Devant le tribunal se tient un très jeune homme. Il ressemble à tous les jeunes de son âge, jean, baskets, anorak, coupe à la mode, mais il a déjà un lourd passé judiciaire. À 21 ans seulement, il a déjà été condamné quatre fois et fait l’objet d’un sursis probatoire avec obligation de soins.
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Dans la salle d'audience, une mère meurtrie de douleur qui s’est constituée partie civile. Elle porte plainte contre son fils unique. Elle a peur depuis longtemps déjà. Chez elle aujourd’hui elle barricade les entrées et a fait installer une caméra de surveillance pour filmer la rue.
Voilà la réalité, c’est une mère terrorisée par son fils, ce qu’elle veut pour lui c’est qu’il se fasse soigner
Avocat de la partie civile
Dans la nuit du 3 novembre dernier, il entre chez elle et brise tout : miroirs, portes, lave-vaisselle, buffet... À coups de poing, à coups de tête.
Terrorisée, la mère appelle le père de son fils, dont elle est séparée, mais le jeune homme va le frapper également. Il plaque sa mère contre la porte-fenêtre et tente de l’étrangler : "toi aussi je vais te tuer".
Si le père n’était pas intervenu elle pense qu'elle serait morte
Avocat de la partie civile
Ces violences contre sa mère, le jeune homme ne les reconnaît pas, pas plus que celles infligées à son père. Ce dernier, malade, n’est pas présent à l’audience. Dans un courrier, il a nié les violences de son fils sur son ex-femme et sur lui-même. Selon le procureur, le père pourrait être poursuivi pour fausse déclaration.
À la barre, le prévenu qui n’est pas assisté d’un avocat, exerce son droit au silence. Il est fermé, se balance sur la barre, il s’étire, insolent, à la limite de l’outrage à magistrat. Le président du tribunal l'interroge : "Comment vous expliquez cette violence" ? Réponse du prévenu : "no comment". "Comment vous expliquez la trace de sang sur les rideaux" - "no comment". "Vous menaciez de la tuer ? "no comment". "Comment vous expliquez que votre père envoie deux courriers pour vous disculper -"no comment".
Dans son réquisitoire, le procureur va répéter, scander même ce mot : le gâchis.
Je ne comprends pas comment on peut à ce point gâcher sa vie. Je suis convaincu que vous aimeriez changer ça et vous en sortir et pourtant vous continuez à gâcher votre vie.
Le procureur de la République
Le tribunal va suivre les réquisitions du procureur. La peine prononcée après une heure trente de délibéré est de 18 mois d’emprisonnement avec mandat de dépôt. Le jeune homme a également interdiction de s’approcher du domicile ou du lieu de travail de sa mère pendant trois ans.
Le but du jeu n’est pas de vous envoyer toute votre vie en prison, mais de protéger les autres.
Le procureur de la République
La mère ne s'est pas exprimée à l’audience, c’est son avocate visiblement très émue, qui a lu l'une des nombreuses lettres écrites à son fils encore adolescent.
"Je t’aime tellement tu seras toujours mon petit garçon [...] mais aujourd’hui je n’en peux plus, je ne veux plus vivre comme ça la peur au ventre, la période s’annonce noire, très noire même si tu n’en as pas conscience."