Le défi du jour : se passer de notre téléphone ! Du 6 au 8 février ont lieu les journées mondiales sans portable. La mission paraît insurmontable en 2025, mais cela reste un moyen de voir s'il prend beaucoup de place dans notre quotidien.
Ecoutez ce reportage de Réunion la 1ère :
"Ce n'est pas pour moi!"
Difficile d'imaginer une journée sans son portable pour Chloé, alors trois, impossible à réaliser. L'adolescente de 16 ans l'utilise toute la journée : "Ça va être compliqué la journée sans portable, je vais en cours j'en ai besoin toute la journée, que ce soit pour des recherches qu'on a à faire en classe, pour prévenir mes parents que je suis sortie et pour écouter de la musique", confie-t-elle. Quand on lui demande combien d'heures elle y passe par jour, l'adolescente bégaie. "Aïe, les choses qui fâchent... en moyenne 7h", ricane Chloé.
Une journée sans téléphone ? Ah ben ce n'est pas pour moi !
Un artisan
"Je suis artisan, c'est mort, le téléphone c'est toute ma vie, je suis obligé !", déclare ce menuisier. Il assure tout de même l'éteindre quand il ne travaille pas :"J'y passe généralement 3h par jour quand je travaille, mais uniquement pour téléphoner, je ne vais pas sur internet", assure-t-il. Ce dernier n'a pas le temps de finir l'interview, que son portable sonne déjà.
12 heures par jour
Je perds beaucoup de temps sur mon téléphone, mais j'ai des amis qui y passent 12h par jour!
Chloé, lycéenne
Chloé se dit consciente de perdre du temps à "scroller", c'est-à-dire, faire défiler du contenu sur son téléphone, "mais c'est addictif, on ne peut pas s'empêcher de l'utiliser", dit-elle.
Un outil multifonctions
Pour certains, la fonction première du téléphone est loin d'être la plus utilisée aujourd'hui."J'utilise mon téléphone pour aller sur les réseaux, regarder des séries, des vidéos, me divertir quoi", souffle Chloé.
Le portable de Trecy est aussi constamment dans ses mains et lui sert pour tout.
"C'est ma carte bleue, ma montre, mon moyen de communication, il y a tout dessus, s'il tombe et se casse, je n'ai plus rien, j'ai plus de vie !"
Trecy
La jeune femme reçoit plus de 100 notifications par jour et confirme être dépendante."C'est un réflexe, c'est une addiction, on en a besoin dans notre quotidien pour tout faire", raconte Trecy. La dionysienne dit être sur son téléphone en toutes circonstances :"Même au restaurant on regarde nos téléphones, ça enlève une forme de liberté".
Ça nous éloigne des gens proches de nous physiquement et nous rapproche de ceux qui sont loin. C'est difficile de lutter contre ça !
Trecy
Son compagnon est du même avis, "le téléphone portable sert à tout", dit-il, en prenant des photos. "J'immortalise tout, pour en garder un souvenir. Nos parents avaient des albums photos, nous on a notre téléphone ! ", sourit Aylé.
Être à la page
Chloé passe beaucoup de temps sur son téléphone pour suivre les dernières tendances sur les réseaux sociaux. "Quand tu discutes avec tes potes et que t'as manqué des choses sur les réseaux, tu vas avoir du mal à suivre la discussion", explique la lycéenne. "Mais parfois c'est une fierté de se dire qu'on n'a pas suivi les nouveautés, ça veut dire qu'on a été raisonnable sur son temps d'écran donc c'est cool", nuance-t-elle.
Se fixer des limites
Rester loin de son téléphone une journée est faisable selon Izaac, "mais ça peut être dur parce que le monde est sur le téléphone aujourd'hui, il y a les réseaux sociaux, on y est même aux toilettes", ricane le père de famille.
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"Quand je fais mes devoirs le téléphone est loin, loin, loin de moi, sinon je ne peux pas me concentrer", rassure cette jeune fille.
Ne pas scroller me permet de dessiner, cuisiner, de faire des jeux avec mes parents, de discuter, ça fait redécouvrir des choses de s'éloigner du téléphone. Ça fait du bien, même aux yeux en fin de journée !
Chloé, 16 ans, lycéenne à Saint-Denis.
Katiana, elle, est raisonnable. "Je ne suis pas trop sur mon téléphone, peut-être 2 heures par jour pour le travail, parfois un peu sur les réseaux sociaux mais plutôt le week-end", dit-elle. De même pour son amie Maryse, qui "ne l'utilise que pour les appels".
"À la maison, j'essaie de le mettre de côté le plus possible, je le mets en mode avion, dans une autre pièce passée une certaine heure. Le matin je ne le touche pas avant d'arriver au boulot, j'essaye mais ce n'est pas toujours parfait", ajoute une autre jeune femme.
"Les parents peuvent avoir une vraie influence sur la consommation d'écrans. Attention à ne pas confondre comportements abusifs et dépendance", prévient Christophe Lozé, directeur du Centre de soin, d’accompagnement et de prévention en addictologie de Saint-Denis.
Une idée de Phil Marso
Cette journée mondiale sans téléphone portable a été imaginée par Phil Marso, auteur français de polars, en 2001, quand l'accessoire ne servait encore qu'à téléphoner. Depuis 2004, l’évènement court sur trois jours, du 6 au 8 février, pour permettre à chacun de mieux décrocher.
En moyenne, les Français passent plus de 5 heures quotidiennement devant les écrans, dont 2 h 34 devant un smartphone, selon les derniers chiffres publiés par Datareportal.
La pause numérique
Depuis 2021, la pause numérique est instaurée dans certains établissements scolaires. Au collège de Mont Rocquefeuil à Saint-Gilles, dès qu'ils franchissent le portail, les élèves se séparent de leur portable. Ce dispositif du rectorat vise à prévenir les violences en ligne, à limiter l'exposition aux écrans et à faire respecter les règles d'usage des outils numériques.
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Dans cet établissement, les élèves sont bien rodés. Ils déposent leur téléphone tous les matins dans les bacs dédiés. "C'est pratique, i pose pas problème", dit Marisa, une adolescente.
La pause numérique plaît aux jeunes et à leurs parents. Cette mère de famille préfère que son fils laisse son portable à la maison : "Si na un problème, l'école i appel amoin, donc la pas besoin de téléphone", explique-t-elle.
"Quand les portables étaient autorisés, les jeunes étaient constamment dessus et non dans les relations avec les autres. Maintenant nos élèves se parlent et jouent à la récréation", se réjouit Nathalie Pulou, principale du collège.
La pause numérique devrait être généralisée en 2025, a le ministre délégué chargé de la réussite scolaire, Alexandre Portier, en octobre 2024.