Une ONG azerbaïdjanaise lance une bourse pour inciter les jeunes ultramarins à faire leurs études en Azerbaïdjan

Des représentants indépendantistes ultramarins autour d'Abbas Abbasov, directeur du Groupe d'initiative de Bakou, lors d'une réunion à Istanbul, en Turquie, le 23 février 2024.
Pendant deux jours, les 17 et 18 juillet, le Groupe d'initiative de Bakou organise un congrès des "colonies françaises", regroupant des représentants indépendantistes de plusieurs territoires d'Outre-mer. Le directeur de l'organisation a annoncé ce mercredi 17 juillet, le lancement d'une bourse d'études pour attirer les étudiants ultramarins.

L'Azerbaïdjan pousse un peu plus loin son immixtion dans les affaires des territoires d'Outre-mer. Depuis plus d'un an, l'État du Caucase, en froid diplomatique avec la France à cause de son soutien à l'Arménie voisine, multiplie les marques de soutien aux mouvements indépendantistes ultramarins, de la Guyane à la Nouvelle-Calédonie, en passant par la Guadeloupe, la Martinique et la Polynésie. Un soutien qui penche parfois jusqu'à l'ingérence, comme l'a révélé la cellule investigation de Radio France dans une enquête publiée début mai.

Du 17 au 18 juillet, le Groupe d'initiative de Bakou, une organisation non gouvernementale soutenue par le pouvoir azéri, organise un congrès de ce qu'il appelle les "colonies françaises", regroupant plusieurs représentants de mouvements indépendantistes ultramarins et corses. 

En ouverture de cette réunion, le directeur de l'ONG, Abbas Abbasov, a vivement critiqué la réponse de l'État français aux émeutes qui ont éclaté en Nouvelle-Calédonie au mois de mai. "Des membres des mouvements indépendantistes ont été arrêtés arbitrairement par les forces d’ordre français", a-t-il fustigé. Il avance même que certains d'entre eux ont été "torturés sous diverses formes", sans apporter plus de précisions, rapporte l'agence de presse d'État azerbaïdjanaise Azertac.

Une ingérence étrangère

Parmi les participants : Mickael Forrest, ministre calédonien en charge des relations extérieures, Jean-Jacob Bicep, ancien eurodéputé guadeloupéen et secrétaire général de l'Union Populaire pour la Libération de la Guadeloupe (UPLG), ou encore Victor Maamaatuaiahutapu, représentant du Tavini, parti indépendantiste de Polynésie française.

Accusé d'ingérence par Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, après le début des violences en Nouvelle-Calédonie en mai, le pays ne cache plus ses tentatives d'immixtion dans les territoires ultramarins et corses. Mercredi 17 juillet, le Groupe d'initiative de Bakou a annoncé le lancement d'une bourse pour inciter les jeunes vivants en Outre-mer à venir étudier en Azerbaïdjan. Cette aide, dont l'origine du financement n'est pas précisée, sera disponible dès cette année, a indiqué Abbas Abbasov.

Ce n'est pas la première fois que Bakou tente de créer des ponts avec les territoires ultramarins. Des députés guyanais et martiniquais, récemment réélus lors des élections législatives, s'étaient rendus dans la capitale azérie en 2023, comme l'avait révélé le magazine Le Point. Une réunion du Groupe d'initiative de Bakou s'est par ailleurs tenue en février 2024 à Istanbul, en Turquie, sur le thème : "Décolonisation : réveil de la Renaissance". L'échange avait été animé par le Martiniquais Francis Carole, du Parti pour la Libération de la Martinique.

En avril, le déplacement en Azerbaïdjan de l'élue du Congrès de Nouvelle-Calédonie Omayra Naisseline (élue UC-FLNKS et Nationalistes) avait soulevé les critiques. Elle avait signé un mémorandum de coopération avec le Parlement azéri. Quelques jours après la femme politique kanak, c'était au tour du Tavini, parti indépendantiste qui dirige la Polynésie française, de signer un accord avec le Groupe d'initiative de Bakou au siège des Nations Unies, à New York.