Pourquoi les scientifiques estiment que nous nous rapprochons de l'Apocalypse

Un essai nucléaire tiré à Moruroa en 1971
L'horloge de l'apocalypse, qui symbolise l'imminence d'un cataclysme planétaire, a été avancée de deux minutes, à minuit moins trois, jeudi 22 janvier. 
Le Bulletin des scientifiques atomiques, une association qui compte dans ses rangs 18 prix Nobel, juge ainsi "très élevée la probabilité de catastrophe planétaire à moins que des mesures ne soient prises rapidement".

La dernière fois que l'aiguille avait été déplacée remonte au 10 janvier 2012, quand elle avait été avancée d'une minute. Elle n'a jamais été aussi près de minuit depuis 1984, quand elle avait également été réglée à 23h57 au moment le plus tendu des relations américano-soviétiques.Voilà ce qui inquiètent les scientifiques : 

La menace du réchauffement climatique
"Les dirigeants mondiaux n'ont pas agi avec la promptitude et l'ampleur requises pour protéger les citoyens de catastrophes potentielles", a détaillé Kennette Benedict en annonçant cette décision lors d'une présentation à Washington. Ainsi, sur le front du climat,  l'absence d'action ces dernières années face à la forte opposition politique a empiré la situation, a déploré Sivan Kartha, un membre du bureau scientifique du Bulletin of the Atomic Scientists. "Les gaz à effet de serre dans le monde se sont accrus de 50% depuis 1990 et ces émissions ont augmenté plus rapidement depuis 2000 que durant les trois décennies précédentes combinées", précise-t-il.

Pour Richard Somerville, professeur et chercheur retraité du Scripps Institution of Oceanography à l'Université de Californie, "sans des réductions beaucoup plus importantes de ces gaz, le monde émettra suffisamment de dioxyde de carbone (CO2) d'ici la fin de ce siècle pour bouleverser profondément le climat terrestre."Et de prédire : "Ce changement climatique affectera des millions de personnes et menacera un grand nombre d'écosystèmes dont dépend la civilisation humaine."

La menace nucléaire  
Quant aux tensions nucléaires, l'optimisme prudent qui prévalait avec la fin de la Guerre Froide s'est évaporé, juge Sharon Squassoni, directeur du programme de prévention de la prolifération des armes nucléaires au Center for Strategic and International Studies, un institut de recherche de Washington. Bien que les Etats-Unis et la Russie ne détiennent plus les dizaines de milliers d'armes nucléaires qu'ils avaient durant la Guerre Froide, le rythme de réduction de ces arsenaux s'est fortement ralenti ces dernières années. De 2009 à 2013, l'administration du président Barack Obama n'a éliminé que 309 têtes nucléaires, relève-t-elle.

Un conflit nucléaire même limité provoquerait un grand nombre de morts et aurait des effets très néfastes sur l'environnement, selon la spécialiste.
Enfin, ces scientifiques pressent également les responsables politiques de trouver dès maintenant une solution durable au problème du stockage des déchets nucléaires des centrales.