Violences urbaines à Saint-André : "l'emploi de la force sur de jeunes individus est toujours compliqué", souligne un syndicat policier

Grégory Joron, secrétaire général du syndicat Unité SGP Police FO
En visite à La Réunion, le secrétaire général du syndicat policier Unité-SGP-FO Grégory Joron estime que le niveau de sécurité "descend" en Outre-mer et réagit aux derniers épisodes de violences urbaines impliquant des mineurs à Saint-André.

De passage à La Réunion, le secrétaire général du syndicat Unité-SGP-FO Police réagit aux questions de sécurité soulevées ces derniers jours dans le département, en particulier celle des violences urbaines impliquant de très jeunes individus à Saint-André la semaine dernière. 


Invité du JT de Réunion la 1ère mercredi 22 janvier, Grégory Joron estime que la police manque de moyens suffisants pour faire face à ces crises. 

Regardez l'intervention de Grégory Joron, secrétaire général d'Unité-SGP-FO Police au JT de Réunion la 1ère :

Grégory Joron, secrétaire général du syndicat Unité SGP Police FO ©Réunion la 1ère

"Il manque vraisemblablement des effectifs"

"Si on écoute nos responsables, ils vont dire qu'il y a déjà trop de policiers à La Réunion. Mais la réalité du terrain et celles de nos collègues, c'est que malheureusement il manque vraisemblablement des effectifs, ou alors ils ne sont pas au bon endroit, et quand il y a une flambée de violences urbaines, on se retrouve en difficulté" affirme le représentant syndical. 


Il voit cependant  d'un bon œil la mesure prise par le maire de Saint-André, Joé Bédier, qui a reconduit dimanche le couvre-feu pour les mineurs de moins de 16 ans dans le quartier Fayard, le plus touché.

 

"Remettre l'autorité parentale au centre du jeu"


"Sur les violences urbaines, il n'y a pas de solution miracle. Il y a deux actions à mener : pour répondre à l'urgence, c'est le couvre-feu qui donne un cadre d'intervention à nos collègues, et ça responsabilise l'autorité parentale chez qui ces jeunes sont hébergés. Et sur le long terme, c'est la prévention : qu'est-ce qu'on fait de ces jeunes dans des quartiers populaires pour faire en sorte qu'ils ne deviennent pas délinquants ?", propose Grégory Joron. 


Il souscrit également à la proposition de Patrice Selly, maire de Saint-Benoît, de sanctionner financièrement les responsables de ces mineurs. "À un moment donné, il faut remettre l'autorité parentale au centre du jeu. On parle de très jeunes populations, de jeunes délinquants. Il y a quelqu'un qui doit s'occuper d'eux jusqu'à leurs 18 ans et on doit pouvoir les confronter à cette réalité", abonde le secrétaire général. 

Les milices, "un désaveu pour la police"

Il est en revanche hostile aux idées de "milices privées" qui émergent çà et là sur les réseaux sociaux. "Je représente des policiers républicains, on est totalement opposés. Ça démontrerait une faillite de l'Etat. Ce serait un désaveu pour la police, qui fait ce qu'elle peut et qui est très engagée" dénonce-t-il, même s'il reconnaît que la police est contrainte dans son action. 


"Les collègues ont été en difficulté, caillassés par petits groupes très mobiles et c'est extrêmement compliqué car ce sont de jeunes populations. Nos autorités craignent forcément le mauvais coup, pour ne pas dire la bavure, et l'emploi de la force sur des jeunes individus est toujours compliqué", souligne Grégory Joron. 

"Besoin de capacités de projection dans les Outre-mer"


Et alors qu'un récent rapport de la Cour des comptes juge "datée et incohérente" la répartition territoriale des forces de police et de gendarmerie au regard de l'évolution de la délinquance, il réclame également des ajustements concernant les Outre-mer. 


"L'insularité et l'éloignement sont des amplificateurs en cas de crise. On a besoin de capacité de projections en Outre-mer. Il faut regarder ce qu'on fait sur nos Outre-mer, pour vraiment avoir un niveau de sécurité qui, je pense, descend", conclut le représentant national d'Unité-SGP-FO Police.