Sortie du film d'animation "Dilili à Paris" : l'histoire d'une petite kanak dans la capitale en 1900

Michel Ocelot donne une soeur à son célèbre Kirikou : une jeune métisse kanak qui s'échappe d'un "zoo humain" dans le Paris de 1900 pour en découvrir toute la richesse architecturale et humaine... Jusqu'à tomber dans les griffes des Mâles-maîtres qui enlèvent femmes et fillettes.
Il a voulu de la couleur dans la population du Paris du début du XXe siècle, quand dans les rues il n'y avait pratiquement que des blancs : le réalisateur Michel Ocelot, créateur de Kirikou et de Azur et Asmar, a donc volontairement choisi pour héroïne de son nouveau film d'animation une petite kanak.

Elle a appris à lire et écrire le français en Nouvelle-Calédonie avec Louise Michel,  l'institutrice envoyée au bagne des antipodes pour son implication dans l'insurrection de la Commune de Paris. Il en a fait une petite métisse, que l'on voit au tout début du film en train de parler en kanak, dans ce qu'on pourrait prendre pour une tribu calédonienne, mais qui s'avère être un de ces "villages indigènes" montés dans les grandes expositions de l'époque et qu'on appelle aujourd'hui "zoos humains".

Elle s'en échappe pour partir à la découverte d'une ville qui attire alors artistes, scientifiques, chercheurs du monde entier : Paris. Le film "Dilili à Paris" sort ce mercredi 10 octobre dans les salles de l'Hexagone. Bande-annonce à découvrir ci-dessous :


Un film encyclopédique

Dilili va rencontrer près d'une centaine de personnalités dont la renommée traversera le XXe siècle jusqu'à nous : de Marie Curie à Picasso, de Proust à Debussy, du Douanier Rousseau au clown Chocolat, en passant par Toulouse Lautrec ou... la cantatrice Emma Calvé (à qui Natalie Dessay prête toute sa voix), oubliée aujourd'hui mais qui fut à la Belle Epoque aussi célèbre que Sarah Bernardt, la tragédienne inventrice du star-system.

Une galerie de portraits dans une traversée de Paris, des catacombes aux hauteurs misérables de Montmartre, en s'arrêtant sur ses plus beaux monuments et jusque dans sa banlieue champêtre immortalisée par les Impressionnistes. L'animation, qui alterne 3D et traditionnelle 2D, se fait parfois directement sur des photos prises aujourd'hui dans la capitale française, juste nettoyée de ses marqueurs contemporains (voitures, poubelles ou graffitis...).

Le résultat est particulièrement élégant et reprend bien les formes et les couleurs en vogue au tournant du XXe siècle.

un film féministe

Mais derrière ce voyage esthétique et culturel dans le temps, il y a un scénario qui prend fait et cause pour les femmes et les petites filles. Dans ce Paris de 1900, elles sont plusieurs dizaines à se faire enlever par une mystérieuse secte des Mâles-maîtres, qui voient d'un mauvais oeil apparaître une certaine émancipation féministe...

Comment les délivrer, comment ne pas tomber dans leurs griffes ? Dilili, aidée d'un jeune garçon sur son triporteur, va mener l'enquête tambour battant. 

 
Dilili entourée de Louise Michel, Sarah Bernhardt et Marie Curie
Michel Ocelot n'élude pas non plus la question du racisme, auquel se heurte la petite Dilili, qui explique elle-même qu'elle est "trop noire à Paris et trop blanche en Nouvelle-Calédonie"...

Un fond de vérité historique, des personnages authentiques, mais une histoire à la Gaston Leroux totalement inventée dans un Paris pas mal ripoliné, avec des personnages qui surjouent : peu importe pour Michel Ocelot, semble-t-il, lui qui aime citer cette phrase de Sarah Bernardt : "le naturel, c'est très bien, mais le sublime, c'est tout de même mieux". 

►Pour en savoir plus, regardez ci-dessous le reportage de France Ô/Outremer la 1ère :
©la1ere