Selon une étude de l’INSEE publiée, jeudi 22 avril, en 2020, la crise sanitaire a moins touché l’économie de La Réunion que celle de l'Hexagone. Mais la population réunionnaise est plus vulnérable et plus sensible aux pertes éventuelles de revenus en raison de la pauvreté et du chômage.
Selon une étude de l’INSEE publiée, ce jeudi 22 avril, à La Réunion plus qu'ailleurs, "plus de travailleurs pauvres ou modestes ont été exposés à une perte de revenus" en raison de la crise sanitaire.
En 2020, la crise a entraîné une forte baisse de l’activité économique en France. Au cœur du confinement, en avril, elle est cependant moins marquée à La Réunion : - 28 %, contre - 33 % en France. Dans l’île, le pouvoir d’achat des ménages baisse moins grâce aux dispositifs publics mis en place (activité partielle, fonds de solidarité, prêts garantis par l’État, garantie jeunes, etc.). L’impact social de la crise serait donc en moyenne assez limité sur l’île. En mai 2020, 25 % des Réunionnais de 15 ans ou plus non retraités estiment avoir subi une dégradation de leur situation financière, contre 29 % en métropole. Par ailleurs, une perte partielle de revenus n’a pas les mêmes conséquences pour un ménage aisé que pour un ménage disposant de revenus modestes avant la crise.
Des travailleurs exposés à une perte de revenus
Face à la crise, 33 % des Réunionnais, travailleurs pauvres ou aux revenus modestes, cumulent un risque élevé de baisse de revenus et une situation financière fragile avant même le début de la crise. Cette part est nettement plus élevée que dans l’Hexagone (22 %).
Selon l’INSEE, ces ménages vivent en dessous du seuil de pauvreté ou en sont proches, même si au moins l’un de leurs membres dispose d’un emploi. À La Réunion comme au niveau national, les conséquences de la crise sanitaire pèsent davantage sur ces ménages de travailleurs les plus pauvres.
Moins de Réunionnais dans des secteurs d’activité touchés
Indépendamment du niveau de ressources, le risque pour les actifs en emploi de voir leurs revenus diminuer dépend aussi d’autres facteurs. Selon l’INSEE, les secteurs les plus touchés par la crise sont moins présents dans l’économie réunionnaise que métropolitaine.
Les secteurs économiques considérés comme les plus durement touchés par la crise, tels que l’hébergement-restauration, les transports ou les activités culturelles et sportives méthodologie font vivre 6 % de la population réunionnaise (52 000 personnes), soit moins qu’en métropole (9 %).
Un seul emploi par ménage
À l’inverse, davantage de ménages sont fragiles du point de vue financier, car ils dépendent du revenu d’activité d’une seule personne. Ainsi, 28 % des Réunionnais vivent dans un tel contexte (hors titulaires de la fonction publique et retraités), une part plus élevée qu’en métropole (24 %) en raison du taux d’emploi plus faible sur l’île, notamment pour les femmes.
De plus, les salariés sous contrat court et les indépendants, sont plus nombreux sur l’île qu’en métropole.
Des difficultés sociales accrues
À La Réunion, 35 % des ménages disposent de revenus qui, en apparence, ne risquent pas de se réduire à la suite de la crise sanitaire, car constitués en majorité d’indemnités ou de prestations garanties (principalement pensions de retraite, minima sociaux, chômage indemnisé). Cette part est plus élevée qu’en métropole (32 %).
Mais si leurs niveaux de vie sont a priori préservés de la crise, ces ménages, majoritairement pauvres, peuvent avoir subi une augmentation de leurs dépenses. Par exemple, pendant le confinement, les dépenses de certaines familles avec enfant(s) ont pu augmenter du fait de la fermeture des établissements scolaires, conduisant certains parents à financer une garde d’enfant ou à réduire leur temps de travail. De fait, cela a certainement pesé sur des budgets familiaux déjà contraints.