Statue de Colbert taguée à l'Assemblée nationale : le militant guadeloupéen Franco Lollia jugé en appel à Paris

Franco Lollial est jugé en appel ce mercredi à Paris pour avoir tagué la statue de Colbert devant l'Assemblée nationale en juin 2020.
Ce mercredi s'ouvre à la Cour d'Appel de Paris le procès en appel de Franco Lollia. Ce militant d'origine guadeloupéenne avait tagué en juin 2020 la statue de Colbert érigée devant l'Assemblée nationale. Le délibéré sera rendu le 5 mai prochain.

Franco Lollia, porte-parole de la brigade anti-négrophobie avait en juin 2020 tagué la statue de Colbert trônant devant l'Assemblée nationale. Par ce geste, le militant guadeloupéen revendiquait "un acte politique" lors de son procès en première instance en mai 2021. Condamné à 500 euros d'amende et à un remboursement de 1040 euros à l'Assemblée nationale, il avait alors fait appel de cette décision. Un second procès s'ouvre donc ce mercredi à la Cour d'Appel de Paris. 

Des procès politiques

"On nous crache au visage tous les jours avec cette statue devant l’Assemblée nationale, soi-disant maison du peuple" avait affirmé Franco Lollia à la sortie de la première audience. Jugé pour avoir tagué "Négrophobie d’État" sur la statue de Colbert, le militant guadeloupéen avait déclaré lors de sa garde à vue vouloir "provoquer un débat"La peinture rouge utilisée se voulait un symbole du sang versé au nom du code noir, élaboré par le ministre de Louis XIV.  Sa première comparution avait été en 2021 l'occasion justement de ce débat. "La France n’est pas vouée à rester négrophobe. Elle peut guérir, mais pour guérir, il faut qu’elle regarde Colbert en face, il faut qu’elle regarde Napoléon en face", avait-il insisté alors. 

D'autres personnalités sont attendues, pour le procès en appel, cet après-midi au Tribunal de Paris. La militante féministe décoloniale réunionnaise Françoise Vergès et la Martiniquaise Mireille Fanon, fille de Frantz Fanon, sont présentes pour soutenir le militant Franco Lollial. "Ils se foutent de notre gueule, c’est un simulacre de justice, évoque Franco Lollial ce mercredi juste avant l’audience en appel. Ce qu’ils vont délibérer c’est 'est-ce que ma peinture était suffisamment jolie pour rester ou pas assez jolie'. C’est ça qu’ils viennent critiquer et pas le fait qu’on remette en cause un État qui a été coupable de crime contre l’humanité afro. Et qu’il y a toujours les conséquences de ces crimes contre l’humanité."

En première instance, Franco Lollia n'était pas jugé pour la teneur de ses propos, mais pour avoir dégradé un bien public. "On veut faire de ce procès le procès banal d’un tagueur", dénonçait Georges-Emmanuel Germany, l’un des avocats de Franco Lollia. "Il a écrit deux mots. Négrophobie d’Etat. Vous ne voulez pas l’entendre ! Là encore, vous êtes dans la négation." Cet appel sera surement aussi l'occasion pour le militant décolonial de demander le retrait de ladite statue. "On a fait appel parce qu’on ne veut pas donner l’impression d’accepter, a revendiqué Franco Lollial juste avant de pénétrer dans la salle d’audience ce mercredi. L’amende, ils font semblant de la mettre pas trop élevée pour qu’on puisse la payer. Mais ça reste une condamnation. Ça veut dire qu’ils arrivent à inverser la charge et que les criminels deviennent les victimes et nous les coupables." Le délibéré de l'appel sera rendu le 5 mai prochain.