Crise requin : une première mondiale ! Un barrage électrique pour éloigner les squales

Des ingénieurs belges sont dans l’île pour présenter un dispositif de protection électrique contre les requins. En septembre, au plus tard, il sera possible de surfer et de se baigner aux Roches-Noires en toute sécurité.
Nul n’est prophète en son pays ! Cette maxime est une fois de plus applicable à La Réunion. Une équipe de scientifiques belges vient de débarquer dans l’île avec, dans ses bagages, une solution à la crise requin. Ces passionnés de nature et d’océan participent à une plongée en mer Rouge, c’était le 2 juin 2009 à Sharm-El-Sheikh en Egypte, raconte Yves Eeckhout d’Aquatek-Technology : « Une plongeuse d’un bateau situé juste à côté du notre venait de descendre avec son appareil photo. Un pointe blanche du large est passé à l’attaque. Nous n’avons rien vu venir. Elle a été tuée sur le coup. C’est accident est à l’origine de ce projet. Depuis nous avons décidé de trouver des solutions ».
 
Les requins n’aiment pas l’électricité
 
De retour à Namur, Yves et ses amis se penchent sur ces poissons. Dès le départ, ils cherchent à repousser les squales des spots de plongée ou de surf sans les tuer. L’une des solutions se trouve sur le pourtour de la gueule de ces poissons. Les requins sont équipés d’ampoules de Lorenzini. Ces petits points disposés sur le museau de ces animaux sont extrêmement sensibles aux champs électromagnétiques. Ces ampoules permettent à ces grands prédateurs de détecter une proie en difficulté et dont le champ électrique s’affaiblit. Elles leurs permettent de se déplacer et de capter les champs magnétiques de la terre. Par conséquent, requin et raie sont très sensibles à l’électricité, on estime qu’ils peuvent réagir à 5/10 millionième de volt.
 
Des essais dans tous les océans
 
Fort de ce constat les chercheurs Belges s’associent à leurs amis ingénieurs de Wow-Technology pour élaborer un prototype. La bouée et son équipement électrique vont être testés à Guadelupé au Mexique, puis au Bahamas et en Afrique-du-Sud, des lieux ou le shark-feeding est autorisé. Le résultat attendu se produit. A proximité de la bouée mise sous tension, les squales font demi-tour. Quel que soit le type de requin, grand-blanc, mako, pointe-blanche, citron ou tigre la réaction est identique. « Dès la première décharge, le prédateur stoppe sa nage et s’en va », Yves Eeckhout, précise : « il faut poursuivre ces études. Installer le système, c’est bien, mais il faut continuer les observations pour l’améliorer. Nous savons que c’est une réelle solution innovante, qui fait l’unanimité, mais si nous pouvons l’améliorer tant mieux ».
 
Installée aux Roches-Noires
 
L’île de La Réunion devrait être la première au monde à bénéficier de cette barrière électrique pour protéger ses plages : « Nous avons choisi La Réunion, pour une question de culture. Nous avons la même langue et nous n’ignorons pas qu’il y a une réelle urgence. Ici, nous sommes associés à Seanergy, entreprise qui installe déjà les filets aux Roches-Noires et à Boucan-Canot. Dominique Thirel, le patron de cette société, s’est engagé à nos côtés. Il dispose de l’ingénierie pour implanter les bouées et qu’elles résistent à la houle. L’idéal, c’est que cette barrière soit installée avant la formation de la vague. Le premier dispositif devrait être implanté au plus tard au mois de septembre aux Roches-Noires. »
 
Le monde regarde La Réunion
 
Aquatek-Technology devrait implanter un bureau dans l’île en même temps que ses premières bouées électriques. Si l’expérience réunionnaise est positive, le marché deviendra alors planétaire. Les Seychelles, l’Afrique-du-Sud ou l’île Maurice sont déjà intéressées et que dire de l’Australie, des Etats-Unis ou encore de Sharm-El-Sheikh, là où tout a commencé pour les inventeurs de cette solution qui pourrait mettre un point final à la crise requin. Le projet a été présenté à tous les responsables et membres des associations qui planchent sur le sujet depuis 4 ans. Tous sont enthousiastes ! La mairie de Saint-Paul aurait aimé bénéficier des premières bouées dès maintenant, mais il va falloir attendre encore quelques semaines. Le spot des Roches-Noires pourrait être sécurisé au plus tard en septembre.  

Une première démonstration des bouées a été effectuée, jeudi matin, devant la plage des Roches-Noires à Saint-Gilles-les-Bains. Laurent Pirotte a assisté à cet essai. 
Reportage : Laurent Pirotte - Montage : Valérie Rubis 

L.PIROTTE