge d'instruction les a reçus ce lundi.

"Nous avons demandé au juge d'instruction d'entendre Dorine Hoarau et Michael Ninphort afin qu'ils puissent dire ce qu'ils ont vécu cette nuit-là, comment ils survivent depuis, et qu'ils puissent adresser leurs questions", explique-t-elle. 

Aucun auteur identifié 

Des questions qui restent sans réponse notamment en ce qui concerne le ou les éventuels responsables de cet incendie, la piste de l'acte volontaire étant encore privilégiée à l'heure actuelle. Pour rappel, le feu est parti d'un canapé entreposé au bas de l'immeuble B de la résidence, avant de se propager. Mais personne n'a été mis en examen à ce jour, et aucun procès ne peut donc se tenir puisqu'il n'y a personne à juger.

Un deuxième procès envisagé

L'avocate espère également qu'un deuxième procès puisse se tenir pour homicide involontaire, cette fois-ci pour défaut de sécurité incendie et défaut d'organisation des secours.

Les dysfonctionnements dans l'organisation et les moyens déployés cette nuit-là est un des points qu'elle souhaite voir éclaircis. Pourquoi les pompiers ne sont-ils pas intervenus dans l'appartement où cette famille était prise au piège ? Pourquoi la radio était-elle hors service ? "On va demander qu'une instruction soit ouverte sur la sécurité incendie de l'immeuble, et sur la façon dont étaient organisés les secours", dit-elle. 

"Nous avons des questions qui portent sur la sécurité incendie de l'immeuble, quasiment absente dans la conception de l'immeuble, les matériaux utilisés ou le matériel de la sécurité incendie qui font que la famille s'est retrouvée piégée dans un immeuble avec deux seules issues, des passerelles en bois qui se sont effondrées les laissant pris au piège des flammes dans l'attente des secours qui ne sont pas arrivés"

Me Marie Mescam

L'avocate des parties civiles rappelle que Lucas, adolescent de 17 ans qui a fait partie des victimes cette nuit-là, était resté "plusieurs dizaines de minutes" au téléphone avec des proches, attendant d'être secouru. "Il a parlé aux policiers, il a dit qu'il n'arrivait plus à respirer, qu'il allait mourir. Il était là avec ses petits frères et sa mère. Les pompiers sont arrivés très tard, désorganisés et sans moyens", souligne-t-elle.