A La Réunion, les syndicats enseignants vent debout contre la réforme de l'enseignement professionnel

Les syndicats enseignants se mobilisent devant le rectorat ce lundi 12 décembre pour manifester leur opposition à la nouvelle réforme du lycée professionnel
Portée par la ministre Carole Grandjean, le projet de réforme de l'enseignement professionnel ne fait pas l'unanimité d'où l'appel à la grève nationale lancé par les syndicat enseignants ce mardi 12 décembre. A La Réunion, les opposants à la réforme se sont donnés rendez-vous devant le rectorat.

Ce mardi 12 décembre, plusieurs syndicats enseignants sont rassemblés devant les locaux du rectorat de La Réunion, à Saint-Denis, pour protester contre la nouvelle réforme du lycée professionnel, suivant ainsi l'appel à la grève lancé par plusieurs organisations au niveau national.

Cette réforme portée par Carole Grandjean, la ministre déléguée de l'enseignement et de la formation professionnelle, doit être examinée jeudi 14 décembre par le Conseil supérieur de l’Education, d'où cette nouvelle mobilisation des syndicats.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère : 

Les syndicats enseignants manifestent contre la réforme des lycées professionnels

Vers un "démantèlement du lycée professionnel" ?

Cinq organisations sont représentées ce lundi matin : la FSU, la CGTR Education, le SNALC, le syndicat SUD et Force Ouvrière. Leurs représentants ont demandé à être reçus par le recteur Pierre-François Mourier.

"Nous nous opposons à ce projet que le Gouvernement veut mettre en place, martèle James Païniaye. Pour le secrétaire du syndicat FO Réunion, cette réforme conduirait au "démantèlement du lycée professionnel".

Les syndicats enseignants se mobilisent devant le rectorat ce lundi 12 décembre pour manifester leur opposition à la nouvelle réforme du lycée professionnel

Près de 200 heures de cours en moins

Le principal changement pointé du doigt : la suppression des heures d'enseignement au profit d'heures de stage. "Aujourd'hui, on veut faire partir nos élèves du lycée professionnel et les envoyer en apprentissage dans les entreprises au service du patronat", lâche encore James Païniaye.

"Les élèves n'auront pas toute la formation pour se préparer à travailler dans les entreprises", défend le syndicaliste. "On perd près de 200 heures d'enseignement par cycle de formation !"

Les syndicats enseignants se mobilisent devant le rectorat ce lundi 12 décembre pour manifester leur opposition à la nouvelle réforme du lycée professionnel

La crainte de voir disparaître les cursus plus longs

"Avec cette réforme, on veut supprimer au moins deux heures de cours par semaine en 2nde et en 1ère Bac Pro et le point noir, c'est la classe de Terminale", souligne Guillaume Lefèvre, le président du Snalc Réunion.

Les terminales en lycée professionnel auront le choix entre six semaines au lycée aux mois de juin et de juillet ou six semaines en entreprise payées 600 euros. "C'est une hypocrisie totale puisque la majorité de ces élèves préfèreront ces stages pour avoir un peu d'argent et ne feront pas forcément de BTS alors que les BTS sont en manque d'effectif", déplore Guillaume Lefèvre.

Des jeunes "condamnés à une carrière entière de précarité"

Pour le représentant syndical, le risque de dérives est grand. "L'objectif n'est plus de former des citoyens à avoir un certain esprit critique. Aujourd'hui, on leur demande simplement d'avoir un demi savoir-faire qui ne sera même pas maîtrisé de manière à avoir une main d'oeuvre bon marché qui ne puisse plus réfléchir", argumente-t-il.

Secrétaire départementale de la FUS, Marie-Hélène Dor demande également à ce que le gouvernement renonce à ce projet. "Quand on concentre les temps de formation sur la formation en entreprise, on le fait au détriment d'autres choses, de ce qu'on appelle nous la culture commune, celle qui permet de s'élever et d'aller plus loin dans les études", défend-elle.

"Si tout ça est jeté au panier, ces élèves-là n'auront pas tous les outils qu'il faut poursuivre leurs études et ils seront donc condamnés à une carrière entière de précarité".