Covid : 702 cas en une semaine et des variants en hausse, des niveaux jamais atteints à La Réunion

Avec une moyenne de 100 nouveaux cas par jour et une proportion de variants de plus en plus forte, la situation sanitaire se dégrade à La Réunion. Les capacités hospitalières sont augmentées, des renforts humains envoyés et la vaccination s’accélère.

La situation sanitaire continue de se dégrader, de semaine en semaine, indique ce vendredi 19 février, la directrice de l’Agence Régionale de Santé de La Réunion, Martine Ladoucette.

702 cas positifs au Covid ont été comptabilisés ces 7 derniers jours, soit 100 cas par jour en moyenne. Le nombre de 140 cas par jour a même été atteint sur 4 jours consécutifs. Ce niveau journalier, mais aussi le niveau hebdomadaire sont les plus élevés jamais connus à La Réunion, souligne-t-elle.

La progression des cas n’est pas en lien avec les voyageurs, pour Martine Ladoucette, car la proportion de cas importés est en diminution. On comptait 66 cas importés la semaine dernière sur les 580 nouveaux cas de la semaine, contre 56 cas importés cette semaine. La forte progression concerne ainsi les cas autochtones, dont une transmission d’une personne à une autre sur le territoire de La Réunion sans avoir voyagé.

Une forte proportion de cas porteurs du variant sud-africain

La proportion des variants sud-africains dans les nouveaux cas est importante. Les laboratoires effectuant les tests RT-PCR sont en mesure de procéder au criblage des tests, et ainsi d’identifier les cas de variants, britannique d’une part ou sud-africain et brésilien d’autre part.

Ainsi, sur la journée d’hier, un laboratoire a criblé 121 tests : 53 étaient porteurs du variant sud-africain. Près de la moitié sont des cas de ce variant, et non pas de la souche originale.

Au total, 70 cas porteurs de variants ont été identifiés à La Réunion, et 221 cas criblés doivent encore être séquencés pour identifier le type de variant.

Variants, "on ne sait pas grand-chose"

Le virus, du fait du variant, est-il plus contagieux que précédemment et plus dangereux ? Pour Martine Ladoucette, on dispose encore de très peu de recul sur les effets des variants et plus particulièrement du sud-africain.

" Comme le disait hier soir le ministre de la Santé, « on ne sait pas grand-chose » "

Martine Ladoucette, directrice de l’ARS de La Réunion

Force est de constater que la proportion du nombre de cas contacts devenus des personnes contaminées reste stable à 26%, ajoute-t-elle. Il n’y a pas d’augmentation brutale inexpliquée du nombre d’admissions en réanimation non plus, en dehors des évacuations sanitaires de Mayotte, soit 10 de Réunionnais cette semaine. En 7 jours, 40 patients domiciliés à La Réunion ont cependant été admis en médecine, une moyenne un peu plus élevée que précédemment.

Isolement de 10 jours pour tous les Covid+

Le ministre de la Santé a annoncé hier soir le passage de 7 à 10 jours pour la durée d’isolement des cas Covid, et non plus uniquement pour les porteurs de variant. Cet allongement s’applique à La Réunion. Dès la transmission d’un test positif, la personne recevra un SMS pour lui signifier son isolement scrupuleux et le fait qu’elle doit avertir son entourage.

Un appel téléphonique de l’ARS ou l’Assurance maladie lui sera passé dans la foulée. En cas de contamination par le variant, au terme des 10 jours, la réalisation d’un nouveau test de contrôle sera obligatoire, contrairement à avant. Seul un résultat négatif pourra mettre fin à l’isolement, sinon il sera prolongé de 7 jours, pour une période totale de 17 jours. Les personnes contacts au sein du foyer devront aussi continuer à s’isoler durant 7 jours, ou potentiellement jusqu’à 24 jours.

La directrice de l’ARS de La Réunion a aussi souligné que " tout professionnel de santé, salarié ou libéral, positif au Covid, a fortiori s’il est porteur du variant, ne doit plus travailler et doit respecter l‘isolement ".

Plus de 500 infirmiers sont volontaires pour se rendre à domicile des personnes placées en isolement. 427 personnes ont déjà répondu favorablement à ces visites. L’objectif est que 100% des personnes concernées puissent en bénéficier, indique Martine Ladoucette. Des conseils sont ainsi dispensés en fonction du lieu de vie et des impératifs des personnes y résidant. L’infirmier pourra réaliser les tests de contrôles immédiats pour l’entourage, ainsi que ceux à l’issue de l’isolement.

