Tempête tropicale modérée Dikeledi : l'inquiétude des Mahorais de La Réunion, moins d'un mois après le cyclone Chido

Moinoussoura Malidi Assani, plus connue sous le nom de "Bibi"
Les Mahorais résidant à La Réunion étaient ce dimanche inquiets pour leurs proches, alors que Mayotte a été placé en alerte cyclonique rouge à l'approche de Dikeledi, forte tempête tropicale. Le département se remet à peine du cyclone Chido, qui a dévasté le territoire il y a moins d'un mois.

C'était il n'y a même pas un mois : le cyclone Chido passait à proximité immédiate du nord de Mayotte, avec des conséquences catastrophiques pour le département. Ce dimanche 12 janvier 2025, les Mahorais vivent à nouveau l'alerte rouge cyclonique, à l'approche de Dikeledi, encore hier cyclone mais désormais rétrogradé en tempête tropicale modérée.

Les Mahorais qui résident à La Réunion, après être restés sans nouvelles de leurs proches pendant des jours après le passage de Chido, sont encore traumatisés par cet épisode, et regardent avec appréhension ce nouveau système cyclonique approcher de Mayotte.

Regarder le reportage de Réunion La 1ère : 

Inquiétude dans les familles mahoraises à La Réunion

Beaucoup de pluie

Nassima en fait partie. Depuis samedi soir, et le passage du département en alerte rouge, l'habitante du Chaudron à Saint-Denis voit défiler sur les réseaux sociaux des vidéos des intempéries à Mayotte. Notamment beaucoup de pluies, qui ont provoqué des inondations, rapporte-t-elle. "C'est lourd", soupire-t-elle, peu rassurée ce dimanche matin, après une nuit loin d'être sereine.

Même si elle sait que le phénomène météorologique qui approche risque d'être de moindre ampleur que Chido "ça sera dévastateur également", anticipe Nassima.

Inquiétudes et interrogations

Elle garde contact avec sa famille là-bas, et notamment sa mère, qui réside à Sada, dans l'ouest de Mayotte. "Ça va mais il fait noir, gris dehors, c'est un peu inquiétant", lâche-t-elle. 

"On se demande ce qui va se dégrader encore. Est-ce qu'on sera au plus bas ou est-ce que ce sera raisonnable ?"

Nassima

Nassima tente aussi de rassurer son fils Salman, 7 ans. Le petit garçon a entendu les conversations téléphoniques de ses proches et n'ignore plus qu'une nouvelle menace plane sur Mayotte et sa famille là-bas. "Ils m'ont dit que ça va aller, les maisons ne vont pas se casser comme l'autre fois", avance-t-il à son réveil ce dimanche matin. 

"On nous a informés qu'à Mayotte, c'est rare qu'il y ait des cyclones, mais une fois qu'il y en aura, ils seront dévastateurs et qu'il faudra se préparer. Mais l'être humain a tendance à minimiser les choses. On a tendance à prendre ces informations à la légère, et c'est bien dommage", considère-t-elle aujourd'hui. 

Des contacts réguliers avec les proches

Moinoussoura Malidi Assani, plus connue sous le nom de "Bibi" a 55 ans, est originaire de Bandrélé, à l'est de Grande-Terre, et vit à La Réunion depuis 1999. Mais ses proches résident à Bouéni, dans le sud-ouest.

Ce dimanche matin, elle s'est levée très tôt, dès 4h du matin, pour prendre des nouvelles de la famille à Bouéni. "Il y a du vent, et beaucoup de pluie. Ma tante m'a dit qu'elle n'avait jamais vu autant de pluie", rapporte-t-elle.

"On est désespérés"

La saison cyclonique, qui d'habitude épargne Mayotte, semble cette fois-ci s'acharner. "Là en même pas un mois, il y a un deuxième cyclone, on est vraiment désespérés. (...) Ça m'étonne, mais on accepte. On croit en notre seigneur, c'est lui qui va nous aider parce qu'on a besoin de lui", tente-t-elle de relativiser. 

"Ca m'inquiète parce que j'ai vécu des cyclones ici et les images me restent en mémoire".

Moinoussoura Malidi Assani, dit "Bibi"

Se mettre à l'abri

Heureusement, selon les prévisions, Dikeledi - rétrogradé en tempête tropicale modérée - devrait être moins dévastateur que son prédécesseur. "Bibi" se dit d'autant plus rassurée que "pour Chido, on a pris les choses à la légère, mais là on a bien alerté. On dit aux gens d'aller dans les centres ouverts, même les mosquées sont ouvertes". 

Des informations qu'elle aussi pu avoir auprès de son frère ce dimanche matin, les habitants craignant pour leur habitation se réfugiaient au collège de Kani-Kéli. 

"Ils sont traumatisés. Ils revivent la même chose, ils sont paniqués"

Moinoussoura Malidi Assani, dit "Bibi"

Moinoussoura Malidi Assani, plus connue sous le nom de "Bibi"

"On est confinés depuis hier soir"

Bouraïma Ali, interrogé en direct lors du journal radio de midi sur nos ondes, confirmait lui aussi que cette fois-ci, la population est davantage préparée qu'avant Chido. Lui se trouve à l'extrêmité sud de Mayotte, zone qui se prépare à être impactée par Dikeledi.

"On est confinés depuis hier soir. On habite au niveau de la plage, donc on a barricadé la maison et on est montés en hauteur chez ma soeur. Depuis on est confinés et on attend que ça se passe", raconte-t-il.

"C'est un phénomène qu'on prend très au sérieux, on a vu ce qu'il s'est passé avec Chido, et même si ça devrait être d'intensité moindre, on est quand même très très marqués et encore plus avertis"

Bouraïma Ali, habitant du sud de Mayotte

Au vu des dégâts déjà causés il y a quelques semaines par le cyclone Chido, Bouraïma Ali se dit malgré tout "soucieux" des dégradations à venir, sur un territoire au bâti et à la nature déjà fragilisés.

Les précisions de Yousra Mahadali, de Mayotte La 1ère : 

Plateau Mayotte Dikeledi