Le couvre-feu à 18h est entré en vigueur ce vendredi 5 mars à La Réunion. Et en réponse aux appels lancés sur les réseaux sociaux pour manifester contre cette mesure, des rassemblements se sont formés à Saint-Pierre, à Saint-Denis devant la préfecture, mais aussi à Saint-Gilles.
Ambiance tendue dans quelques villes du département ce vendredi soir. La nouvelle mesure prise par le préfet de La Réunion Jacques Billant de placer le département sous couvre-feu de 18h à 5h - et non plus de 22h à 5h - ne passe pas pour une partie de la population.
Au cours des derniers jours, plusieurs appels au rassemblement ont été lancés sur les réseaux sociaux par des groupes opposés à cette nouvelle mesure. Ce vendredi après-midi, lors de l'audience dite des plaider-coupable, au palais de justice de Champ Fleuri, une personne a d'ailleurs été condamnée à effectuer 110h de travaux d'intérets généraux pour "incitation à manifestation violente".
Les forces de l'ordre sur les lieux
Pour autant, cela n'a pas découragé d'autres personnes à se mobiliser. A l’heure fatidique, ce vendredi 5 mars, une cinquantaine de personnes ont ainsi décidé de manifester leur opposition à ce couvre-feu en se rassemblant sous les fenêtres de la préfecture, à Saint-Denis, et cela malgré la présence des forces de l’ordre.
Des manifestants issus d'horizons divers : des Dionysiens mais aussi des habitants de La Possession ou encore de Saint-André ; des ex Gilets Jaunes et des membres du QG des Zazalés ; etc.
Peu après 18 heures, l’un des représentants de la police nationale présent sur les lieux a indiqué aux manifestants qu’ils disposaient d’une vingtaine de minutes pour quitter les lieux. Après concertation, ces derniers ont finalement accepté de quitter les lieux, mais ils ont promis de revenir manifester demain samedi.
Les précisions de Stéphane Enilorac pour Réunion La 1ère :
Gros rassemblements à Saint-Pierre et à Saint-Gilles
C’est à Saint-Gilles que le nombre le plus important de manifestants a été observé. Au niveau du forum, une foule impressionnante s’est constituée. Quelques centaines de mètres plus loin, sur le site de l’esplanade des Roches Noires, plusieurs dizaines de personnes se sont également réunies pour crier leur mécontentement. La foule de personnes présente s'est finalement dispersée peu avant 20h.
Rassemblement également à Saint-Pierre, où entre 150 à 200 personnes se sont réunies au niveau du boulodrome de la Ravine Blanche. Un nombre qui continuait à grossir malgré la tombée de la nuit. Tous pointent du doigt cette nouvelle mesure jugée "trop contraignante". Là encore, la police a lancé un ultimatum, mais les manifestants ont, ici, décidé de défiler dans les rues de la Ravine Blanche. La foule qui aurait presque atteint les 400 personnes s'est elle aussi dispersée aux alentours de 20h.
L'arrêté instaurant le couvre-feu est bien valable
Dans les rangs des manifestants, une rumeur qui commençait à courir a rapidement été démentie par la préfecture. L'arrêté préfectoral instaurant le couvre-feu ce soir à 18h est parfaitement valable. Les "anti couvre-feu" pointent du doigt l'article 1er de l'arrêté publié ce vendredi 5 mars dans lequel, il est indiqué que "les déplacements de personnes et de véhicules sont interdit à compter du 6 mars", soit demain samedi.
Mais la préfecture répond que dans un premier arrêté préfectoral publié la veille, c'est-à-dire le jeudi 4 mars, il est bien mentionné que le couvre-feu démarre ce vendredi soir. C'est d'ailleurs une obligation juridique que de publier un arrêté 24 heures au minimum avant sa mise en application.
Le second arrêté publié aujourd'hui a, lui, été ajouté afin de permettre aux pharmaciens et aux cabinets médicaux de rester ouverts jusqu'à 20h. Ce nouvel arrêté ne sera applicable qu'à compter du samedi 6 mars selon la même obligation juridique citée précédemment. Il abrogera ainsi le premier arrêté.
Embouteillages en fin de journée
Mais de façon générale, le couvre-feu de 18 heures est globalement respecté par les Réunionnais. Dès 17 heures, et même bien avant dans certaines villes, d'importants embouteillages ont été constatés. Employés et entreprises ont pris leurs dispositions pour faire en sorte que tout se passe pour le mieux et que tout le monde puisse rentrer chez soi avant le début du couvre-feu.
Image surréaliste du côté d'une grande surface de Saint-Pierre en cette fin de journée : un parking quasiment vide à l'heure de l'habituel rush de fin de journée. Les rues sont également désertes dans les centres-villes, et notamment dans le chef-lieu.
Regardez le reportage d'Henri-Claude Elma sur Réunion La 1ère :
Jusqu'à demain matin 5h, plus aucun déplacement n'est autorisé sans attestation et motif valables. Les contrevenants s'exposent à une amende de 135 euros.