Les chiffres parlent d’eux-mêmes, 25,8% de la population de l’archipel est âgée de 60 ans et plus, d'après les derniers chiffres de 2023. " Bien vieillir est important. On doit mieux s'organiser ", c'est sur ses propos de Bernard Briand, président de la Collectivité Territoriale, que la présentation du nouveau schéma de l'autonomie territoriale défini pour les cinq années à venir s'est ouvert au Francoforum de Saint-Pierre.
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Face à une cinquantaine de personnes dont des soignants, des aidants et des responsables d'associations, Xavier Baylac, le consultant chargé de la rédaction de ce nouveau document de soixante pages, n'a pas mâché ses mots.
D'ici dix ans sur l'archipel, 19% des personnes seront en perte d'autonomie. Il va y avoir une évolution massive du taux de dépendance.
Xavier Baylac, consultant
Une population vieillissante et des infrastructures manquantes
En 2023 à Saint-Pierre et Miquelon, plus de 60% des personnes âgées dépendantes vivent à leurs domiciles ou dans des logements seniors, comme les foyers communaux de la Mairie de Saint-Pierre. "En France comme dans l'archipel, nous ne construirons pas plus de places dans les établissements institutionnels qu'il n'en existe déjà ", lâche Xavier Baylac devant l'assemblée. Alors face à cette réalité, le maintien à domicile semble inévitable.
Rester vivre dans sa maison ou son appartement même à un âge très avancé semble être un souhait partagé par la majorité des personnes âgées, on parle désormais de "virage domiciliaire".
Le virage domiciliaire
Maintenir les personnes âgées à domicile plutôt que les placer en institution, c'est ça le virage domiciliaire. " Ce n'est pas du tout la fin des institutions bien au contraire, c'est une transformation de ces institutions dont les personnes vont bénéficier, dans un parcours de vie, qu'elles ont choisi. Et on va faire en sorte que ces personnes puissent avoir le choix ", contextualise Jacqueline André Cormier, première vice-présidente à la Collectivité Territoriale en charge de l'autonomie.
Mais pour avoir le choix, faut-il encore que les structures existent. Habitat inclusif, partagé, résidence autonomie... "une palette de prestations sera proposée " poursuit la première vice-présidente. S’il était reproché au premier schéma 2016-2020 d'être trop théorique, sans véritable passage à l'action, la présentation du jeudi 23 janvier a offert deux pistes concrètes pour répondre à ces nouveaux défis.
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La première, l'ouverture en 2026 d'une maison autonome pour neuf personnes âgées à Saint-Pierre dans l'ancien centre Georges Gaspard. Une structure financée et pilotée par la Collectivité Territoriale. La deuxième, la mise en place d’un service d’accompagnement à la vie sociale pour les personnes handicapées. Un appel à projet sera lancé prochainement pour une mise en gestion courant 2025.
Dans ce schéma, un point n'est pas abordé, celui de la main-d’œuvre pour faire face à ces multiplicités de structures et de projets programmés.
Il va y avoir de la formation et il va falloir recruter à un moment.
Jacqueline André CormierPremière vice-présidente à la Collectivité Territoriale
À ce stade, il n'existe qu'une seule association de maintien à domicile dans l’archipel, "Restons Chez nous " créée en 2010.
Lors de cette présentation, un petit groupe d'aidants de personnes souffrants de troubles neurodégénératifs a interpellé la Collectivité Territoriale sur la nécessité de mettre en place plus de moyens humains. Une plateforme de ressources en faveur des aidants devrait voir le jour dans les prochaines années.
Communiquer sur les aides financières : une priorité
Pour accompagner les personnes âgées mais également les personnes en situation de handicap, des aides financières sont disponibles sur l'archipel. Cependant elles restent peu connues du grand public : " Nous avons un vrai travail de communication à faire sur ces aides et également sur la Maison Territoriale de l'autonomie, que les personnes doivent identifier comme porte d'entrée pour accéder aux dispositifs financiers", confie sans détour Sonia Borotra, à la tête de la Maison Territoriale de l'Autonomie.
Parmi les aides existantes de longue date il y a par exemple l'APA instaurée en 2009. Elle est versée aux personnes âgées vivant à domicile et aux personnes âgées vivant en établissement (EHPAD ou USLD). Il existe aussi la PCH (Prestation de Compensation du Handicap).
Depuis novembre dernier, des nouvelles aides ont été créées sur le territoire, dont une aide à l’adaptation des logements, pour favoriser l’adaptation au handicap et au vieillissement et favoriser le maintien à domicile, financée par l'Etat et la Collectiovité Territoriale.
Une aide à la création d’habitat partagé, pour financer les travaux d’aménagement des logements en vue de créer de l’habitat partagé ainsi que le financement d’heures de lien social et de convivialité dans le cadre de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA). Cette dernière finance les heures d'aide à domicile, réalisées par l'association Restons Chez Nous.