Saison cyclonique atlantique : une intensité croissante liée au réchauffement

Alquizar Cuba : des habitants tentent de récupérer leurs affaires après le passage du cyclone Rafael 7 novembre 2024
La saison cyclonique en atlantique en 2024 a été marquée par un accroissement du nombre et surtout de l'intensité des ouragans. C’est l’observation de météorologues américains. Et les conséquences économiques sont de plus en plus lourdes et étendues. Parmi les principales causes de cette situation, le réchauffement.

11 ouragans au lieu de 7 attendus. Des ouragans et tempêtes donc plus nombreux mais surtout plus violents et destructeurs. C'est le bilan de la saison cyclonique 2024 sur l'Atlantique que tirent des météorologues américains.

On cite par exemple Beryl. Survenu début juillet, il serait l’ouragan classé dans la catégorie majeure, le plus précoce, jamais observé sur la zone atlantique.

Pêcheries Bridgetown Barbade après passage cyclone Beryl 2 juillet

Le réchauffement sur la sellette

 

Parmi les principales causes de cette évolution, les spécialistes pointent du doigt le réchauffement. Certes, on ne peut pas établir de lien entre celui-ci et le nombre de phénomènes cycloniques. En revanche, le réchauffement intervient clairement dans leur intensité selon Brian McNoldy, chercheur principal associé à l’université de Miami :

 

Les océans se sont réchauffés et ont absorbé une grande partie de l'excès de chaleur. Nous avons donc cette composante qui fait que non seulement l'intensification rapide est plus probable, mais aussi que les tempêtes sont plus susceptibles d'atteindre une plus grande intensité.

Brian McNoldy, chercheur principal associé à l’université de Miami

 

Une situation qui s’explique aisément : la condition principale de formation d’un phénomène cyclonique sur l’Atlantique est une température de l’eau de surface supérieure à 26 degrés Celsius (on peut atteindre 28-29 durant l’été) jusqu’à une profondeur d’au moins 50 à 60 mètres. La très forte évaporation liée à cette chaleur crée des nuages qui s’agglomèrent et tournent autour d’un "œil".

Durant ces épisodes, lorsque la vitesse des vents dépasse 119km/h on parle de cyclones ou d’ouragans. Ceux-ci sont classés sur une échelle de 1 (à partir de 119km/h) à 5 (plus de 252km/h). En dessous de 119km/h il s’agit d’une tempête tropicale voire d’une dépression tropicale (moins de 63km/h).

Mannasota Key Englewood Floride USA

 

Des conséquences de plus en plus lourdes…

 

Assurément, le réchauffement ne peut qu’amplifier le phénomène. Et donc ses effets physiques. Rick Spinrad, administrateur de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) prévient :

Le problème du vent restera tel quel. Mais les inondations et les précipitations extrêmes auront un impact encore plus important que ce que nous avons vu auparavant.

Déjà les conséquences humaines, environnementales et matérielles s’alourdissent. Le bilan économique connu de cette année se chiffre en milliards d'euros avec bien sûr, entre autres, les destructions, les cessations d'activités. Et en perspective, les hausses de tarifs d'assurance, voire les refus de couverture par les assureurs.

 

Et moins connues, comme sur le prix des œufs

 

S’y ajoutent des conséquences économiques et sociales moins connues. Par exemple, l'augmentation du prix des œufs (en octobre dernier, aux Etats-Unis, leur prix moyen était plus élevé de 63% par rapport à celui d’octobre 2023).

Une hausse souvent due à leur raréfaction à cause de la propagation de la grippe aviaire. Celle-ci peut conduire à l’abattage de dizaines de millions de poules pondeuses. Or la maladie est souvent liée aux interactions entre les oiseaux domestiques et les oiseaux sauvages porteurs du virus.

Le changement climatique est un autre exemple de ce qui cause l'évolution de ce virus. Nous avons des oiseaux sauvages qui ont été déplacés par des ouragans, des feux de forêt, et ces oiseaux circulent maintenant dans des zones où ils ne circuleraient pas autrement, ou à des périodes de l'année où ils ne circuleraient pas non plus autrement. Ce sont autant de nouvelles variables auxquelles nos agriculteurs sont confrontés.

Emily Metz, présidente-directrice générale de l'American Egg Board

Guanimar Cuba pluie après phénomène cyclonique du 7 nov ;

Peut-être une motivation plus forte pour lutter contre le réchauffement ?

 

Reste à voir si le bilan économique et social de la saison cyclonique va continuer à s’aggraver au fil des années. En cas de confirmation (très probable), cela pourrait accélérer la prise de conscience du public et des décideurs de façon bien plus efficace que les seules préoccupations environnementales... La lutte contre le réchauffement s’en trouverait peut-être renforcée…