5 heures du matin ce mercredi 15 mai, une heure avant la levée du couvre-feu instauré depuis 18 heures la veille par le Haut-Commissaire pour tenter de ramener le calme, le constat est clair : c'est une nouvelle nuit noire que vient de vivre Nouméa. En témoignent les nombreuses fumées toxiques qui ont envahi l'atmosphère du centre-ville.
Incendies, pillages et mutinerie
Des incendies ont de nouveau été déclenchés dans certains secteurs. Les auteurs de ces actes de violences ont agi de manière simultanée pour embraser plusieurs commerces alimentaires, des magasins de matériaux de construction, une clinique vétérinaire ainsi qu'une entreprise française d'articles de sport installée depuis dix ans sur le territoire.
Le point sur la situation de cette nuit du 14 au 15 mai avec notre journaliste sur place Aiata Tarahu :
Outre les commerces, ces incendies et pillages ont également ciblé des infrastructures et établissements publics, des écoles et des collèges.
Dans son dernier communiqué (point de situation 3), le haut-commissariat de Nouvelle-Calédonie précise que : "plus de 130 interpellations ont eu lieu et plusieurs dizaines d’émeutiers ont été placées en garde à vue et seront présentés à la justice. Une soixantaine de blessés sont à déplorer parmi les forces de l’ordre, dont l’engagement et le professionnalisme sont à saluer."
Une mutinerie a éclaté à la prison de Nouméa
À la prison de Nouméa, le climat est aussi tendu. Lundi déjà, trois surveillants ont été brièvement pris en otage par des détenus. Les policiers du Raid ont été déployés pour les libérer. Roué de coups et grièvement blessé, l'un des trois agents a été hospitalisé. Une nouvelle tentative de mutinerie a eu lieu dans la nuit du 14 au 15 mai, peu avant minuit. Le communiqué assure qu'elle a été "mise en échec par les forces de sécurité qui ont repris un complet contrôle de la situation."
Retrouvez ci-dessous les derniers reportages sur la situation en Nouvelle-Calédonie :
Le couvre-feu est reconduit
Suite à ces faits de violences, le Haut-commissaire a pris la décision de reconduire les mesures suivantes et de les proroger autant que nécessaire. Sur les communes du Grand Nouméa : couvre-feu de 18h à 6h et interdiction de tout rassemblement. Sur l’ensemble du territoire de la Nouvelle-Calédonie : interdiction de port et de transport d’armes et interdiction de vente d’alcool. L’aéroport de La Tontouta reste fermé aux vols commerciaux. La population est appelée à limiter ses déplacements en journée.
Des exceptions à l’interdiction de circuler durant le couvre-feu seront tolérées pour des motifs impérieux de santé, urgence médicale, assistance à personne vulnérable et cas de force majeure.
Ci-dessous le point de situation n°3 du Haut-commissariat de Nouméa :
Appels au calme
Dans la même nuit du mardi au mercredi 15 mai, le premier ministre est intervenu à deux reprises à l'Assemblée nationale, pour appeler au dialogue et au calme. "C'est le dialogue qui nous permettra d'apaiser les tensions. Notre main est toujours tendue. Il faut une solution politique globale qui puisse satisfaire toutes les parties prenantes. Nous proposons aux dirigeants calédoniens de discuter pour bâtir ensemble l'avenir de la Nouvelle-Calédonie" a déclaré Gabriel Attal.
Même son de cloche du côté des indépendantistes, qui appellent eux aussi au dialogue. Les présidents des groupes UC et UNI au Congrès déplorent les violences qui secouent l'agglomération depuis lundi soir. Ils appellent à "lever le pied" et à poursuivre le dialogue, localement et avec l'État.
L'appel au calme est demandé par toutes les parties, y compris la cellule de coordination des actions de terrain (CCAT). À travers l'un de ses principaux membres, interviewé sur Radio Djiido, la CCAT a réagi à la situation extrêmement préoccupante qui s'est installée en Nouvelle-Calédonie, dans le sillage de son opposition active au dégel du corps électoral. Elle exprime ses regrets, appelle au calme ses manifestants, notamment les plus jeunes, mais ne lève pas la mobilisation.
Tematai Legayic, le député polynésien a également réagi à la situation en précisant que : "Le président Moetai Brotherson s'est exprimé cette nuit en demandant un apaisement et en proposant de faire partie d'un groupe technique qui irait en Nouvelle-Calédonie, pour essayer de trouver les voies et moyens d'un retour au dialogue. Au sein du groupe GDR, nous pensons que la solution d'un groupe de contact pourrait être intéressante pour retrouver ce dialogue entre les parties."
[MAJ] L'assemblée nationale vote pour le dégel électoral
Le député Steve Chailloux a publié la nouvelle il y a peu sur sa page Facebook. Sur les 507 membres, 504 voix ont été exprimées avec 351 votes pour et 157 voix contre. Il est minuit et l'assemblée nationale a donc voté pour le dégel électoral.
Cette nouvelle a de nouveau embrasé la Nouvelle-Calédonie, qui subit une nouvelle vague d'émeutes. Les images ci-dessous ont été prises peu de temps après l'annonce du vote de l'assemblée nationale.