C'est à la veille de la journée mondiale de sensibilisation aux troubles de l'autisme que le CRA (Centre de ressources sur l'autisme) de La Réunion a choisi d'organiser une grande journée solidaire, à la salle Blue Bayou de l'Etang-Salé. L'objectif est double : d'un côté, apporter toutes les informations nécessaires aux familles d'autistes, et de l'autre, permettre au grand public d'être sensibilisé et de mieux appréhender les troubles du spectre de l'autisme, soutient Magaly Lauret, cheffe de service au CRA.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère à l'Etang-Salé ce samedi :
"Connaître d'autres parents qui ont le même vécu"
Car toutes les associations et organismes spécialisés étaient là ce samedi : établissements et organismes médico-sociaux, Maison départementale des personnes handicapées (MDPH)... Tous avaient à coeur d'aider les familles à trouver les bons interlocuteurs. De quoi aider par exemple Sandrine, mère d'un enfant autiste de 22 ans, venue obtenir "un soutien, de l'aide dans les choses qu'on a du mal à comprendre".
Jonathan, lui aussi parent d'un enfant autiste, est venu par solidarité. "C'est important de connaître d'autres parents qui ont le même vécu, de voir les évolutions de son enfant par rapport à d'autres. Et puis on se lie d'amitié", affirme-t-il.
Peu d'établissements certifiés Cap Handéo
Sur l'île, plusieurs structures accueillent les autistes. Celle-ci, à Trois-Mares au Tampon fait partie des rares à avoir obtenu la certification Cap Handéo, qui facilite l'identification des services et établissements médico-sociaux accompagnant les personnes autistes. Un label obtenu il y a un an grâce à la méthode d'apprentissage performante, à la technologie et à la logistique dont bénéficie cet établissement subventionné par l'ARS. Ici, jeux, ateliers d'arts plastiques, ordinateur, permettent de s'épanouir le long d'un parcours adapté aux déficiences de chacun.
Un éducateur pour chaque jeune autiste
L'institut médico-professionnel (IMPRO) de l'ADAPEI (Association départementale d'amis et parents de personnes handicapées mentales) accompagne une vingtaine d'autistes, âgés de 14 à 26 ans. "Nous avons un autiste pour une personne, ce qui est extraordinaire parce que dans les autres structures de handicap mental, c'est un éducateur pour dix ou douze. Cela permet une réelle présence pour accompagner les jeunes au mieux, et les résultats sont probants", se satisfait Eric Boyer, administrateur de l'ADAPEI.
Coup de projecteur sur l'IMPRO de Trois Mares :
De longues listes d'attente
Malheureusement, des structures comme celles-ci, il en manque encore au vu du temps d'attente pour y accéder : entre trois et cinq ans. Se pose aussi le problème de l'absence de solution une fois l'IMPRO quitté.
Evelyne, maman d'un enfant autiste, se demande "pourquoi on ne construit pas d'autres structures". Bientôt, elle n'aura que peu d'options offertes pour la prise en charge de Mathias. "Là il doit aller en internat, et nous en tant que parents, on voudrait du semi-internat. Si on refuse, nos enfants restent à la maison, ce n'est pas normal".
"Jusqu'à deux ou trois ans d'attente, voire plus"
Thierry Neyrat, vice-président de l'association Autisme Réunion confirme les difficultés à bénéficier d'une prise en charge facilement, même si "les choses évoluent".
"Le premier problème c'est la saturation, les postes qui sont ouverts sont rapidement saturés et les familles reviennent vite en liste d'attente", souligne-t-il.
"Les listes d'attente vont jusqu'à deux trois ans, voire plus. Les premières années, les enfants sont pris en charge à l'école parfois avec des AESH individuelles, parfois collectives. Mais ensuite c'est compliqué. Les parents sont aussi souvent mal accompagnés"
Thierry Neyrat, vice-président de l'association Autisme Réunion
Thierry Neyrat était l'invité du journal de Réunion La 1ère :
À noter que pour la journée mondiale de sensibilisation de l'autisme ce dimanche 2 avril, une marche est prévue au complexe sportif municipal, ainsi que des stands et espaces d'information, et quatre conférences-débat.