C'était le 20 février 1983 : pour la première fois, les Réunionnais étaient appelés aux urnes pour élire leurs conseillers régionaux au suffrage universel direct. Car suite aux lois de décentralisation de 1982, les régions deviennent des collectivités de plein droit, et La Réunion, comme la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane, vont enfin pouvoir se doter d'un conseil régional. En France hexagonale, il faudra attendre 1986.
Regardez le reportage de Réunion 1ère revenant sur 40 ans d'action de la collectivité régionale :
Mario Hoarau, le premier président de conseil régional (1983-1986)
Suite à ce premier scrutin, le 28 février 1983 dans l'hémicycle la toute jeune région voit arriver à sa tête le maire communiste de Saint-Leu, Mario Hoarau, 69 ans. Une première présidence qu'il doit au privilège de l'âge, puisque son adversaire Mario Gérard totalise le même nombre de voix que lui ce jour-là. Le tout premier président de Région Réunion réagira ainsi : "C'est enfin le commencement du changement à La Réunion".
On lui doit entre autres l’adoption d’un programme régional pour la maîtrise de l’énergie et la réalisation des premiers forages géothermiques, le projet du musée Stella Matutina.
Pierre Lagourgue, le bâtisseur (1986-1992)
En 1986, c'est l'arrivée à la présidence du centriste Pierre Lagourgue, surnommé "le bâtisseur". Et pour cause, les travaux du premier Schéma d'aménagement régional (SAR), la 2x2 voies de Saint-Benoît à Saint-Pierre, la compagnie régionale Air Austral, la piste longue de Gillot, le conservatoire national de Région, la Maison du Volcan, mais aussi la pyramide inversée au Moufia, entre autres, seront réalisés sous sa mandature. Il fut également président du conseil général de 1967 à 1982.
Camille Sudre, pour une courte mandature (1992-1993)
En 1991, La Réunion assiste aux émeutes du Chaudron, qui débutent avec la saisie des émetteurs de Télé Freedom. Le patron de Freedom, Camille Sudre, qui s'est lancé en politique quelques années plus tôt, se présente aux élections régionales... et remporte la présidence le 27 mars 1992. "Je mesure maintenant l'incroyable défi que nous nous sommes lancés", lancera-t-il à son élection. Il choisira de créer un "triumvirat" pour exercer sa présidence avec Paul Vergès et Pierre Lagourgue.
Mais il ne restera que peu longtemps dans le fauteuil de président de conseil régional : un an plus tard, l'élection est annulée, pour dépassement des comptes de campagne, et Camille Sudre est inéligible pendant un an.
Margie Sudre, première femme présidente de Région Réunion, de 1993 à 1998
C'est son épouse Margie Sudre qui mène la liste Freedom lors des nouvelles élections en 1993, et devient le 25 juin 1993 la première femme présidente de Région Réunion. "Les femmes ont un langage nettement plus direct que les hommes, lorsqu'on se retrouve en politique le langage n'est vraiment pas simple du tout, j'avoue que je préfère avoir des interlocutrices femmes".
Durant sa mandature, elle mettra en place le dispositif emplois verts, impulsera la mobilité entre La Réunion et Québec... Mais pendant ce mandat, elle exerce aussi les fonctions de secrétaire d'Etat chargée de la francophonie dans le gouvernement Juppé.
Paul Vergès, de 1998 à 2010
Après elle arrive Paul Vergès, en 1998. Le fondateur du parti communiste réunionnais connaît déjà bien la collectivité, puisque depuis sa création en 1983, il est conseiller régional sans discontinuer. Il accède en 1998 au fauteuil de président de Région grâce aux voix de Freedom, l'emportant par 4 voix d'avance contre Jean-Paul Virapoullé.
Deux mandats, de 1998 à 2004 et de 2004 à 2010, lui laisseront le temps de construire lycées et centres de formation professionnelle, de définir le plan régional des énergies renouvelables et d'utilisation rationnelle de l'énergie (PRERURE), de concrétiser la route des Tamarins, ou encore de promouvoir l'identité culturelle réunionnaise. Développement durable et déplacements feront partie des grands axes d'action : à l'ouverture de son deuxième mandat, il est question de la Nouvelle route du littoral et du prolongement de la route des Tamarins tout autour de l'île.
Puis Didier Robert, de 2010 à 2021
Mais en 2010, Paul Vergès se présente pour un troisième mandat et fait de l'élection un référendum pour ses deux grands projets en cours : le Tram Train et la Maison des civilisations. Résultat : c'est Didier Robert, jeune homme politique de droite précédemment maire du Tampon, qui l'emporte. "C'est un projet réducteur, nourri d'une volonté évidente de réviser l'histoire, un projet qui enferme entre quatre murs ce que nous avons de plus précieux", dira-t-il au sujet de la Maison des civilisations, projet qui sera abandonné.
Réélu pour un deuxième mandat en 2015, Didier Robert compte parmi ses réalisations le dispositif de continuité territoriale, la Nouvelle Route du Littoral, le Plan ordinateur portable (POP), les Cases à Lire, le plan de relance en faveur des communes ou encore la promotion du tourisme et des îles Vanille...
Huguette Bello, de conseillère régionale en 1983 à présidente de Région en 2021
Didier Robert échoue à accéder à un troisième mandat, et c'est Huguette Bello qui le 2 juillet 2021 accède à la présidence du conseil régional.
"Je formule le voeu que le sens de l'intérêt général guide chacun de nous, et que le respect de la diversité de nos opinions contribue à l'accomplissement de la mission que les citoyens nous ont confié", dit la femme politique issue du PCR et qui crée en 2012 son propre parti le PLR.
Pour l'ancienne maire de Saint-Paul, la boucle est bouclée : 38 ans avant de devenir présidente de la Région Réunion, elle faisait partie, à l'installation du premier conseil régional, des premiers élus régionaux. Et fut notamment une des deux seules femmes élues, avec Rose-May Macarty, sur les 45 conseillers régionaux... Que de progrès depuis !