L'exploration polaire, un choix assumé pour ces touristes de l'Arctique

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Le Commandant Charcot, navire hybride électrique propulsé au gaz naturel liquéfié, est en escale à Saint-Pierre. À bord, les passagers profitent d'un voyage alliant découverte de paysages extrêmes et respect des écosystèmes fragiles.

Georges est un habitué des croisières. Depuis quelques années, il profite d’escapades avec son épouse pour découvrir de nouveaux horizons. Au programme de leurs vacances, pas de palmiers ni de plages de sable fin mais plutôt de vastes étendues de glace. « Nous, c’est clairement ce que l’on préfère. À bord des navires, nous sommes moins nombreux et ce n’est pas non plus le même public que pour les destinations soleil » explique-t-il.

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Sur leurs vestes orange aux couleurs de la compagnie du Ponant, avec laquelle ils voyagent actuellement, sont cousus des écussons, souvenirs de leurs précédentes destinations. Durant leurs dernières escapades, le couple a déjà pris la direction du pôle Nord, l’ouest du Groenland ou encore du passage du Nord-Ouest à bord du Montréal il y a quelques années. Prochainement, ils quitteront Saint-Pierre et Miquelon, cap sur l’inaccessible Saint-Laurent « ce doit être magnifique à cette période de l’année » ajoutent-ils des étoiles plein les yeux.

Touriste du commandant Charcot en visite à Saint-Pierre et Miquelon

C’est à bord du Commandant Charcot qu’ils ont décidé de vivre cette nouvelle aventure. Décrit par la compagnie comme un « joyau de technologies capable de naviguer dans les milieux les plus extrêmes » le navire d’exploration polaire hybride électrique propulsé au GNL se voudrait être le plus respectueux de l’environnement de la flotte. Georges confirme :

Ce bateau est extraordinaire. À bord ils recyclent tout ! Même l’énergie est récupérée.

Georges

Croisièriste

Bien qu'affichant une image verte et écologique, la compagnie du Ponant a déja été pointée du doigt pour offrir des "croisières de luxe, calme et écocide". Comment sont-elles percues par les passagers, comment s'organisent les escales ? 

La gestion des déchets à bord

Des déchets triés et recyclés avant d’être débarqués lors des différentes escales : « A bord se trouve un incinérateur pour brûler le papier et le carton. Les plastiques sont stockés puis déchargés dans des ports tout comme l’est le verre. Concernant les déchets alimentaires, ils sont broyés. Chaque morceau passe dans un filtre de 25 millimètres avant d’être relâchés dans l'eau » affirme le commandant Patrick Marchesseau.

Le commandant Patrick Marchesseau au salon observatoire du Commandant Charcot

À Saint-Pierre les détritus des bateaux de croisière ne sont plus débarqués depuis la fin d'année 2023. Avant cette date, une entreprise locale ayant aujourd'hui cessé son activité en était chargée. "Quand j'ai repris l'activité, le tri n'était pas aussi développé qu'actuellement sur le territoire. Je récupérais des sacs ou des ballots cerclés et les déposais directement sur le site de la décharge. Avec le temps nous avions commencé à séparer le carton et le fer" se souvient l'ancien chef d'entreprise. Concernant les restes alimentaires, "certains équipages avaient même pour habitude de les congeler avant de les débarquer afin de limiter les odeurs à bord" ajoute-t-il. Des solutions ayant connu des limites avec le développement du tri sélectif réalisé différemment selon l'origine des bateaux.

Le choix du gaz naturel liquide

En plus de trier les déchets à bord, la Compagnie du Ponant a fait le choix pour le Commandant Charcot d'un navire hybride électrique propulsé au gaz naturel liquide. Un carburant permettant de limiter considérablement l'émission de gaz polluants. "Le gaz liquéfié naturel a été choisi pour ces vertus environnementales. À bord on dispose aussi d'un pack de batterie qui prend aussi le relais par moments et ne produit aucune émission " précise le commandant.

Bien qu'elle réduise certains polluants de l'air, cette option présente des limites écologiques majeures, notamment à cause des fuites de méthane (principal composant du carburant), un gaz à effet de serre puissant. De plus, son processus de production, incluant l'extraction, la liquéfaction et le transport, est énergivore et génère des émissions de gaz à effet de serre, limitant ainsi son avantage écologique par rapport au fioul.

Le choix de cette croisière : coté écologique ou aventure exceptionnelle ?

Le choix de voyager à bord du Commandant Charcot n'est pas motivé uniquement par des considérations écologiques, mais par l'envie de vivre des moments privilégiés dans un cadre exceptionnel. Bien que les passagers soient conscients de l'impact environnemental de leur voyage, ils soulignent que ce navire hybride, bien plus avancé technologiquement que d'autres, permet de réduire son empreinte écologique. C'est le cas d'un groupe de quatre amis. Catherine, Ado, Marie-Helene et Daniel voyagent ensemble et partagent leur passion pour les destinations glace. Pour eux "cette aventure extraordinaire" reste respectueuse de l'environnement. "On a choisi le Commandant Charcot qui est quand même bien avancé sur la question en comparaison à d'autres navires... nous ne sommes pas ceux qui polluent le plus" avance Marie Hélène.

Selon les vacanciers, la compagnie met en place des mesures strictes pour limiter cet impact avec un encadrement professionnel qui sensibilise les voyageurs aux enjeux du réchauffement climatique, un phénomène qu'ils peuvent observer directement au cœur des régions polaires. Daniel l'affirme : pouvoir vivre ce genre de moment est une véritable aubaine : "On a bien conscience d'avoir la chance de pouvoir s'offrir des connaissances et des paysages extraordinaires tout en étant très bien encadrés".

Une chance avec un coût non négligable, pour pouvoir prétendre fouler la glace de ces zones reculées les passagers doivent compter entre 22 000 et 75 000 euros pour 12 nuits à bord.

Le commandant confirme qu'à bord du Commandant Charcot la préservation du milieu est une priorité :  "On ne va pas casser la banquise côtière. On peut débarquer dessus mais on ne la casse pas. La banquise dérivante quant à elle s'ouvre et se referme, donc nous n'avons pas d'impact."