Clément, frappé par un AVC en 2015, témoigne : "J'ai dû réapprendre à écrire"

Clément, frappé par un AVC en 2015
En cette journée mondiale de l'AVC - accident vasculaire cérébral -, nous avons rencontré Clément, 63 ans, dont la vie a brutalement changé le 15 août 2015. Il raconte comment il s'en est sorti, et insiste : il ne faut pas rester isolé après un tel traumatisme.

Un AVC, et la vie peut basculer. A La Réunion, 5 personnes en sont victimes toutes les 24 heures. Près de 2 500 patients sont pris en charge chaque année sur l'île. 

Mais tous n'ont pas les mêmes chances de s'en sortir, dépendant du délai de prise en charge. Car en cas d'accident vasculaire cérébral (AVC), plus vite on agit, moins les séquelles sont lourdes. 

Une artère qui se bouche ou se rompt

Pour en comprendre les raisons, le docteur Gilles Bourdais, neurologue au CHU de Saint-Denis, rappelle ce qu'il se passe lors d'un accident vasculaire cérébral. "Dans 80% des cas, c'est une artère qui va se boucher, et dans 20% des cas, c'est la rupture d'une artère, avec du sang dans le cerveau". 

4h30 maximum pour opérer

Or, s'il s'agit d'une artère bouchée, il est possible de la désobstruer, décrit le médecin. "Mais dans un délai limité à 4h30, c'est pour ça qu'il faut aller vite". 

"Si on est capables de parler il faut composer le 15"

Docteur Gilles Bourdais, neurologue au CHU de Saint-Denis

"Des objets me tombaient de la main"

Clément Abdallah fait partie de ceux qui ont eu la chance de bénéficier d'une intervention à temps. Il se rappelle qu'il travaillait chez lui, ironie du sort, sur une action de prévention autour des signes de l'AVC, dans le cadre du Rotary Club, lorsque lui-même a été frappé, le 15 août 2015.

"C'est grâce à ma fille et à mon épouse que j'ai été voir un médecin. J'avais des gestes qui n'étaient plus coordonnés et des objets qui me tombaient de la main" 

Clément Abdallah, victime d'un AVC en 2015

En cause, "une petite plaque qui est sortie de l'artère du cou et qui est allée se loger dans un des vaisseaux du cerveau", détaille-t-il. S'il en a survécu, les conséquences ne seront toutefois pas banales pour Clément Abdallah : paralysie de toute sa partie droite, difficultés de langage, problèmes de concentration, fatigue importante... 

Regarder le reportage de Réunion La 1ère : 

Chaque jour, 5 à 7 personnes sont victimes d'AVC à La Réunion. ©Réunion la 1ère

Réapprendre les gestes du quotidien

Lui qui, alors âgé de la cinquantaine, est responsable d'un centre de formation à Saint-André, voit son quotidien chamboulé.

Bien qu'il s'imagine alors s'en tirer avec "15 jours d'hospitalisation avant de retrouver (son) emploi", la réalité est toute autre. Clément est placé en invalidité pendant de nombreux mois. Avec l'aide de son épouse et de ses enfants, mais aussi de la rééducation, il doit réapprendre les gestes les plus banals du quotidien : se raser, boutonner sa chemise, lacer ses chaussures, nouer une cravate...  "J'ai été obligé de réapprendre à écrire", souffle-t-il. 

Le deuil de la vie sociale et professionnelle

Outre les difficultés motrices et physiques, Clément Abdallah se souvient surtout de l'isolement post-AVC. "C'est difficile de faire le deuil. Du jour au lendemain, on est rayés de la carte, plus de mails, ni de textos, ni de vie sociale", raconte-t-il. 

Aujourd'hui vice-président de France AVC Réunion, il souligne avoir pu remonter la pente grâce à ses enfants et sa femme, ses "tracteurs", et aux associations. 

Les associations pour "réactiver le lien social"

Ces dernières, fait-il comprendre, sont essentielles pour "réactiver le lien social".

"J'avais plus envie de dormir qu'autre chose. Mais il faut retrouver goût à la vie, trouver des mains tendues qui vous amènent faire des choses". 

Clément Abdallah, victime d'un AVC en 2015

Clément Abdallah conseille aux familles touchées par un AVC de se retrouver dans des associations pour éviter l'isolement qui lui-même entraîne la dépression, dans un cercle vicieux. "Il faut respecter un patient qui a eu un AVC, l'aider, mais aussi ne pas le laisser isolé", témoigne le vice-président de France AVC Réunion. 

L'AVC mortel dans 20% des cas

Clément Abdallah a la chance de s'en être remis, mais dans 20% des cas, l'accident vasculaire cérébral est malheureusement mortel. Parmi les patients qui y survivent, "60% vont garder des séquelles plus ou moins lourdes, et entre 30 et 40% vont s'en sortir indemnes", détaille le docteur Gilles Bourdais, neurologue. 

Les symptômes auxquels il faut prêter attention

Pour rappel, un AVC survient brutalement, et il est important d'avoir en tête les symptômes qui doivent attirer l'attention, pour vite contacter le 15 : troubles de la vision et du langage, engourdissement d'un membre, impossibilité de marcher... "On cherche à se lever dans la nuit et on tombe par terre", cite en exemple le docteur Gilles Bourdais.