VIDÉO : Outre-mer, terres d’ingérences ? [Outre-mer et si on bougeait les lignes ?]

Les ingérences étrangères en France passent-elles par les Outre-mer ? Le gouvernement français répond par l’affirmative et pointe du doigt un État en particulier : L’Azerbaïdjan. Cette tension entre les deux pays est alimentée par les critiques répétées de Bakou à l’encontre de la situation dans les Outre-mer français qualifiée de "néo-coloniale". Tentative de déstabilisation ou soutien désintéressé à une cause respectable ? La question s’est invitée à plusieurs reprises ces derniers mois au sein des assemblées de certains de nos territoires.

Dans les Outre-mer, différents évènements qualifiés « d’ingérences » ont dégradé les relations entre Paris et Bakou. Au nombre de ces "ingérences" dans les affaires internes du pays, le gouvernement français cite la présence du drapeau azerbaïdjanais lors de la journée de la citoyenneté en Nouvelle-Calédonie, ou encore la participation de représentants polynésiens, calédoniens et antillais lors d’un congrès à Bakou organisé en juillet par le GIB, Groupe d’initiative de Bakou, une ONG soutenue par le gouvernement azerbaïdjanais.

Opportunisme de Bakou

Marcellin Nadeau, député (Gauche Démocrate et Républicaine) de la Martinique, a lui aussi participé par le passé à une conférence à Bakou. Il assume son voyage, tout en disant ne pas être dupe des rapports de force entre les Etats, mais refuse de voir décrédibiliser la parole des mouvements indépendantistes au motif qu’ils cherchent des caisses de résonnance à l’étranger pour leur cause.

Yéléna Mac-Glandières, géographe et spécialiste du Caucase analyse elle l’implication de l’Azerbaïdjan dans les crises des Outre-mer comme un moyen de rétorsion vis-à-vis de Paris pour punir la France de son soutien à l’Arménie, avec laquelle l’Azerbaïdjan a été en guerre.

Pour le général Jean-Marc Vigilant, ancien directeur de l’Ecole de guerre, "ces pays ne font qu’appuyer là où ça fait mal, mettre du sel sur la plaie". Analyse partagée par la députée (LIOT) de Mayotte Estelle Youssouffa qui insiste aussi sur le fait que ces ingérences trouvent un écho et un terrain favorable en raison de la persistance des problèmes sociaux et économiques dans l’ensemble des Outre-mer.  

L’action de l’Azerbaïdjan relève selon le général Vigilant du registre de la "guerre hybride", où les adversaires de la France utilisent toutes les manœuvres possibles pour la rendre vulnérable. Selon Estelle Youssouffa, Paris n’aurait pas encore pris pleinement conscience de ce qui se joue en matière d’ingérences étrangères sur les territoires ultramarins.

La COP29, une caisse de résonnance pour Bakou

L’organisation de la COP29 ce mois-ci à Bakou en Azerbaïdjan a offert au président Ilham Aliyev, une tribune planétaire pour réitérer ses accusations à l’encontre des autorités françaises pour leur politique à l’égard des collectivités ultramarines qu’il qualifie de "néocoloniale". Une mise en cause qui a entrainé le boycott de la conférence par la ministre française de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher.

Cette crispation entre les deux capitales est par ailleurs de nature à menacer les intérêts économiques français dans ce pays souligne Yéléna Mac-Glandières.

 

Les invités de l’émission :

De gauche à droite : Yéléna Mac-Glandières, Marcellin Nadeau, Siti Daroussi, Estelle Youssouffa, Général Jean-Marc Vigilant, invités à débattre sur le thème "Outre-mer, terres d'ingérences ?"

Marcellin Nadeau, Député de La Martinique – Gauche Démocrate et Républicaine

Estelle Youssouffa, Députée de Mayotte – Libertés indépendants outre-mer et territoires (LIOT)

Général Jean-Marc Vigilant, Ancien directeur de l’Ecole de guerre (2020-2022)

Yéléna Mac-Glandières, Doctorante en géographie à Paris VIII – Chargée de cours Université de Reims (ATER), et spécialiste de la région du Causase.

Une émission présentée par Siti Daroussi
Rédacteur en chef : Didier Givodan
Production : Pôle Outre-mer de France Télévisions
Durée : 52 minutes - © 2024