Spécialisée dans l'observation des cétacés à la Réunion, l'association Globice a réalisé un travail de longue haleine au cours des dix derniers mois. Ces spécialistes des baleines ont présenté cette semaine les résultats de l'étude SCAN'R dont l'objectif était d'identifier les risques d'exposition des baleines et des dauphins au trafic maritime autour des côtes réunionnaises. Des résultats qui tombent donc à point nommé en cet hiver austral qui marque le début de la saison des baleines.
Il s'agissait de réaliser une cartographie afin de mieux cerner les zones à risque pour ces populations d'animaux marins, avec une attention particulière sur le trafic des "petits navires" côtiers, plus difficilement traçables que les porte-conteneurs ou encore les bateaux de croisière.
Une menace importante pour les cétacés
"Ca fait un certain temps déjà que le trafic maritime est considéré comme une menace importante pour les cétacés mais on n'avait pas de données très précises à La Réunion", explique Jean-Marc Gancille, le responsable de la communication chez Globice. On a la vision des trajectoires des grands navires qui circulent au large de La Réunion mais on ne savait pas véritablement ce qui se passait près du littoral, avec la plaisance, l'observation touristique et tous autres les navires de faible taille qui naviguent autour de La Réunion".
"Cette étude nous permet de mettre en avant les interactions qu'il y a entre ces déplacements côtiers et la présence des cétacés que l'on connait bien puisqu'on les étudie maintenant depuis 20 ans dans les bases de données de Globice Réunion", résume Jean-Marc Gancille.
Saint-Paul, Saint-Gilles, La Possession...
Cette étude a ainsi permis de se rendre compte, rapporte l'association Globice, de l'impact du trafic maritime des plus petits navires, comme des plus gros, sur les espèces côtières. "Le risque d’exposition est présent hiver comme été : il n’y a donc pas de période de repos pour les cétacés", conclut-elle.
Mais quelles sont ces zones à risque ? Pour la baleine à bosse, c'est le secteur de la baie de Saint-Paul qui a été identifié comme problématique. Il a aussi été constaté que le trafic maritime n'était pas sans conséquences pour les dauphins à long bec dans le secteur de Saint-Gilles.
La zone à risque potentielle pour les dauphins tachetés et les dauphins dits communs a été localisée le long de toute la côte Ouest. Les grands dauphins de l'Indo-Pacifique sont quant à eux exposés au niveau des baies de Saint-Paul et de la Possession mais aussi au niveau de la sortie du port de Saint-Gilles.
Les recommandations de l'étude SCAN'R
"On sait que les baleines sont très vulnérables lorsqu'elles viennent ici pour se reproduire et mettre bas", rappelle Jean-Marc Gancille. "Plus que les risques de collision, les risques les plus importants pour les cétacés sont ceux qui ont trait aux perturbations sonores. Ces bruits sous-marins sont très problématiques pour eux parce qu'ils se servent énormément de l'acoustique, de leur ouïe, pour se déplacer, chasser et communiquer entre eux".
Alors l'association Globice a fait une liste de recommandations présentées aux partenaires du projet, à savoir la Réserve naturelle marine de La Réunion, l'Université de La Réunion ou encore le Cross, le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage Sud.
Globice propose ainsi de solliciter l'Organisation maritime internationale (OMI) pour la création d'une "zone à éviter" au niveau des eaux territoriales avec une mise en application prévue pour 2024. L'association propose aussi de réduire de l'ordre de 80% le transit des navires de fret dans les eaux réunionnaises.
S'agissant du trafic maritime côtier, Globice propose de renforcer la sensibilisation et pas seulement pendant la saison des baleines. Reste à savoir si ces recommandations seront effectivement suivis d'effets.