A chaque éruption du piton de la Fournaise, c'est la même rengaine : nombreux sont-ils à se plaindre de ne pas pouvoir accéder à l'enclos. Réunionnais comme touristes de passage souhaitent profiter de ce spectacle unique, et la demande d'une évolution de la réglementation se fait entendre depuis de nombreuses années.
D'autant que l'enclos du piton de la Fournaise était autrefois ouvert au public lors des éruptions, jusqu'il y a encore quelques années : de 1972 à 2010, puis sur autorisation spéciale nominative jusqu'à 2017. Mais depuis six ans, cet espace est totalement interdit par arrêté préfectoral lors des phases de crise éruptive et de sauvegarde.
Un rapport commandé par le préfet
C'est pourquoi le préfet Jérôme Filippini a souhaité enclencher une réflexion autour du tourisme volcanique en début d'année. Un rapport a été piloté par le sous-préfet de Saint-Benoît Mickael Mathaux, et élaboré ces derniers mois après échanges avec les divers partenaires qui sont concernés par le volcan : communes, ONF, gendarmerie, observatoire volcanologique, universitaires, acteurs touristiques...
Il aura fallu également se rendre sur le terrain pour mieux appréhender les différents enjeux, que ce soit dans les tunnels de lave, au Pas de Bellecombe-Jacob, au gîte du volcan ou dans la partie haute de l'enclos...
Enfin, le rapport prend évidemment en compte les analyses scientifiques et la réglementation en vigueur.
15 recommandations identifiées
Différents groupes de travail ont ensuite mené une "phase de confrontation des évolutions possibles" en matière de sécurité, d'aménagement du site ou de tourisme. Découlent de ce travail 15 recommandations, remises au préfet en cette fin d'année.
Rendre les sites plus accessibles en toute sécurité
Plusieurs de ces recommandations s'attaquent à l'accessibilité des sites. Parmi elles, l'autorisation d'accès aux tunnels de lave de 2007, exception faite du puits du Tremblet (recommandation n°2). Quant à l'enclos, des zones accessibles au public pourraient être définies à chaque éruption par un comité d'experts, selon la recommandation n°5.
Valoriser les sites
Aussi, puisqu'il s'agit de permettre et de valoriser le tourisme volcanique, plusieurs recommandations s'attachent quant à elles à améliorer l'accueil du public sur les sites d'observation.
Par exemple en mettant en place des navettes de bus et en limitant les flux de véhicules sur les axes routiers environnants pendant les éruptions (recommandation n°6). Ou en déployant des "dispositifs innovants" pour l'observation des coulées depuis la RN2 (recommandation n°10), en installant un poste de gendarmerie nationale au Pas de Bellecombe-Jacob (recommandation n°12), une offre de services complémentaires - toilettes, petite alimentation ou équipements de sécurité... - au parking Foc-Foc pour qu'il y ait moins de monde vers le Pas de Bellecombe-Jacob (recommandation n°14)...
Davantage d'informations
Enfin, d'autres recommandations sont davantage tournées vers une amélioration des informations communiquées aux visiteurs en matière de météo, de règles de sécurité à respecter, tant près des tunnels de lave qu'au Pas-de-Bellecombe-Jacob.
Rappelons qu'il s'agit, à ce stade, seulement de recommandations. Elles sont présentées ci-dessous.
Les recommandations de la préfecture de La Réunion pour le tourisme volcanique
1/ Instaurer un comité partenarial de réflexion sur les aménagements et dispositifs de gestion prévus pour valoriser le volcan et assurer la sécurité
2/ Autoriser l’accès aux tunnels de 2007, à l’exclusion du puits du Tremblet
3/ Veiller à une mise à jour régulière de la liste de diffusion des alertes émises par la préfecture, s’agissant des AMM/GHM et des professionnels de la spéléologie
4/ Finaliser l’implantation d’un dispositif sonore et lumineux, dans la partie haute de l’enclos, à l’aplomb du sentier de sortie du Pas de Bellecombe-Jacob
5/ Réunir, à chaque éruption, un comité d’experts (OVPF, ONF, BRGM, Météo-France, Atmo, PGHM, PNR, EMZ, ARS) qui serait chargé de proposer, dans la mesure du possible, une ou plusieurs zones accessibles au public
6/ Inciter les collectivités à mettre en place des navettes de bus pour limiter les flux de véhicules, que ce soit sur la partie haute, depuis la route forestière, ou sur la partie basse (RN 2)
7/ Convier la DMSOI au comité d’experts, prévu à la recommandation n° 5, lorsque le niveau de vigilance 2-2 est activé afin de définir un périmètre d’interdiction en mer, le cas échéant
8/ Pour les reconnaissances en phase de sauvegarde, lancer des reconnaissances à pied, lorsque les moyens héliportés sont indisponibles ou ne peuvent pas voler en raison des conditions météorologiques
9/ Communiquer par messagerie, au début de la phase de sauvegarde, aux acteurs du tourisme pour les informer sur la situation de l’éruption et les perspectives de retour au niveau de vigilance
10/ Étudier la mise en place de dispositifs innovants permettant d’accompagner l’observation des coulées depuis la RN2
11/ Solliciter la ligue réunionnaise de spéléologie et de canyoning pour accompagner l’installation de panneaux d’information à l’entrée des tunnels de lave de 2007, en cohérence avec la charte graphique déployée sur la route des Laves, et en collaboration avec le propriétaire du foncier
12/ Étudier la faisabilité d’installer un poste avancé de la gendarmerie nationale au Pas de Bellecombe-Jacob
13/ Délivrer une information claire et synthétique aux visiteurs du volcan, par l’apposition de panneaux au Pas de Bellecombe-Jacob ; grâce à un QR code à l’entrée du sentier ; par l’apposition d’un panneau d’information (météo, règles de sécurité, durée d’atteinte au sommet en véhicule). Les panneaux en phase d’alerte doivent également être revus.
14/ Étudier la proposition, au parking Foc-Foc, d’une offre de services complémentaires (toilettes, petite alimentation, petit équipement de sécurité, prévention, etc.), qui pourrait être également mise en place hors épisode éruptif, dans une logique de diffusion du flux de visiteurs et de décongestion du Pas de Bellecombe-Jacob
15/ Mieux connaître le nombre et les pratiques des visiteurs au Piton de la Fournaise au moyen de quelques questions qui leur seraient posées à l’aide d’un QR code scanné à l’entrée des sentiers