Les objets volés à La Réunion étaient destinés à l’exportation vers Madagascar. Certains étaient revendus sur "Le Bon Coin". 9 personnes ont été interpellées ce mardi, 6 ont été mises en examen et 3 placées en détention provisoire en fin de journée ce jeudi.
L’affaire débute fin 2016 par le contrôle d’un container à destination de Madagascar. Les douaniers du Port identifient trois objets provenant de 3 vols dans des véhicules. Le commissariat du Port était saisi de l’enquête en mai 2017, qui permet 10 mois plus tard l’interpellation de 9 personnes.
Un communiqué de presse de la préfecture donne tous les détails de cette longue enquête :
Le contrôle d’un container par les Douanes à l’origine de l’affaire
En fin d’année 2016, les douanes contrôlaient un container rempli de batteries et de divers objets à destination de Madagascar. Parmi ces objets, 3 étaient identifiés comme provenant de 3 cambriolages et vols dans des véhicules. Le commissariat du Port était saisi de la poursuite de l’enquête par le Procureur de la République, le 31/05/2017.
Au terme de 10 mois d’enquête, 9 personnes étaient placées en garde-à-vue les 27 et 28 mars 2018 pour être entendus sur des faits de :
1- Recel de vol aggravé en bande organisé
2- Incitation de mineurs à la commission de délits
3- Vol par effraction
4- Association de malfaiteurs
5- Blanchiment d’argent
Exploitation des objets découverts dans le container
Les investigations débutaient par un méticuleux travail d'exploitation des objets se trouvant dans le container. Les enquêteurs se focalisaient sur les objets les plus faciles à tracer en raison d’un numéro de série ou par une exploitation informatique.
Ce travail permettait d'identifier des objets provenant de 20 cambriolages et vols dans des véhicules commis sur l'ensemble du territoire de la Réunion (Saint Gilles, La Possession, Plateau Caillou, Sainte Rose, Saint André, Saint Denis, Le Port). Des objets aussi divers que des ordinateurs, une débroussailleuse, un vélo, une canne à pêche, des appareils photographiques ou des rétroprojecteurs volés dans un Lycée du Port étaient identifiés comme des butins de vol.
Les ordinateurs étaient notamment tous reformatés de la même manière avec des logiciels identiques, ce qui permettait d’établir une organisation structurée prenant le temps de conditionner le matériel volé pour qu’il puisse être revendu.
L’exploitation d’une carte SD dans un appareil photographique permettait d’identifier 3 individus, défavorablement connus du commissariat du Port pour des vols, ayant pris des clichés avec le dit appareil peu de temps après le cambriolage au cours duquel il était dérobé.
La commission directe de plusieurs cambriolages par des proches du principal suspect et l’identification d’un terrain de stockage des objets volés
En collaboration avec les Douanes, un homme et son ex-femme étaient identifiés comme les responsables de l’exportation du container (container au nom de l’ex-femme). Des recherches étaient effectuées sur leur entourage pour mieux appréhender leur environnement.
Les investigations sur trois cambriolages de sociétés commis en 2017 à La Possession et au Port permettaient d’identifier 3 proches du suspect principal grâce à la video-protection des sociétés et à des témoignages obtenus lors d’enquêtes de voisinage. Deux de ces personnes étaient notamment présentes lors du contrôle du container par les Douanes.
Un véhicule utilisé pour commettre ces faits était retrouvé dans un container prêt à quitter la Réunion et positionné sur un terrain vague. Des surveillances discrètes étaient ensuite opérées sur ce terrain, lieu identifié de stockage d’objets susceptibles d’être ensuite exportés, avec l’appui de la Sûreté Départementale.
L’incitation de mineurs à commettre des délits et l’identification du lieu de revente du butin des vols
Les policiers du Commissariat du Port interpellaient à plusieurs reprises des mineurs en flagrant délit qui venaient de commettre des vols dans des véhicules ou des cambriolages. Plusieurs d’entre eux expliquaient comment ils écoulaient le butin.
Ils indiquaient tous se rendre dans un bidonville du centre-ville du Port, fréquenté par la communauté malgache et surnommé « La Kour Nosy Be », pour revendre leur butin immédiatement après avoir commis leurs délits. Les objets étaient vendus à l’objectif principal ou à certains de ses proches. Ces personnes encourageaient très fortement les mineurs à commettre les vols.
Ces témoignages concordants de personnes ne s’étant pas concertées permettaient d’identifier clairement plusieurs protagonistes du réseau qui étaient cités de façon récurrente.
