Wallis : l'histoire de Nuku'atea, l'îlot des lépreux

Nuku'atea, l'îlot des lépreux
La journée mondiale des malades de la lèpre a eu lieu le samedi 25 janvier. Une maladie qui est toujours présente dans plus de 120 pays du monde. Elle est totalement éradiquée à Wallis depuis les années 1970 grâce à l'isolement et au confinement des malades à l'îlot Nuku'atea, l'îlot des lépreux dans le sud de Wallis.

Nuku'atea est le plus grand îlot de Wallis. Situé en face de la grande passe "Honikulu" dans le Sud, ce bout de terre est le témoin de grand pan de l'histoire uvéenne. C'est sur son flanc Est que la toute première messe a été célébrée en 1837. Mais son flanc Ouest porte les traces d'une histoire plus douloureuse. Plusieurs dizaines de wallisiens y ont été exilées.

Nuku'atea, l'île aux lépreux

Maleto Liufau est né en 1947. Difficile pour ce père de famille de se souvenir de cette période. La lèpre a toujours eu une mauvaise réputation, en parler n'a jamais été facile sur l'île.

Je n'ai pas grand-chose à raconter sur cette période. Quand j'étais petit, on m'a dit qu'il n'y avait que des gens malades qui vivaient là-bas, exilés puisqu'ils avaient la lèpre. Après je suis parti à l'école à Malaetoli. C'est à mon retour quelques années plus tard que j'ai appris qu'une partie a été rapatriée sur la grande terre. Mais une partie est enterrée là-bas. Le cimetière est même un peu rongé par la mer.

Nuku'atea, un lieu d'exil

Dans le livre de Monseigneur Poncet intitulé "Histoire de l'île Wallis", nous avons découvert qu'une léproserie a été construite sur Nuku'atea en 1939, pour remplacer la première installée à Mata'Utu. C'est le résident David, médecin et représentant de l'État français qui a décidé de faire de Nuku'atea le lieu d'exil.

Je sais qu'un médecin faisait la navette entre ici et l'îlot pour suivre les malades. Les murs de la léproserie sont encore visibles sur l'îlot. Ce lieu d'exil a accueilli tous les malades de l'île, de Hihifo Hahake et Mu'a. Et je connais encore quelques familles qui ont eu des malades exilés là-bas.

L'isolement à Nuku'atea était à la fois une mesure de santé publique, et sans doute une punition sociale reflétant les attitudes de l'époque envers les maladies contagieuses.

Le reportage de Leone Vaitanoa et Olivia Garett.

©Wallis