A Mayotte, alors que ce jeudi 27 avril, les premiers coups de pelleteuses ont été donnés à Longoni pour détruire des habitations illégales, plusieurs collectifs de citoyens restaient mobilisés au stade de Chirongui pour dénoncer la suspension par le tribunal de décasages à Majicavo.
Les destructions de bidonvilles ont commencé ce jeudi à Longoni. Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Afin de montrer leur solidarité, à 1500km de l'île aux parfums, plusieurs Mahoraises ont décidé de se rassembler elles aussi à La Réunion. A la Jamaïque à Saint-Denis, le collectif "Résistance Réunion Mayotte en action", elles étaient une quarantaine de femmes présentes pour plusieurs raisons : échanger, réagir aux événements de cette semaine à Mayotte, afficher leur soutien à leurs familles restées là-bas, et surtout redire à l'Etat l'importance d'aller jusqu'au bout de l'opération de lutte contre l'habitat illégal appelée "Wuambushu".
Regardez le reportage de Réunion La 1ère sur cette mobilisation à Saint-Denis ce jeudi :
"Une sorte de thérapie"
Parce que les événements actuels sont loin de laisser indifférents les Mahorais vivant à La Réunion, le collectif dit la nécessité de se retrouver tous ensemble ces jours-ci. Un rassemblement comme "une sorte de thérapie" disent-elles.
"Ce rassemblement c'est déjà pour parler entre nous. On échange à travers les réseaux, mais il y avait une réelle demande de notre communauté de pouvoir se rassembler comme pour une sorte de thérapie, parce c'est assez pesant ce qui se passe actuellement à Mayotte. C'est également assez pesant ce qu'on entend ici et là,il y a des réactions auxquelles on a envie de répondre et de s'expliquer"
Amina Djoumoi, présidente du collectif Résistance Réunion Mayotte en action
Un soutien réunionnais aux mobilisations citoyennes à Mayotte
Comme un parallèle à la manifestation d'une centaine de citoyens mahorais sur le stade de Chirongui à Mayotte ce jeudi matin, ces femmes souhaitaient elles aussi agir à La Réunion. "On a envie que nos familles là-bas sachent qu'on est là pour elles. On a une délégation aujourd'hui présente à Chirongui, comme une sorte de relais ici de ce qui se passe là-bas", explique Amina Djoumoi.
"Cette opération on l'a demandée, on l'a attendue"
Ensemble, ces Mahoraises souhaitent aussi faire passer un message aux autorités, les enjoignant à aller jusqu'au bout de "Wuambushu". "Cette opération on l'a demandée, on l'a attendue", clame Amina Djoumoi, qui tient à préciser que ce n'est pas une opération "contre les Comoriens, les Anjouanais, ou les étrangers en général vivant à Mayotte".
"C'est une opération de lutte contre l'insécurité qui n'est plus à démontrer à Mayotte, où il se passe des choses atroces, des choses qui devraient faire bouger les lignes mais qui ne les font pas bouger plus que ça. Il faut prendre en compte le côté humanitaire bien sûr, mais avant d'avoir à faire à des clandestins ordinaires, nous avons à faire à des bandes bien organisées qui n'agissent pas toutes seules"
Amina Djoumoi, présidente du collectif Résistance Réunion Mayotte en action
Des photos de leurs proches blessés
Pour appuyer son propos, le collectif est venu avec des photos des blessures infligées aux membres de leurs familles à Mayotte ces derniers temps, illustrations trop nombreuses de l'insécurité sur le département.
Madame Bibi, présente ce jeudi à la Jamaïque, témoigne, photo à la main. "C'est mon frère", dit-elle. L'homme a reçu un coup de sabre alors qu'il sortait de chez lui afin de répondre à l'appel de sa voisine qui venait de se faire cambrioler. Il s'est retrouvé avec une fracture au visage.
Le ras-le-bol de l'insécurité
Madame Bibi dit ne plus en pouvoir de cette insécurité qui sévit à Mayotte. Envoyer ses enfants à l'école et avoir peur qu'ils s'y fassent tuer, prendre la voiture et risquer de se faire couper la main par des délinquants qui réclament de l'argent... Autant de situations devenues monnaie courante et qui effraient la Mahoraise. Celle-ci appelle de tous ses voeux une action forte de l'Etat.
"On se sent rejetés par les Français. Nous Mahorais, on a demandé à devenir un département français pour être bien, pour être libres. Eux ont décidé de prendre l'indépendance. Chacun a choisi. Mais aujourd'hui on n'est pas libres. On est dans notre maison, mais on se sent emprisonnés, on est obligés de mettre des fers partout. S'il y a un accident dans la maison, la police, les pompiers, ne peuvent pas rentrer."
Madame Bibi, membre du collectif Rema
"On appelle au secours"
"On ne dit pas que c'est de la faute des clandestins, mais Mayotte est en danger, on appelle au secours. Que ce soit des Comoriens ou autres, on veut qu'ils viennent avec nous se battre contre l'insécurité. Tous ceux-là sont les bienvenus", soutient-elle.
Le rassemblement de ce jeudi était aussi l'occasion pour la communauté de se concerter dans la perspective de prochaines actions à venir, toujours en soutien à l'opération actuelle de lutte contre l'habitat illégal.