Le soir du mercredi 8 janvier une jeune femme atteinte de la maladie génétique est décédée sur un brancard dans le service des urgences de l'hôpital de Longjumeau dans l'Essonne en Ile-de-France. Cédric Lussiez, directeur du Groupement hospitalier du Nord Essonne (GHNE), a affirmé à nos confrères de Franceinfo que la patiente s'était présentée "aux urgences mercredi matin, vers 8h30". "Vu son état, il a été décidé de la transférer dans un autre hôpital, où elle est traitée habituellement, et où un lit lui était réservé." a-t-il poursuivi.
Pour Jenny Hippocrate, présidente de l'association pour l'information et la prévention de la drépanocytose, lors d'une crise, un protocole strict doit être respecté. "C'est une urgence parmi les urgences. Il faisait froid, elle est restée sur un brancard dans un couloir avec une fièvre importante. Le protocole, c'est évidemment de prendre en charge, en faisant tous les examens nécessaires. La fièvre peut-être liée à une mauvaise oxygénation. Donc il faut lui donner de l'oxygène et avoir une personne en permanence qui la surveille", estime Jenny Hippocrate. Des conditions de prise en charge qui semblent ne pas avoir été respectées pour la présidente de l'association.
D'autres influenceuses dont Laetitia Defoi, elle aussi atteinte de drépanocytose sont montées au créneau pour dénoncer la négligence répétée des services de santé à l'égard des malades. Pour tenter de lutter contre ces négligences, la jeune martiniquaise a créé l'application Drepacare pour aider les drépanocytaires dans leur vie quotidienne. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, on la voit en colère, expliquant que la prévention doit se poursuivre. "On est en 2025. On meurt comme ça tranquillement sur un brancard aux urgences sans être pris en charge toute une journée alors que t'arrives, tu dis que tu fais une crise de drépanocytose et qu'il y a un protocole national."
Vaincre le "syndrome méditerranéen"
Jenny Hippocrate, relève un autre point dans cette affaire. "Il y a une méconnaissance de la maladie, c'est certain, elle est surtout racialisée comme la maladie des Noirs." Et cela va avec des préjugés comme le "syndrome méditerranéen", préjugé raciste selon lequel certains médecins minimisent la douleur des patients d'origine antillaise, africaine ou maghrébine, pour la présidente de l'APIPD. "J'ai des preuves vidéos qu'on m'envoie. Des malades disent leur douleur et le personnel médical répond 'Vous êtes en train de gêner les autres patients.'"
Une expérience que Laetitia Defoi a également vécue. "Souvent, on arrive aux urgences, on arrive, on a mal et les gens ne nous prennent pas au sérieux, nous disent qu'on fait semblant d'avoir mal, témoigne la Martiniquaise dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux. A combien d'entre nous on a déjà dit 'Non t'as pas l'air d'avoir si mal...'."
Pour l'heure, l'agence régionale de santé et l'hôpital de Longjumeau n'ont pas souhaité commenter l'affaire. Une enquête interne a été ouverte pour "reconstituer la chronologie précise des faits". Une autopsie judiciaire est également en cours.