Trois braconniers condamnés à payer 300 000 francs par bête abattue

Tribunal de première instance de Nouméa.
A Nouméa, trois hommes étaient jugés pour des actes de braconnage de bétail commis dans le village de Népoui à Poya. Quatre boeufs avaient été découpés sur place en plein jour.

C'est un délit qui connait une recrudescence inquiétante depuis le début de l'année. Une nouvelle affaire de braconnage de bétail, comme la brousse en voit beaucoup, était devant la justice, ce jeudi. Trois hommes, inconnus des services de justice, ont reconnu avoir abattu en toute illégalité quatre boeufs, le 24 mai dernier, en plein jour, avant de voler 700 kilos de viande. Un préjudice commis dans le village de Népoui, à Poya. Pour cela, les accusés, tous originaires de Pouembout, ont été condamnés à dix mois de prison avec sursis et la somme de 300 000 francs pour chaque bête abattue. Au total, un million deux-cents mille francs devront donc être déboursés au titre des dommages et intérêts. 

"Sur cette affaire, la gendarmerie a travaillé" 

Présent au tribunal pour soutenir la victime, le porte parole du collectif des éleveurs est une nouvelle fois venu témoigner sa solidarité. Dans un contexte de recrudescence des vols de bétail, Jean-Pierre Blanc se dit satisfait du travail de la gendarmerie même si selon lui, les affaires de braconnage notamment sur la commune de Thio restent le plus souvent irrésolues. 

"On considère que, sur cette affaire, la gendarmerie a travaillé. L'éleveur qui est victime aujourd'hui en était arrivé à 25 bêtes par an (tuées ndlr). Il avait arrêté l'élevage, il avait complètement arrêté. Et c'est moi qui l'ait poussé à reprendre doucement. Et voilà que depuis le mois de décembre jusqu'à aujourd'hui, donc en l'espace de cinq mois, il en est arrivé à 6 bêtes (abattues ndlr)" déplore Jean-Pierre Blanc.

Un débat aurait été nécessaire selon l'avocat des victimes 

Placés en garde à vue à Koné, les trois suspects en garde à vue ont rapidement reconnu les faits. Ce jeudi, c'est dans le cadre d'une audience de CRPC, une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité, encore appelé "plaider-coupable", qu'ils étaient jugés. Une procédure de jugement accélérée très contestée par les plaignants car elle ne permet pas d'ouvrir le débat. "Quand on défend des dossiers de vols de bétail dans une audience classique", explique Philippe Gillardin, avocat du syndicat des éleveurs, "les éleveurs, qu'ils soient voisins de ceux qui ont été volés ou qu'ils soient membres du syndicat, viennent également parce qu'ils ont envie de savoir ce qui va se passer, car ils sont eux-mêmes victimes ou craignent de l'être de nouveau, donc on a besoin qu'il y ait de la place pour la parole des éleveurs de manière claire et audible." 


Depuis vingt ans, 561 bovins ont été abattus et ont fait l'objet de plainte. Mais le taux d'élucidation des enquêtes ne dépasse pas 10%.