Double avantage. La nouvelle technologie mise en place par Paris Aéroport sur une dizaine de lignes de contrôle de sûreté permet d’envisager la fin de l’interdiction générale de plus de 100ml de liquide dans les bagages cabines. Le groupe ADP n'a pas encore mis à jour ses vidéos de préconisations, mais certains des passagers, notamment à destination de La Réunion, peuvent déjà profiter d'exceptions à la règle.
Les nouveaux scanners permettent de réduire les files d’attente, en n’obligeant plus les passagers à déballer leur matériel informatique (ordinateurs, tablettes, téléphones et consoles) pour les passer à la détection.
18 années d’interdiction des liquides
Depuis 2006, les voyageurs ont pris l’habitude de vider leurs bouteilles d’eau ou d’avaler cul-sec leurs sodas avant de passer les contrôles. Parfois avec mauvaise humeur, vus les tarifs plus élevés pratiqués en zone duty-free.
Une mesure prise à l’époque suite au déjouement de projets terroristes de recomposition d’explosifs. En ajoutant du peroxyde d'hydrogène (plus connu sous le nom d’eau oxygénée) à un demi-litre de boisson gazeuse permet de créer une petite bombe. Or, le peroxyde d’hydrogène (H²O²) fait partie des composés chimiques qui ne peuvent pas passer au travers des mailles du nouveau scanner.
Comment ça marche ?
Les nouveaux outils fournis par la société Smiths Detection permettent de détecter plus facilement tout élément explosif. Ils exploitent la tomodensitométrie, une technologie de pointe jusque-là employée dans le domaine de l’imagerie médicale de pointe.
Cela consiste à mesurer l'absorption de rayons X pour reconstituer une image en 3 dimensions.
Files d’attentes raccourcies
Autre évolution importante : plus besoin de sortir les appareils électroniques des bagages et de leurs housses. C’était laborieux et cela ralentissait le contrôle.
Paris Aéroport estime le gain de temps à 30 secondes pour un passager unique. Mais dans les moments d’affluence, le cumul de ces manipulations a rapidement tendance à faire allonger les files d’attente.
Moins faire la queue, c’est toujours agréable.
Laurent, passager en partance
Entre l’enregistrement, le dépôt des bagages, le contrôle des passeports et l’embarquement, les files d’attente ne manquent pas quand on prend l’avion. Pour Laurent, rencontré à l’aéroport d’Orly, c’est un petit gain de confort. Il a testé. Il apprécie.
"Aux étapes précédentes la queue est toujours aussi longue, dit-il, mais au scanner ça va beaucoup plus vite. Ça évite de sortir tout du sac pour re-ranger après"
Lors de leur départ en vacances, sa fille Angélina était aussi contente de pouvoir faire passer la bouteille pleine de crème solaire qu’elle avait oublié de mettre dans ses bagages en soute. "C’est passé !" se réjouit-elle.
"L’avion ne décollera pas plus tôt, poursuit Laurent, mais au moins on piétine moins et on peut flâner un peu plus tranquilles en duty-free".
Vers la généralisation
Paris Aéroport se réjouit en effet d’une fluidité améliorée avec les dix lignes de contrôles déjà installées, notamment au terminaux 2E de CDG et Orly 3.
Entre 2026 et 2030, l’opérateur aéroportuaire compte équiper l’intégralité de ses quelques 200 lignes de sûreté (celles que connaissent les passagers, mais aussi celles -très discrètes et plus nombreuses - réservées aux professionnels des deux aéroports). L’un des aéroports de Rome est déjà à ce stade de déploiement.
Mais pour l’instant, à Paris, comme les lignes de sûreté ne sont pas affectées à des destinations exclusives, difficile hélas de savoir si en embarquant pour La Réunion vous passerez par ces nouvelles voies express ou si vous tomberez sur les contrôles "traditionnels". Idem pour ceux qui partent vers les Antilles-Guyane ou le Pacifique.
Quant à voir arriver ce type de technologie dans les aéroports d'outre-mer, comme Roland-Garros, ce n’est pour l’instant pas à l’ordre du jour. L’amortissement du matériel nécessite un nombre annuel de passagers beaucoup plus élevé.