Un homme de 54 ans condamné dans une sordide histoire d'usage détourné de médicaments avec de jeunes mineurs

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Un homme de 54 ans a été reconnu coupable de cession de substances vénéneuses, il partageait avec des mineurs notamment, de puissants médicaments aux effets psychotropes .

Le prévenu est assis à côté de son avocat, il s’est senti trop faible pour rester debout à la barre.  

C’est un homme usé, fatigué, avec un lourd passé d’addictions, décrit par le psychiatre comme une personnalité borderline, il parait plus que ses 54 ans.

Il a déjà été condamné pour des faits d’agressions sexuelles mais ce n’est pas ce qu’on lui reproche aujourd’hui.

S'il est devant le tribunal c’est qu’il est accusé de cession de substances vénéneuses, autrement dit, il a partagé ses médicaments, de puissants psychotropes.

Il fait l’objet dans la même journée de deux condamnations : la première à 8 mois de prison ferme après une CRPC (comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité ) une peine proposée par le procureur après défèrement au parquet et homologuée par le juge comme le veut la procédure. Ces faits ont été commis entre juillet 2020 et juillet 2024, le prévenu avait alors distribué  Lexomil, Stilnox  et autre Dafalgan codéiné. 

La deuxième affaire est plus récente, elle remonte à la soirée du 29 au 30 octobre dernier, et concerne des mineurs dont une enfant de 12 ans. L’homme est jugé en comparution immédiate.  

À l’époque il est hébergé par un ami chez qui ont lieu de nombreuses soirées organisées par le fils de la maison.

 

 

Ils boucanaient partout …ils ont pas les mêmes trips que nous auparavant, nous on était plutôt peace and love.

Le prévenu

Ce soir-là  il apporte de l’alcool et du tabac mais surtout il est en possession de Lyrica un anxiolytique, anti-épileptique,  qui est parfois détourné de son usage car il agit comme un puissant euphorisant, on l’appelle à Terre-Neuve, selon le prévenu « la drogue du pauvre".

 

Ca fait l’effet de l’acide des années 80 , on est électrique on rigole

Le prévenu

 

Des témoignages ont été recueillis après cette soirée, selon lesquels le prévenu a partagé ses médicaments avec les jeunes, il  leur a expliqué qu’il en fallait entre 5 et 7 pour que ça fasse un effet, un des participants à la soirée en aurait  même pris jusqu’à 15.  

Une jeune fille est présente ce soir-là ,elle n'a que 12 ans. Elle déclarera avoir "sniffé" du Lyrica sur les indications du prévenu. 

Voilà ce que ce dernier avait déclaré aux gendarmes :  

 

J’ai vu la jeune fille qui écrasait des comprimés ( de Doliprane ) sur la table du salon ça m'a rendu fou, je lui ai parlé de ce que je prenais moi, de l’effet que ça fait

Le prévenu

 

Le prévenu ne reconnaît pas avoir incité la jeune fille à se droguer, il la croyait aussi plus agée ,mais il admet avoir donné des médicaments à un des jeunes et avoir parlé des effets de cette drogue, il évoque aussi un vol de médicaments dans sa chambre.

 

Non seulement on a un fournisseur, mais en plus on donne la posologie, on a un fournisseur un médecin, un pharmacien,vous avez la totale !

Le procureur

Le procureur requiert 36 mois de prison ferme, insistant sur le  danger que représente le prévenu pour les enfants et les personnes vulnérables de son entourage.

L’avocat de la défense insiste, lui, sur la personnalité borderline de son client pour qui une incarcération ne ferait que repousser le problème, il évoque des contradictions dans les auditions des jeunes et exprime ses inquiétudes.

  

On a une jeunesse en pleine dérive. On parle d’acides, de médocs, de cocaïne, c’est hyper inquiétant.

L'avocat de la défense

Le tribunal a condamné le prévenu à 28 mois de prison ferme, il a été placé sous mandat de dépôt et conduit à la prison de Saint-Pierre. Il a 10 jours pour faire appel.