La collectivité territoriale exclut de participer au financement de la desserte aérienne de Saint-Pierre et Miquelon

L'avion d'ASL Airlines sur le tarmac de l'aéroport Pointe-Blanche à Saint-Pierre.
Invité du journal télévisé de ce jeudi 11 décembre, le président du Conseil territorial a explicité clairement le refus de la collectivité de participer financièrement à l'extension des vols pour rallier l'Hexagone ou le Canada.

L'occasion d'abord pour Bernard Briand de réagir à la dernière élection sénatoriale du 8 décembre dernier et la victoire de Jean-Marc Ruel, successeur d'Annick Girardin (Cap sur l'Avenir), mais aussi sur la situation nationale instable.

Puis après avoir justifié le projet de budget présenté en débat d'orientation budgetaire lors de la séance du mardi 10 décembre, le président de la CT a expliqué qu'il abonderait en avril prochain le budget d'investissement (pour l'instant annoncé à 14,9 millions d'euros) une fois les comptes 2024 clôturés en fonction des résultats. Il a regretté que l'opposition ne se soit pas exprimée officiellement en séance afin d'alimenter le débat d'orientation budgétaire.

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Avec des précisions sur les principaux projets à financer avec des recettes supplémentaires : la nouvelle clinique vétérinaire, l'aménagement du quai actuel des ferries, l'aménagement du centre Georges-Gaspard en résidence autonomie, les discussions se poursuivant avec les entreprises sur le montant des travaux...Et de financement il en a aussi été question concernant les dessertes aériennes et maritimes.

Desserte aérienne : "une compétence de l'État" pour Bernard Briand

Alors qu'il avait été sollicité aux mêmes titres que la ville de Saint-Pierre par le préfet Bruno André pour contribuer financièrement au rajout de vols supplémentaires entre l'archipel et le Canada, mais aussi l'Hexagone, le président du Conseil territorial a expliqué son refus de participation.

C'est une compétence de l'État et je souhaite que l'État puisse poursuivre sa mission en finançant la desserte aérienne.

Bernard Briand, président du conseil territorial

Et de rappeler que la collectivité participait  "très largement aussi au niveau aérien. On est avec la compagnie Air Saint-Pierre : la desserte interîle c'est un peu plus d'un million d'euros par an."  Ainsi qu'à la desserte maritime avec les trois ferries interîles, mais avec aussi Fortune (Terre-Neuve et Labrador) : "on est aujourd'hui sur des engagements de dépenses de 7 à 8 millions d'euros".

La Mairie de saint-Pierre a de son côté par contre accepté d'étudier une participation financière comme souhaitée par le Préfet, entre 25 et 30 000 euros pour rajouter un vol supplémentaire en vol direct entre l'archipel et Paris.

Mais Bernard Briand dénonce des effets de manche, en pointant du doigt les demandes de la Ville de Saint-Pierre par ailleurs : 650 000 € à l'État pour les surcoûts liés au déneigement de la dernière saison hivernale et récemment près de 200 000 € supplémentaires à la Collectivité pour les dépenses de la crèche "qui ne sont absolument pas de ma compétence, et en plus des 580 000 euros que j'accorde déjà aujourd'hui à la mairie".

On peut faire des effets de manche en politique en disant qu'on rajoute quelques dizaines de milliers d'euros, mais je crois qu'il faut rester dans son champ de compétences. Et aujourd'hui en ce qui concerne le désenclament maritime et aérien, la collectivité en prend une part, une grande responsabilité sans pour autant demander de financement complémetaire à l'État, ni à la commune de Miquelon-Langlade ou de Saint-Pierre.

Bernard Briand, président du Conseil Territorial

Volonté réaffirmée de récupérer la compétence de desserte maritime

Et côté compétence justement, le président du Conseil territorial a rappelé que depuis 5 ans est affichée la volonté de récupérer celle de la desserte maritime en fret. Dénonçant le "blocage de cette demande de transfert d'habilitation législative à Matignon par l'intervention d'une main assez invisible ", il annonce que le Sénat s'est saisi du sujet dans le cadre d'un projet de loi Outre-mer programmé en janvier 2025.

Si le projet de loi est adopté, nous aurons deux ans pour étudier la faisabilité d'obtenir cette compétence sur un périmètre que l'on définira.

Bernard Briand, président du conseil territorial

Reste à savoir avec quel financement.

Enfin sur le transport de petit fret à bord du ferry notamment entre Saint-Pierre et Fortune, une nouvelle convention "est quasiment terminée" entre l'État et la collectivité afin de prendre le relais de celle annulée par le Tribunal administratif. Et pour l'heure, "nous avons convenu avec le préfet de continuer ce service".

L'intégralité de l'interview de Bernard Briand par Delphine Jeanneau lors du journal télévisé du mercredi 11 décembre :

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