Il s’en sert tous les jours pour se rendre au travail, faire ses courses ou flâner. Vous l'avez d’ailleurs peut-être croisé en ville à Saint-Pierre ou sur les routes de Miquelon-Langlade, il faut dire que Tristan ne passe pas inaperçu sur son Solex.
Ma vitesse maximale ? De 25 à 30 km/h... avec le vent dans le dos !
Tristan Souchois - Pilote émérite de Solex
Sorti d’usine lorsqu’il était en vogue il y a plus d’un demi-siècle, son cyclomoteur est aujourd’hui devenu une pièce de collection qui intrigue dans l’archipel.
“Quand je roule, cela fait souvent réagir et sourire les gens. Mes collègues de l'école de voile l'ont même surnommé le chopper”, nous explique ce jeune pilote jovial de 28 ans.
Une passion pour la mécanique transmise de génération en génération
Quand il n'est pas dans l'archipel ou en voyage, Tristan partage sa vie entre la baie d'Arcachon où il travaille et l'Auvergne où il a grandi. La mer d'un côté, les montagnes de l'autre. Un grand écart en forme de symbole pour celui qui se dit "autant voileux que motard".
Enfant, il faisait d'ailleurs de la moto en compétition sur piste bien avant que son grand-père ne lui offre son propre Solex à l'âge de 14 ans. "C'était beaucoup plus pratique pour rouler que mes engins qui faisaient du bruit et devenaient pénibles quand il fallait aller acheter du pain ou chercher les copains".
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S'il nous avoue être ensuite vite passé à la mobylette, Tristan garde de cette époque un souvenir ému et une véritable passion pour la mécanique qui le pousse encore aujourd'hui à restaurer des motos "pour passer le temps".
Quant au Solex, celui-ci est déjà le cinquième de sa collection. Alors autant vous dire qu'il le connaît par cœur. Ce qui peut aider quand il s'agit de démonter intégralement son véhicule pièce par pièce.
Un Solex, c’est très simple. Il n'y a qu'un filtre à air, une bougie, un carburateur, une culasse, un réservoir et une pompe à carburant. C'est tout !
Tristan Souchois - Pilote et mécanicien
Un Solex en kit envoyé par colis
Avant de revenir à Saint-Pierre, Tristan pensait d'abord vendre son vélo Solex en métropole. "Mais finalement, j'ai eu du mal à m'en séparer. Et puis je me suis imaginé avec lui dans l'archipel et je me suis dit que ce serait assez fou de rouler avec ici", nous explique ce passionné d'aventure qui, dès l'âge de 16 ans, était parti tout seul voyager au Népal.
Et puis démonter un Solex après tout, ce n'est pas Katmandou ! Il ne lui aura fallu qu'une demi-journée pour le mettre en pièce intégralement et l'emmener à la Poste lui faire prendre la direction de Saint-Pierre et Miquelon. Poids du colis ? 30 kilos. Prix du colis ? 150 €.
Comptez ensuite une journée de travail pour le remonter, avec l’aide de son collègue Georges Capandeguy qui lui a prêté des outils.
Un bon plan côté budget... et liberté
Tristan ne regrette pas une seconde d'avoir pris cette décision quand il regarde son porte-monnaie.
Après quatre mois d'utilisation quotidienne, il n'a consommé que dix litres d'essence pour se déplacer. Pour lui, le Solex est un véhicule "économiquement et écologiquement fiable".
Au niveau écologique, c'est imbattable. Il ne consomme qu'un litre au 100 km et il n’y a ni métaux rares ni batteries dans sa composition. C'est juste du cuivre, des aimants et un cadre en tôle.
Tristan Souchois - Pilote, mécanicien et citoyen
Quant à ses déplacements, hormis une crevaison vers Galantry non loin de la déchetterie, il ne garde que des bons souvenirs. Et particulièrement du côté de la grande île.
"Mon Solex a pris le zodiac de l’école de voile pour aller à Langlade, mais il est aussi monté sur le ferry dans la cuve d'une camionnette", se souvient-il amusé avant d'évoquer une rencontre avec des jeunes pilotes du village de Miquelon croisés sur les routes.
"J'ai envoyé cette photo à mes amis en leur disant que j'avais participé à la Miquelon Race Cup", nous livre-t-il tout sourire.
Mais son plus beau souvenir de route dans l'archipel, ce fut à Langlade parmi les chevaux en liberté.
"Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le Solex n'est pas bruyant, donc ils n'avaient pas peur et ils couraient avec moi", se souvient-il encore rêveur à l'évocation de ce moment où le temps semblait s'être arrêté.