Les liens entre les différents acteurs du réseau étaient précisés par l’exploitation des données obtenues auprès des opérateurs de téléphonie.
L’opération du 27 mars 2018
Sur instruction du Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Saint-Denis, le 27 mars 2018 a 6h00, un important dispositif d’interpellation/perquisition mobilisant 70 policiers de la Direction Départementale de la Sécurité Publique de la Réunion (Commissariat du Port, GIPN, CDI, Sûreté Départementale) et un équipage cynophile de la Gendarmerie Nationale était mis en place. Ce dispositif permettait d’intervenir simultanément sur 10 points différents et d’interpeller 9 suspects qui étaient placés en garde-a-vue.
Les perquisitions permettaient de saisir, dans la « kour Nosy Be », 2 enceintes de forte puissance, 8 ordinateurs portables, 2 téléviseurs, 4 appareils photographiques, 4 tablettes, 4 imprimantes, 97 téléphones portables et 2410 euros en liquide.
A l’issue des mesures de garde-à-vue, six suspects étaient présentés le 29 mars 2018 devant le Juge d’instruction en vue d’une ouverture d’information judiciaire.
Le profil des suspects et leur rôle respectif
La plupart des suspects est originaire de Madagascar. Un seul est mineur (15 ans) et le plus âgé a 43 ans. Tous les suspects déférés sont des hommes.
Parmi eux, deux sont en charge de l’organisation du réseau et de l’écoulement des marchandises. Au moins 3 containers auraient ainsi été envoyés ces dernières années à Diego Suarez. Des colis par fret sont également envoyés à Madagascar dans la région de Nosy Be. Les premiers envois vers Madagascar auraient eu lieu, il y a 6 ou 7 ans. Une partie des objets volés est également revendu à la Réunion via le site Internet « Le Bon Coin ». Le principal organisateur tient également un bar « marron » dans le bidonville surnommé « La kour Nosy Be ».
Les deux principaux suspects sont assistés dans l’accueil des personnes souhaitant revendre des objets dans le site surnommé « La Kour Nosy Be » par au moins 2 autres personnes. Un autre suspect apporte les objets achetés dans les containers. Deux sont en charge du formatage des ordinateurs. L’un était informaticien jusque récemment dans une collectivité locale et l’autre est étudiant en BTS informatique. Chaque ordinateur formaté rapporte 30 euros à un informaticien et chaque téléphone 15 euros.
Enfin, se trouve parmi les suspects interpellés, un individu suspecté de cambriolage dans une société qui était présent lors du contrôle du container par les Douanes.
Reportage
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Un communiqué de presse de la préfecture donne tous les détails de cette longue enquête :
Le contrôle d’un container par les Douanes à l’origine de l’affaire
En fin d’année 2016, les douanes contrôlaient un container rempli de batteries et de divers objets à destination de Madagascar. Parmi ces objets, 3 étaient identifiés comme provenant de 3 cambriolages et vols dans des véhicules. Le commissariat du Port était saisi de la poursuite de l’enquête par le Procureur de la République, le 31/05/2017.
Au terme de 10 mois d’enquête, 9 personnes étaient placées en garde-à-vue les 27 et 28 mars 2018 pour être entendus sur des faits de :
1- Recel de vol aggravé en bande organisé
2- Incitation de mineurs à la commission de délits
3- Vol par effraction
4- Association de malfaiteurs
5- Blanchiment d’argent
Exploitation des objets découverts dans le container
Les investigations débutaient par un méticuleux travail d'exploitation des objets se trouvant dans le container. Les enquêteurs se focalisaient sur les objets les plus faciles à tracer en raison d’un numéro de série ou par une exploitation informatique.
Ce travail permettait d'identifier des objets provenant de 20 cambriolages et vols dans des véhicules commis sur l'ensemble du territoire de la Réunion (Saint Gilles, La Possession, Plateau Caillou, Sainte Rose, Saint André, Saint Denis, Le Port). Des objets aussi divers que des ordinateurs, une débroussailleuse, un vélo, une canne à pêche, des appareils photographiques ou des rétroprojecteurs volés dans un Lycée du Port étaient identifiés comme des butins de vol.
Les ordinateurs étaient notamment tous reformatés de la même manière avec des logiciels identiques, ce qui permettait d’établir une organisation structurée prenant le temps de conditionner le matériel volé pour qu’il puisse être revendu.
L’exploitation d’une carte SD dans un appareil photographique permettait d’identifier 3 individus, défavorablement connus du commissariat du Port pour des vols, ayant pris des clichés avec le dit appareil peu de temps après le cambriolage au cours duquel il était dérobé.
