Toujours pas de date pour le début de la campagne sucrière 2023 alors que la filière souhaite se relancer

Avant le démarrage de la campagne, les planteurs se préparent et souhaitent augmenter le tonnage de cannes dans les années à venir.
Ce dimanche matin, la CGPER a rassemblé des planteurs devant l'usine sucrière du Gol pour une réunion d'information. L'occasion d'évoquer les problèmes qu'ils s'attendent à rencontrer, alors que la filière se prépare à un plan de relance.

L'annonce de la date de début de la campagne sucrière 2023 tarde à venir, alors que les premières cannes sont désormais matures dans les champs. Afin d'échanger autour de la campagne à venir, la CGPER (Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion) a rassemblé une vingtaine de planteurs pour une réunion d'information devant l'usine du Gol ce dimanche 16 juillet. 

Regardez le reportage de Réunion La 1ère : 

A l'approche du début de la campagne sucrière, les planteurs anticipent les potentiels problèmes qui pourraient impacter la filière canne.

Toujours pas de date officielle 

Pour le bassin Sud-Ouest, des essais sont prévus le 21 juillet prochain, pour commencer, si tout fonctionne, quelques jours plus tard. 

Pour le bassin Nord-Est, la problématique est autre : lors de la réunion du CPCS (comité paritaire de la canne et du sucre) cette semaine, rassemblant planteurs et industriels, ces derniers ont annoncé qu'ils ne seraient opérationnels qu'à partir du 7 août, en raison des changements opérés sur l'usine de Bois Rouge, en pleine transition écologique car passant du charbon au bois. Des essais sont prévus sur l'usine le 26 juillet. 

Un accompagnement réclamé pour faire face aux pertes

"Mais il y a des impacts sur nos exploitations : il nous restera 18 semaines de campagne jusqu'à la fin décembre, sans compter les différents aléas. On va travailler sous pression, et au moindre problème, il y a des chances qu'on laisse des cannes sur pied", s'inquiète Jean-Michel Moutama, président de la CGPER. 

Dans ces conditions, les planteurs souhaiteraient qu'un accompagnement soit mis en place "pour que s'il nous reste des cannes sur pied, on puisse être payés comme il se doit", avance le président de la CGPER.

Sécheresse, prix des intrants... 

En outre, les planteurs anticipent d'autres aléas qui pourraient peser sur la campagne 2023. Yanos Maillot, planteur de cannes au Gol à Saint-Louis, craint que la sécheresse persistante dans le Sud ne donne des récoltes insatisfaisantes. "Les pluies ont débuté seulement au mois d'avril et cette semaine, ça continue à pousser, mais par endroit il n'y a que du feuillage et pas de cannes", dit-il.

Sans compter que le prix des intrants, en hausse depuis l'an dernier, a lui aussi contraint la production. "La plupart des planteurs ont diminué l'engrais, il y aura moins de cannes cette année", anticipe le planteur, qui évoque un coût de 1 300 euros par tonne d'engrais. 

"La situation financière est très compliquée pour nous"

Pour Axel Hoarau, qui fait partie de la troisième génération de planteur dans la famille, les coups durs sont une habitude. Mais il reconnaît que la filière traverse une période particulièrement difficile actuellement. "La situation financière est très compliquée pour nous", lance-t-il, évoquant les retards de paiement des aides prévues par la convention canne signée en 2022. "Il faudrait que ces aides soient fixes", propose-t-il. 

Un plan de relance pour augmenter le rendement

Comme beaucoup de planteurs, il attend beaucoup du plan de relance de la filière canne, que prépare l'ensemble de la profession actuellement. "Ce plan de relance va nous permettre de remettre de l'engrais dans nos champs, et de replanter pour relancer la filière. Pour garder deux usines sucrières à La Réunion, il faut absolument qu'on remonte le tonnage dans les cinq années à venir", justifie Axel Hoarau. 

Un léger mieux pour la campagne 2023 ?

Car l'objectif est d'atteindre le 1,8 voire 1,9 million de tonnes de cannes récoltées à l'horizon 2027. Pour cette campagne 2023, le président de la CGPER veut rester optimiste, et prévoit une récolte un brin meilleure que celle de l'an passé, catastrophique. "On peut être optimistes avec les pluies qu'on vient d'avoir, qui sont très bénéfiques. On va être proche d'1,4 million de tonnes, mais ce ne sera pas encore suffisant", achève Jean-Michel Moutama.