Assises régionales des violences sexuelles : "libérer la parole", mais surtout entendre les victimes

6,7 millions de Français se déclarent victimes d’inceste. Un sondage Ipsos réalisé pour l’association "Face à l’inceste" relève que près de 10% de la population aurait subi, ou subirait encore, ces agressions très graves. Dans 8 cas sur 10, les victimes sont des femmes.

A La Réunion, une plainte est déposée tous les deux jours pour des agressions sexuelles sur des enfants. Les associations se mobilisent pour que les langues se délient, mais surtout pour que la société entende les victimes.  

L’association "Colosse Aux Pieds d’Argile" organise ce samedi 2 avril des Assises sur les violences sexuelles. Le but est de fédérer les structures de la protection de l’enfance au niveau de la prévention et de la prise en charge des victimes, explique Christophe Coindevel, représentant de l’association sur l’île.  

       

"Entendre" plus encore que "libérer la parole" 

Pour Frédéric Rousset, le président du CEVIF, le Collectif pour l’Elimination des Violences IntraFamiliales, il ne s’agit pas tant de " libérer la parole parce que les victimes parlent ",  mais surtout de les entendre. Il évoque la " conspiration des oreilles bouchées ".   

On détourne les yeux, on se ferme les oreilles. A l’école, dans le sport, dans les différents lieux de culte, il faut se soucier vraiment d’accueillir sans jugement.

Frédéric Rousset, le président du CEVIF

   

Accompagner les victimes

Jeudi 31 mars, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants a rendu ses conclusions, elle recommande notamment une amélioration du traitement judiciaire des victimes. Un parcours difficile, du dépôt de plainte à l’enquête, souligne Sandrine Antonelli, avocate et référente du Collectif Elianna et de la page Facebook "Metoo inceste 974".     

Elle était l’invitée du journal de Réunion la 1ère à 19h hier, vendredi 1er avril.  

Inceste : des avancées dans les préconisations de la CIVIISE

Faire évoluer les lois  

Pour Frédéric Rousset, la loi " est toujours en retard par rapport à la réalité de ce que vivent les victimes ". Plus que les juges et les institutions, le législateur, dont les députés et les sénateurs, doit être aussi sollicité pour que les lois soient révisées, estime-t-il.  

Le président du CEVIF aurait ainsi aimé voir les parlementaires de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants se déplacer sur le territoire plutôt que de recueillir à distance des témoignages.

En 6 mois, 5 000 personnes ont répondu au questionnaire. La CIIVISE a été créée il y a un an, à la demande du chef de l'Etat. Elle estime que chaque année, 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles en France.