La commission directe de plusieurs cambriolages par des proches du principal suspect et l’identification d’un terrain de stockage des objets volés
En collaboration avec les Douanes, un homme et son ex-femme étaient identifiés comme les responsables de l’exportation du container (container au nom de l’ex-femme). Des recherches étaient effectuées sur leur entourage pour mieux appréhender leur environnement.
Les investigations sur trois cambriolages de sociétés commis en 2017 à La Possession et au Port permettaient d’identifier 3 proches du suspect principal grâce à la video-protection des sociétés et à des témoignages obtenus lors d’enquêtes de voisinage. Deux de ces personnes étaient notamment présentes lors du contrôle du container par les Douanes.
Un véhicule utilisé pour commettre ces faits était retrouvé dans un container prêt à quitter la Réunion et positionné sur un terrain vague. Des surveillances discrètes étaient ensuite opérées sur ce terrain, lieu identifié de stockage d’objets susceptibles d’être ensuite exportés, avec l’appui de la Sûreté Départementale.
L’incitation de mineurs à commettre des délits et l’identification du lieu de revente du butin des vols
Les policiers du Commissariat du Port interpellaient à plusieurs reprises des mineurs en flagrant délit qui venaient de commettre des vols dans des véhicules ou des cambriolages. Plusieurs d’entre eux expliquaient comment ils écoulaient le butin.
Ils indiquaient tous se rendre dans un bidonville du centre-ville du Port, fréquenté par la communauté malgache et surnommé « La Kour Nosy Be », pour revendre leur butin immédiatement après avoir commis leurs délits. Les objets étaient vendus à l’objectif principal ou à certains de ses proches. Ces personnes encourageaient très fortement les mineurs à commettre les vols.
Ces témoignages concordants de personnes ne s’étant pas concertées permettaient d’identifier clairement plusieurs protagonistes du réseau qui étaient cités de façon récurrente.
Les liens entre les différents acteurs du réseau étaient précisés par l’exploitation des données obtenues auprès des opérateurs de téléphonie.
L’opération du 27 mars 2018
Sur instruction du Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Saint-Denis, le 27 mars 2018 a 6h00, un important dispositif d’interpellation/perquisition mobilisant 70 policiers de la Direction Départementale de la Sécurité Publique de la Réunion (Commissariat du Port, GIPN, CDI, Sûreté Départementale) et un équipage cynophile de la Gendarmerie Nationale était mis en place. Ce dispositif permettait d’intervenir simultanément sur 10 points différents et d’interpeller 9 suspects qui étaient placés en garde-a-vue.
Les perquisitions permettaient de saisir, dans la « kour Nosy Be », 2 enceintes de forte puissance, 8 ordinateurs portables, 2 téléviseurs, 4 appareils photographiques, 4 tablettes, 4 imprimantes, 97 téléphones portables et 2410 euros en liquide.
A l’issue des mesures de garde-à-vue, six suspects étaient présentés le 29 mars 2018 devant le Juge d’instruction en vue d’une ouverture d’information judiciaire.
Le profil des suspects et leur rôle respectif
La plupart des suspects est originaire de Madagascar. Un seul est mineur (15 ans) et le plus âgé a 43 ans. Tous les suspects déférés sont des hommes.
Parmi eux, deux sont en charge de l’organisation du réseau et de l’écoulement des marchandises. Au moins 3 containers auraient ainsi été envoyés ces dernières années à Diego Suarez. Des colis par fret sont également envoyés à Madagascar dans la région de Nosy Be. Les premiers envois vers Madagascar auraient eu lieu, il y a 6 ou 7 ans. Une partie des objets volés est également revendu à la Réunion via le site Internet « Le Bon Coin ». Le principal organisateur tient également un bar « marron » dans le bidonville surnommé « La kour Nosy Be ».
Les deux principaux suspects sont assistés dans l’accueil des personnes souhaitant revendre des objets dans le site surnommé « La Kour Nosy Be » par au moins 2 autres personnes. Un autre suspect apporte les objets achetés dans les containers. Deux sont en charge du formatage des ordinateurs. L’un était informaticien jusque récemment dans une collectivité locale et l’autre est étudiant en BTS informatique. Chaque ordinateur formaté rapporte 30 euros à un informaticien et chaque téléphone 15 euros.
Enfin, se trouve parmi les suspects interpellés, un individu suspecté de cambriolage dans une société qui était présent lors du contrôle du container par les Douanes.