90% des lits de réanimation occupés

La Réunion doit jouer son rôle de recours pour les pays de la zone, en particulier Mayotte. La capacité de réanimation de l’île peut évoluer de 70 lits initialement, dont 63 au CHU et 7 au CHOR, à 125 lits, en fonction des circonstances. Le potentiel alloué aux patients de Mayotte est de 48 lits de réanimation.

Depuis hier, jeudi 18 février, la capacité des lits de réanimation a été portée à 95 lits. 85 de ces lits sont actuellement occupés, soit un taux d’occupation de 90%. La moitié est occupée par des patients Covid, soit 42 lits sur 85 lits de réanimation, dont 30 patients Covid venant de Mayotte et 12 patients domiciliés à La Réunion. Le maximum d’arrivées de Mayotte pour hospitalisation est de 4 pour de la réanimation et de 6 pour la médecine Covid par jour.

Des renforts humains pour augmenter les capacités hospitalières

L’arrivée des renforts humains demandés auprès du national la semaine dernière se concrétise dès demain, samedi 20 février, pour une grande partie des moyens demandés : 1 médecin réanimateur, 4 médecins généralistes, 29 infirmiers et 13 aides-soignants. Au moins deux autres médecins réanimateurs devraient les rejoindre prochainement.

Ce renfort sera réparti entre le CHU, Le CHOR, la clinique de Sainte-Clotilde et la clinique Saint-Vincent pour les soins de suite. Il permet de consolider et poursuivre la montée en charge. Prochainement, 4 nouveaux lits de réanimation et 7 lits de médecine devraient être ouverts au CHOR, pour au total une unité de 15 lits de médecine Covid.

15 lits de médecine seront transformés en lits de suivi continu de réanimation et de médecine Covid à la clinique de Sainte-Clotilde. Enfin, en début de semaine prochaine, une nouvelle augmentation de lits en réanimation est prévue au CHU, accompagnée de la fermeture de quelques salles de bloc, dont le nombre sera déterminé en début de semaine en fonction des renforts humains disponibles.

Evacuations sanitaires de Mayotte

De l’évolution sanitaire de Mayotte, des besoins d’hospitalisation propres de La Réunion, du complément de renforts humains et de la durée de séjour des patients hospitalisés, particulièrement en réanimation, dépendra la poursuite de la réponse de La Réunion aux besoins spécifiques de Mayotte, indique la directrice de l’Agence Régionale de Santé de La Réunion.

" Il n’est pas question que le dispositif, qui se déploie, se fasse au détriment de la prise en charge des urgences hospitalières de La Réunion. Elle ne doit pas non plus se faire au détriment des hospitalisations qui ne seraient pas comme "différables" au point de provoquer une perte de chance pour l’état de santé des personnes "

Martine Ladoucette, directrice de l’ARS de La Réunion

De ce fait, le centre de crise sanitaire national est prêt à rendre possible un schéma d’évacuation sanitaire indispensable de La Réunion vers la métropole le moment venu.

38 000 doses livrées jusqu’à fin mars

La vaccination Pfizer/NTech se poursuit et va s’amplifier. Ce vaccin s’avère le plus efficace contre toutes les formes du virus, y compris les variants britannique ou sud-africain, explique la directrice de l’ARS. La Réunion a été traitée préférentiellement par le ministère de la Santé en la matière, 38 000 doses de vaccin seront disponibles entre le 15 février et la fin mars.

16 000 doses sont réservées pour des secondes injections, 27 000 personnes pourront bénéficier de la nouvelle vaccination Pfizer sur cette période. Tous les professionnels de santé pourront désormais se faire vacciner, sans plus de critères d’âge ou de pathologie.

A l’heure actuelle, 980 résidents d’Ehpad sont vaccinés, dont 653 ont reçu les deux injections du vaccin, ainsi 57% des résidents pouvant se faire vacciner l’ont été au moins pour la première dose. 3 970 professionnels de santé, 3 375 personnes hautement vulnérables sur 7 000 éligibles et 5 254 personnes âgées de plus de 75 ans, soit 14% de la population cible, ont bénéficié de la vaccination.