Le tri des déchets, voilà un réflexe qui fait son chemin dans le quotidien des Réunionnais. En dehors de ceux qui sont triés dans le bac jaune, d'autres types de déchets sont ramenés dans leur lieu d'achat : les piles dans les supermarchés et autres magasins en proposant, ou encore les médicaments en pharmacies...
Pour rappel, les fabricants et distributeurs ont pour devoir de mettre en place des filières de tri de leurs produits usagés, dans le cadre de ce qu'on appelle la "Responsabilité élargie des producteurs", ou REP.
Le tri commence à la déchetterie
Le tri des déchets commence dès la déchetterie, comme ici à la Marine au Port. A chaque type d'objet usagé son coin désigné : d'un côté les gros appareils électroménagers, d'un autre les petits, plus loin les déchets spéciaux comme les batteries ou les piles, les néons; ailleurs les encombrants et les déchets verts...
Regarder le reportage de Réunion La 1ère :
"Cette déchetterie du Territoire de l'Ouest fait office de plateforme de regroupement pour les déchets avant d'être recyclés dans différentes filières", résume Joël Theophin, directeur d'exploitation de Cycléa. Pneus, métaux, électroménager... tout repartira vers différentes filières de recyclage spécialisées.
Accompagner les usagers du territoire pour que chaque type de déchets trouve sa place, c'est le rôle des agents techniques comme Fabrice Sourama. "On accueille les gens, on regarde ce qu'ils ont emmené, et on leur indique d'après le type de déchets qu'ils ont, où les mettre", indique l'agent de la déchetterie du Port.
Des appareils mis en pièces et exportés pour être recyclés
La trentaine d'appareils de gros électroménager reçue ici chaque semaine, par exemple, sera récupérée par l'entreprise RVE (Réunion Valorisation Environnement) à Saint-André, chargée de les mettre en pièces, et de séparer ferrailles, plastiques, ou encore les gaz contenus dans certains, comme les réfrigérateurs.
Autant d'éléments qui seront conditionnés en containers pour être expédiés en métropole afin d'y être retransformé en matières premières secondaires, explique Joël Theophin de Cyclea.
Un tonnage en augmentation
A La Réunion, le bilan de ces filières "REP" a été présenté cette semaine par le Syndicat de l'importation et du commerce de La Réunion (SICR) et l'Agence de l'environnement et de la maîtrise d'énergie (ADEME). Bonne nouvelle : en 2023, le volume de déchets REP collecté par les différentes filières a augmenté, pour atteindre les 59 966 tonnes, soit une augmentation de 7% par rapport à 2022. Au total, 26 filières différentes de recyclage existent sur l'île.
"Ça veut dire qu'on collecte plus de déchets, qu'il y a une meilleure traçabilité, et un meilleur fléchage de l'argent des éco-contributions qui permettent d'éviter d'être saturé de déchets sur un territoire insulaire", se félicite Philippe Alexandre Rebboah, le président du SICR.
"C'est important d'avoir des chiffres pour pouvoir se situer. Ce qui est positif c'est qu'on est en progression, on collecte et on valorise de plus en plus de déchets dans le champ des filières REP", se satisfait lui aussi Frédéric Guillot, le directeur régional de l'ADEME.
Vers la création de nouvelles filières
L'ADEME, pour le compte de l'Etat, a un rôle incitatif et vient faciliter la tâche aux opérateurs, à qui il appartient de respecter la loi en récupérant les déchets de leur filière. "Par exemple, sur la création d'une nouvelle filière REP sur les déchets de jouets, on peut aider un opérateur à créer une installation, que ce soit une ressourcerie, une recyclerie, pour collecter les jouets, en réparer certains et valoriser ceux qui ne sont pas réutilisables. On va être là pour la partie investissement", explique le directeur de l'ADEME. La création d'une telle filière est justement en projet.
Donner une seconde vie au "déchet"
Effectivement, il ne s'agit pas seulement de trier les déchets et de les collecter. Encore faut-il les valoriser ensuite. "L'enjeu de demain, ça va être le réemploi au lieu de jeter", souligne Philippe Alexandre Rebboah du SICR.
Les smartphones aux écrans endommagés par exemple, peuvent avoir une seconde vie, et bénéficient même de fonds de réparation et de réemploi, pilotés par l'ADEME.
En outre, il faut changer l'image du déchet, signifie le directeur du Syndicat de l'importation et du commerce : "Il faut considérer le déchet non pas comme quelque chose de polluant, mais potentiellement comme une matière première secondaire, pour créer de l'emploi et garder de la richesse à La Réunion".