Epidémie de chikungunya à La Réunion : sept nourrissons hospitalisés dans un état grave

Nouveau-né
L’épidémie de chikungunya explose à La Réunion, avec plus de 4 000 cas répertoriés en une semaine. Les malades du chikungunya sont aussi plus nombreux à être hospitalisés. Parmi eux, sept nouveau-nés actuellement pris en charge dans un état grave, en soins intensifs.

Sept nouveau-nés atteints du chikungunya sont actuellement hospitalisés dans un état grave à La Réunion. L’épidémie expose dans l'île avec plus de 4 000 cas répertoriés en une semaine et de plus en plus de patients hospitalisés. Parmi eux, six nourrissons sont pris en charge aux soins intensifs au CHU Sud de La Réunion.

"Ces enfants souffrent énormément"

"Ces enfants ont très mal, dès qu’on les touche, ils crient, ils souffrent de douleurs au niveau des muscles et des articulations", explique le docteur Brahim Boumahni, pédiatre au CHU Sud de La Réunion.

Ils ne peuvent pas manger facilement. Nous avons été obligés de les mettre sous morphine. Au bout de deux à trois jours, on remarque qu’ils recommencent à téter. Leur état s’améliore.

Dr Brahim Boumahni, pédiatre au CHU Sud

Regardez son interview sur Réunion La 1ère :

Epidémie de chikungunya : six nourrissons hospitalisés dans un état grave. Interview du Dr Brahim Boumanhi, pédiatre au CHU Sud

Sept nourrissons dans un état grave

Sur les six nourrissons hospitalisés au CHU Sud à Saint-Pierre, trois d’entre eux sont âgés de moins de 28 jours, les trois autres bébés ont moins de trois mois.

Au total, treize nourrissons de moins d’un an sont hospitalisés dans l’île, dont sept dans un état grave, selon le dernier bilan de Santé Publique France.

Sur les 72 patients hospitalisés pour le chikungunya, il y a aussi onze femmes enceintes.

Le reportage de Réunion La 1ère :

Le chikungunya n’épargne personne... Pas même les nourrissons. Sept sont en soins intensifs au CHU Sud.

Un transfert de la maladie au cours de l’accouchement

Santé Publique France souligne aussi que parmi les sept nouveau-nés hospitalisés, "deux transmissions périnatales ont été rapportées dans un tableau clinique sévère nécessitant des soins intensifs". La transmission périnatale est le transfert de la maladie de la mère à l'enfant au cours de l'accouchement.

"Un bébé est né alors que la maman avait le chikungunya, elle l’avait attrapé juste avant l’accouchement, raconte le docteur Brahim Boumahni, pédiatre au CHU Sud de La Réunion. Au moment de l’accouchement, le virus s'est transmis de la maman à l’enfant, c’est une forme materno-fœtal et une fois sur deux, l’enfant a une atteinte grave et est obligé d’être hospitalisé".

Les autres nourrissons ont eux été contaminés dans leurs premiers jours de vie, souvent au moment du retour à la maison, ajoute le docteur Brahim Boumahni.

Des séquelles neurologiques

Selon une étude de l’Inserm menée à La Réunion lors de la première épidémie de chikungunya en 2005, les nouveau-nés infectés par le virus au moment de la naissance ont un risque accru de retard psychomoteur à l’âge de deux ans.

"Une infection qui se déclare chez la mère au moment de la naissance fait courir un risque de transmission et de séquelles neurologiques pour le nouveau-né", expliquait en 2014, le Dr Xavier Fritel, coordinateur de l’étude.

De précédents travaux de notre équipe ont montré qu’une infection au cours de la grossesse est bégnine et sans conséquence pour la mère et l’enfant. Mais une infection au moment de l’accouchement est critique pour l’enfant.

Dr Xavier Fritel, coordinateur d'une étude sur le chikungunya

 

"Si le virus du chikungunya ne semble pas passer la barrière placentaire pendant la grossesse, les échanges materno-foetaux spécifiques à la naissance sont en revanche propices à une transmission de la mère à l’enfant dans environ 50 % des cas, résumaient alors les chercheurs de l’Inserm. Or, chez le nouveau-né, le virus entraine un risque d’encéphalopathie due à la perméabilité des tissus et à l’immaturité du système immunitaire".

Une épidémie qui explose

Depuis août 2024, 13 594 cas de chikungunya ont été signalés à La Réunion. Deux personnes en sont décédées. Elles étaient âgées de 86 et 96 ans, et l’une d’elles présentait des comorbidités.

L’épidémie s’est généralisée sur toute l’île. Toutefois les chiffres pourraient bientôt baisser, car la confirmation du diagnostic par prise de sang ne sera plus systématique chez tous les patients. Particulièrement ceux qui vivent dans des zones où la maladie circule déjà. Le but est de désengorger les laboratoires d’analyses médicales et donner la priorité aux cas les plus graves.

Se protéger des moustiques

Les autorités continuent d’appeler les Réunionnais "à mettre en œuvre les mesures de prévention efficaces". Parmi ces mesures : "éliminer tout ce qui peut contenir de l’eau autour de son domicile, se protéger des piqûres de moustiques et continuer à se protéger, même malade, et consulter un médecin en cas de symptômes".