Dans sa petite cour, Françoise Drake veille sur le pommier familial depuis plus de 70 ans

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À Saint-Pierre et Miquelon, certains jardins abritent des trésors cachés : une végétation luxuriante, et des arbres fruitiers. La petite cour de Françoise Drake en fait partie. Son pommier a été planté lorsqu'elle était adolescente.

Septembre est souvent l’un des plus beaux mois à Saint-Pierre et Miquelon. Le soleil et le climat nous donnent l’impression d’un été qui se prolonge. Septembre est aussi le mois idéal pour la cueillette de pommes. Ce matin-là, Françoise prend son café face à sa terrasse qui offre une vue sur son arbre fruitier bien garni. À 91 ans, elle se souvient des premiers instants de vie de son pommier, planté à l’époque par son père, Désiré Conan. C’était dans les années cinquante.

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Ramené de Charlottetown par le capitaine Lehors, il en fit cadeau au père de Françoise qui le planta au milieu du terrain familial. « Il était haut comme ça, il était tout petit » mime Françoise de ses mains. Ses souvenirs sont intacts. 

"J'ai vu jusqu'à 1500 pommes"

Quand il s'agit de parler de l'arbre de famille dont elle est l'héritière, Françoise n'oublie aucun détail. Ce qui la marque dans cette histoire, c'est que Désiré Conan, son père, n'a jamais pu voir une seule pomme de son vivant.

L'arbre fruitier occupe la place d'honneur dans le jardin

Mon père disait toujours, je ne vais jamais avoir de pommes.

Françoise Drake

Curieux hasard, c'est un an après le décès de son paternel, en 1986, que l'arbre commence à donner ses premiers fruits. Au nombre de deux d'abord, elles étaient plusieurs centaines à peine quelques années plus tard. "J'ai vu jusqu'à 1500 pommes" raconte Françoise. En effet, presque trente ans sans en apercevoir une seule, la Saint-Pierraise n'espérait plus en voir un jour. "Depuis, ça n'arrête pas", ajoute-t-elle. D'ailleurs, en cette période, la cour est jonchée de pommes jaunes pâles. Il s'agit d'une variété similaire à la célèbre Golden : bien sucrée et légèrement acidulée. Alors, Françoise en fait de temps en temps de la compote pour offrir à son entourage. Mais "ces pommes là ne se conservent pas. Dès le lendemain elles sont abîmées." 

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Un pommier utile à la biodiversité

Comme tout arbre fruitier, le pommier attire beaucoup les oiseaux. Françoise raconte qu'ils sont nombreux à lui rendre visite chaque jour. "Ils viennent à la porte-fenêtre et ils s'approchent. C'est rigolo", s'amuse-t-elle. Plusieurs espèces viennent en effet se nourrir des pommes au sol, une ressource alimentaire importante pour eux à cette période de l'année. Et il faut dire que d'autres se nourrissent d'insectes attirés par l'arbre et cela fait de l'animation dans le jardin. Françoise y a même installé un nichoir afin d'observer mais aussi d'apprécier la vie autour de son pommier, cher à son cœur. 

Dans quelques jours, sa famille se réunira chez elle pour ramasser les précieux fruits, comme chaque année. Des pommes, qui profitent même aux voisins et à tout le quartier plus généralement depuis déjà longtemps.