Entre sa passion viscérale pour la musique et sa découverte du cinéma, l'itinéraire artistique de la Saint-Pierraise Adèle Lebon

La petite Adélaïde, c’est plutôt devant un piano que ses parents l’ont installée après quelques années d’éveil musical encadré par Claude Aniel. Mais c’était sans compter sur le Père Noël qui lui offre une guitare à piles l’année de ses cinq ans.

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Instantanément, elle arrête le piano pour se consacrer à la guitare, la vraie, à cordes, cette fois. Cinq années de cours lui permettent d’apprendre les rudiments de l'instrument à six cordes.

La musique dans la peau

Bercée depuis son jeune âge par l’éclectisme de sa maman (Mylène Farmer, The Police, Téléphone…) et le hard-rock chéri par son père fan de Led Zeppelin, Adèle va se créer son propre univers accompagnée de quelques compères de musique.

Arnaud Revert, Stessie Detcheverry, Arnaud Goueffon et Antoine Beaumont seront ses premiers partenaires de scène notamment au sein des groupes A² et Hope Circle. Avec ce dernier, ils sortent un album, Premier étage, et reprennent même des titres célèbres comme dans Amalgame, en décembre 2012. Quelques jours avant Noël, ils chantaient La fille du Père Noël de Jacques Dutronc.

C’est à 17 ans qu’Adèle Lebon se produit seule sur scène pour la première fois, à la Chauve-Souris, après insistance de Franck Berric, qui voit en elle un certain talent. L’année 2018 est même synonyme d'exposition sur la scène nationale pour la Saint-Pierraise. En mars, elle se produit au Grand Rex dans le cadre du concert final de Figures de femmes totem des outre-mer. Repérée par Jacob Desvarieux, du groupe antillais Kassav', elle représente de nouveau l’archipel lors du concert l’Outre-Mer fait son Olympia en septembre de la même année.

J’étais très stressée mais j’en garde un bon souvenir, j’ai fait de belles rencontres à Paris.

Adèle Lebon

Parallèlement, elle continue de performer sur la scène locale avec son groupe Spare Part, créé en 2016 avec d’autres musiciens de l'archipel. Avec Jean-Paul Vigneau, Pascal Hutton et Fabrice Jaccachuary, ils réinterprètent des chansons connues mais aussi les compositions du groupe attirent les foules et la bande enchaîne les scènes des festivals de l’archipel : Dunefest, Rock N’Rhum, Route Halifax-Saint-Pierre.

Du rock, mais pas seulement. Avec d’autres compagnons de musique, Adèle propose d’autres projets comme Les Troubadours, qui font la part belle à l’improvisation et la spontanéité. Arnaud Revert, Eric Siosse et Robin Chartier l'accompagnent, et avec ce dernier une amitié naît rapidement.

Le jeune guitariste l’accompagnera, encore une fois, au sein de Lulu 43 groupe punk éphémère, le temps de l’été 2022. " Avec les copains, on s'est dit qu'on avait envie de s'amuser ensemble à faire du punk et c'est comme ça qu'est venue l'idée de reprendre des chansons de l'archipel en mode punk", explique Adèle. Les Saint-Pierrais et Miquelonnais ont ainsi pu danser sur les reprises entraînantes de Zig et Zon, la Belle de l’Etoile et Poudrin d’choquette du côté de la Saline 24 des Yellow Waves ou lors du Dunefest. Un album live, Tourne en rond, est même enregistré à cette occasion.

Une première expérience sur le grand écran

Dans la vie, certaines rencontres sont déterminantes. Pour Adèle Lebon, c'est celle avec le réalisateur Christian Monnier et le producteur Xavier Fréquant sur le tournage de Jenna, un court-métrage sur lequel elle est assistante régie, qui va lui ouvrir les portes du septième art. Elle se voit écrire un rôle sur-mesure par Christian Monnier qu'elle joue dans son archipel natal en octobre 2019.

Le tournage est une belle expérience pour la Saint-Pierraise. Bien encadrée et conseillée par le réalisateur et les acteurs. Elle se souvient du bel état d'esprit qui régnait à la colonie de Langlade :

Nous vivions et travaillions tous ensemble, comme une famille.

Adèle Lebon

Sorti en 2021, Ça tourne à Saint-Pierre-et-Miquelon permet à la toute nouvelle comédienne d'être récompensée du Prix de la meilleure actrice dans un second rôle dans un film en langue étrangère au Festival International du film de Nice. Pour le moment, la Saint-Pierraise n'envisage pas de tourner dans un autre film mais elle ne ferme la porte à aucune opportunité.

Une nouvelle aventure au Canada

En janvier dernier, Adèle et sa compagne Annabelle mettent en suspens leur travail d'animatrice et programmatrice radio et d'infirmière pour voyager et s'installer quelques mois à Montréal. Adèle trouve du travail dans la musique, bien entendu, au sein de la boutique Steve's Music, bien connue des passionnés. "J'étais caissière et je vendais aussi des guitares" raconte la passionnée. Elle y officie pendant quelques mois et découvre le mix dans la cité des mille lumières.

Leur baluchon, les deux jeunes femmes le posent pour la saison hivernale à Val-d'Irène, tout près de la Gaspésie, où elles ont toutes deux trouvé un travail et il se pourrait bien que les touristes canadiens entendent parler d'Adèle Lebon et de ses tables de mixage. Une nouvelle voie, musicale encore une fois. Une nouvelle voie, dans laquelle il ne fait aucun doute que la Saint-Pierraise saura se distinguer.