Sans soutien international à Haïti, les gangs pourraient s'emparer de toute la capitale selon l'ONU

Des pneus brûlant sur la route dans le quartier de Pétion-Ville à Port-au-Prince, en Haïti, le 19 novembre 2024.
Tout nouveau retard du déploiement de la mission internationale de soutien à la police haïtienne pourrait permettre aux gangs de "s'emparer" de la totalité de la capitale, s'est alarmé le secrétaire général de l'ONU dans un rapport publié mercredi 22 janvier.

"Le temps presse" pour Haïti, selon Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU. "Tout retard supplémentaire ou toute lacune opérationnelle dans l'apport d'un soutien international à la police nationale (...) fait courir le risque d'un effondrement catastrophique des institutions nationales de sécurité", a-t-il écrit dans un rapport rendu public ce mercredi 22 janvier.

Les gangs pourraient ainsi s'emparer de l'ensemble de la zone métropolitaine (de Port-au-Prince), ce qui entraînerait l'effondrement complet de l'autorité de l'État.

Antonio Guterres

La mission "n'est toujours pas déployée à pleine capacité. Sa capacité opérationnelle d'appui à la police nationale est donc limitée", a-t-il déploré, appelant à la renforcer "immédiatement", en personnel, en matériel et en financement.

800 policiers sur 2.500

Le Conseil de sécurité de l'ONU avait donné son feu vert en octobre 2023 à une mission internationale d'appui à la sécurité (MMAS) menée par le Kenya pour aider la police dépassée par la violence des gangs.

Mais depuis, seulement quelque 800 policiers ont été déployés, sur les 2.500 espérés, et les violences des gangs qui contrôlent déjà selon l'ONU 85 % de la capitale, ne semblent pas avoir faibli depuis l'arrivée des premiers hommes l'été dernier.

Selon le Haut commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme, au moins 5.601 personnes ont été tuées dans le pays pauvre des Caraïbes l'an dernier, soit 1.000 de plus qu'en 2023.

"Les ratés du processus politiques"

Antonio Guterres déplore d'autre part dans son rapport les "ratés du processus politique", qui ont "contribué à créer un climat ayant rendu possibles ces atrocités".

"Il est possible que le pays ne parvienne pas à prendre les mesures prévues dans l'accord de gouvernance convenu le 11 mars 2024. En d'autres termes, l'objectif de rétablir les institutions démocratiques d'ici à février 2026 est compromis", a-t-il estimé.

Sous pression d'attaques concertées des gangs, l'ancien Premier ministre Ariel Henry avait démissionné en mars 2024, laissant la place à des autorités de transition.