Condamné pour violences envers ses parents et injures racistes contre les gendarmes

Tribunal correctionnel de Saint-Pierre et Miquelon
Au tribunal de Saint-Pierre, un jeune homme a été condamné en comparution immédiate à 12 mois d’emprisonnement assortis d’un sursis probatoire de deux ans. Il a été reconnu coupable de violences sur ses parents, il avait aussi résisté à son interpellation et copieusement insulté les gendarmes, usant notamment d’injures racistes. Les faits remontent au premier mars 2025.

C’est une nuit alcoolisée au Joinville, le prévenu enchaîne les shooters après avoir bu du vin et du gin. Il est visiblement très ivre.

Selon un témoin, " il ne tient plus debout, il agace tout le monde, il se prend pour un justicier". Il se fait même molester. Un comportement qui alerte son père présent lui aussi dans la boîte de nuit. À plus de 3 heures du matin, il décide de se rendre au domicile de la mère de son fils. Ce dernier est rentré en taxi.

Ca m’a fait bizarre d’entendre que j’avais porté des coups à ma mère 

Le prévenu

À l'arrivée au domicile de son ancienne compagne, très vite les coups et les insultes pleuvent.

Quand en pleine nuit la mère réveillée par "de grands cris dans la maison" se lève et tente d’arrêter son fils, elle écope elle aussi d’un coup de poing.

Réfugiée chez les voisins, elle appelle la gendarmerie. Au moment des faits elle a eu "peur que son fils ne la reconnaisse plus étant donné son état de furie". Elle ne "connaissait pas son fils violent".

Pour ces violences et des dégradations matérielles (une porte et un phare de voiture cassés), les parents ne se sont pas portés partie civile, les gendarmes en revanche oui.

Quand les forces de l’ordre arrivent un peu après 4 heures du matin, l’interpellation est compliquée, le jeune homme ne veut pas se laisser menotter. Un des gendarmes doit utiliser son Taser à deux reprises, c’est la première fois en 15 ans de service qu’il l’utilise, la première fois aussi qu’il est victime d’injures racistes déclare-t'il à la barre. "Moi je suis de la race aryenne, lui c’est un sale nègre" s'entend-il dire.

Plusieurs noms d’oiseaux plus tard, la gendarme qui accompagne son adjudant dans l’interpellation en prend aussi pour son grade : "Putain de blonde de Normandie".

 

Après le troisième shooter, je perds la mémoire.

le prévenu

Le jeune homme ne se souvient pas de grand-chose, "le trou noir" mais il ne conteste ni ses propos dont il a une "vague conscience" ni ses actes.

La caméra de service de la gendarmerie a été déclenchée au moment de l’interpellation. 

Le prévenu reconnaît avoir un problème quand il boit, ce soir-là il n’a pas fait attention à sa consommation "comme il le faisait d’habitude".

 "À l’arrivée des gendarmes vous auriez pu pleurer, leur sauter au cou, leur faire des bisous c’est ce que font les gens alcoolisés, ils pleurent, ils chantent, vous vous avez insulté les gendarmes". "La gendarmerie véhicule une forme de force, de violence". Ou : "l’aspect répressif de la gendarmerie en lui-même m'a invité à m’opposer à lui" répond le prévenu au président dans un étrange dialogue.

Pour les injures racistes il dit avoir "cherché la chose la plus provocante qu’il pouvait dire". Il précise qu’il n’a pas d’animosité envers les personnes différentes de lui.

Pourquoi a-t-il utilisé le mot aryen ? "Parce que je suis blanc" "c’est important ?" "C’est moi c’est tout".

Aryen, un terme qui revient plusieurs fois à l'audience. Une de ses connaissances  décrit le prévenu comme un garçon timide à jeun, « Qui a une mentalité très aryenne ».

On ne se contente pas d’une injure à caractère racial on met en opposition: moi je suis aryen, lui c’est un sale nègre, l’alliance des deux est assez stupéfiante.

Yves Couroux procureur de la République

Aujourd’hui, difficile d’imaginer les injures proférées et les coups portés, quand on voit ce jeune homme fluet à la barre. Devant les magistrats, il s’exprime lentement, avec un vocabulaire choisi. Il n’a aucun antécédent judiciaire.

On le décrit comme très catholique ; mais pas du catholicisme de l’église de Saint-Pierre et Miquelon dont "la liturgie ne l’intéresse pas". Il veut rejoindre une communauté chrétienne au Canada.

"Pendant ses études, a dit la mère en audition, il a adhéré à un organisme "cocarde étudiante", il s’est réfugié dans le catholicisme ».  

Cocarde étudiante est une association d’étudiants fondée à la Faculté d'ASSAS en 2015, son positionnement est très à droite.

Le procureur évoque aussi une adhésion à CIVITAS, ce mouvement dissous en 2023 par le gouvernement.

Pour l’avocate de la défense la tâche est difficile, elle rappelle que la mère du prévenu ne l’avait jamais vu comme ça, elle évoque la présence dans son verre d’une autre substance que l’alcool, substance indétectable quelques heures plus tard comme le GHB, une présence qui n’est pas exclue par le témoignage de la gendarme mais qui n’a pu être révélée.

Faute de psychiatre disponible le jeune homme n’a pas non plus été entendu par un spécialiste.  

 

ll s’est rendu compte du mal qu’il avait fait, [...] il a pu échanger avec les gendarmes avec son père, avec sa mère.

Maître Jade Reux avocate de la défense

Le procureur avait requis 8 mois d’emprisonnement dont deux assortis d’un sursis probatoire de deux ans, avec obligation de travail, de soins, l’indemnisation pour les victimes et un mandat de dépôt.

Le jeune homme ne dormira pas en prison ce soir, le tribunal a rendu son jugement :

12 mois entièrement assortis d’un sursis probatoire de deux ans qui comporte de nombreuses obligations et interdictions. Les victimes, les deux gendarmes seront indemnisées à hauteur de 400 euros chacune.

Ce jeune homme a 10 jours pour faire appel.