GRAND FORMAT. À bord de la Frégate de surveillance Floréal

Des terres australes jusqu’à l’équateur en passant par les îles éparses et les pays de la côte est de l’Afrique, le navire de guerre assure la souveraineté de la France dans la zone sud de l’Océan Indien.
Le Floréal est, avec le Nivôse, une des deux frégates de surveillance de la base navale du port de la Pointe-des- Galets. Des terres australes jusqu’à l’équateur, en passant par les îles éparses et les pays de la côte est de l’Afrique, le navire de guerre assure la souveraineté de la France dans la zone sud de l’océan Indien. Nous avons pu monter à bord de ce bâtiment. Coulisses, témoignages et photos, c’est le Grand Format de la rédaction de Réunion La 1ère.

Le Floréal est, avec le Nivôse, une des deux frégates de surveillance de la base navale du port de la Pointe-des-Galets. Des terres australes jusqu’à l’équateur en passant par les îles éparses et les pays de la côte est de l’Afrique, le navire de guerre assure la souveraineté de la France dans la zone sud de l’océan Indien.

Huit heure à la base navale de la Pointe-des-Galets, la troisième plus grande de France après celle de Toulon et de Brest. Sur le pont et les plages avant et arrières de la frégate de surveillance Le Floréal, tout le monde se prépare à l’appareillage. Le bâtiment de guerre part pour 48 heures d’exercices au large de La Réunion.

À son bord, une petite centaine de femmes et d’hommes font vivre le bateau. Ici, pas de routine. Tout le monde a plusieurs rôles selon les besoins.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère: 

Grand Format : l'heure du grand départ pour le Floréal ©Réunion la 1ère

Ordre et discipline

Ce matin, c’est le Premier Maître Maëna, l’infirmière, appelée aussi La Sorcière dans la Marine, qui prête main forte au Premier Maître Émilie, la Bosco, la maître des manœuvres. 

Une à une, les aussières sont retirées des bites d’amarrages et sont soigneusement rangées. Sur un navire de guerre de ce type, l’espace est compté. Chaque élément a sa place et doit y être rangé après chaque utilisation.

Précautionneusement, la frégate quitte son emplacement et, une fois passée la sortie du port, prend rapidement le large.

 

Une Sorcière pour soigner les marins

Une Sorcière pour soigner les marins

Nous retrouvons le Premier Maître Maëna à l’infirmerie, au centre du bateau. Elle a rangé les gants de manœuvre. Avec le Capitaine de Vaisseau Florian, le médecin du bord, ils ont en charge un véritable petit hôpital. Il est composé d’une salle de déchocage et de soins et d’une autre salle destinée à l’hospitalisation. En cas de blessés plus nombreux, d’autres salles peuvent leur être mises à disposition.

Ici, ils ont de quoi faire de la radiologie, de l’échographie, des analyses biologiques. Ils peuvent surveiller les constantes vitales (tension, saturation, rythme cardiaque), réaliser des sutures…

Le Premier Maître Maëna, l’infirmière, appelée aussi La Sorcière dans la Marine,

Un médecin polyvalent

Le capitaine de Vaisseau Florian fait à la fois de la médecine de ville, de la médecine du travail, de la médecine de prévention et de la médecine de soins. Dans les cas les plus extrêmes, il peut-être amené à être urgentiste. 

Régulièrement, il se transforme en biologiste pour analyser l’eau du bord. Il doit s’assurer que l’eau est potable et qu’elle ne contient pas de légionelles, des bactéries qui peuvent causer des pneumopathies. Parallèlement à toutes ces fonctions, il est aussi pharmacien…

Après un bon repas, tout va !

Tout comme le Capitaine de Vaisseau Florian, le Quartier Maître Lenny est multitâches. Dans la vie civile, il était cuisinier. Après une formation à l’école des fourriers à Querqueville, il est devenu boulanger. C’est un des métiers qui est très recherché dans la Marine. Car une bonne nourriture assure un bon moral à des marins qui subissent des conditions de mer en océan Indien souvent très physique.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère: 

Le Floréal : le boulanger du bateau ©Réunion la 1ère

Pas de routine dans la Marine

Non seulement le Quartier Maître Lenny est cuisinier et boulanger, mais il s’est aussi formé au métier de brancardier, une vraie spécialité tant les coursives sont étroites et les escaliers sont raides. 

Comme la routine n’est pas son amie, il s’est aussi formé pour être pompier lourd, serveur de lance.

Avec la voie d’eau, le feu sont les deux menaces à l’intégrité des navires.

C’est la raison pour laquelle les exercices de lutte contre les incendies sont réalisés très régulièrement. Les pompiers comme le Quartie Maître Lenny sont également mobilisés à chaque fois que la plateforme aviation est utilisée pour l’appontage et le décollage d’hélicoptères.

Les anges-gardiens du Panther

Avec le Nivôse, l’autre frégate de la base navale de Port-des-Galets, le Floréal partage l’hélicoptère Panther.

Si les pompiers se tiennent prêts à intervenir en cas d’accident, pour l’éviter, le Maître Principal Lionel, logisticien du bord et à cette occasion officier de quart aviation, donne les informations nécessaires à l’équipage de l’hélicoptère pour qu’il puisse manœuvrer en toute sécurité. Grâce à des anémomètres et des girouettes, il indique la force et la direction du vent, le cap du navire, vérifie que le train d’atterrissage est bien sorti. Si toutes les conditions de sécurité sont réunies, c’est lui qui donne le feu vert. Depuis la cabine aviation située au-dessus du pont d’envol, il est en quelque sorte dans la tour de contrôle, en liaison radio avec le pilote, la passerelle de commandement et le Chien Jaune.

Le Chien Jaune assure la sécurité de la plage arrière

C’est ainsi qu’est surnommé le Maître « Paulo », le directeur du pont d’envol, en raison de la couleur jaune de sa brassière. C’est par des codes qu’il effectue avec ses mains et ses bras qu’il communique avec le pilote de l’hélicoptère. Ce Tahitien d’origine est heureux de terminer sa carrière cette année à La Réunion, après 18 ans passés dans la Marine.

Il n’est pas le seul ultramarin à bord du Floréal.

Le Chien Jaune en action

Les ultramarins du Floréal

Le Second Maître Farid est originaire de Mayotte. Engagé depuis 2013, il est désormais pompier à la tête de la brigade sécurité, dans laquelle sert le Quartier-Maître Lenny notamment. Il a eu l’opportunité d’opérer par deux fois sur le porte-avions Charles de Gaulle, une vraie fierté pour lui.

Farid à bord du Floréal

De jeunes Réunionnais ont aussi l’opportunité de pouvoir servir dans la Marine.

Maël à table

Le Quartier-Maître Maël a signé pour 4 ans après avoir obtenu son bac STMG il y a 3 ans. Il a reçu une formation Quartier-Maître de la Flotte (QMF) en France hexagonale et a eu la chance d’être affecté outremer à La Réunion. C’est un oncle qui lui a donné l’envie de découvrir le monde grâce à la Marine, tout en vivant une expérience professionnelle et humaine unique. 

 

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Le Floréal : une frégate ©Réunion la 1ère

Even, du lycée à la barre du patrouilleur

Le Matelot de Première Classe Even a lui aussi intégré la Marine après son bac STI obtenu au lycée de l’Entre-Deux. Originaire de la Saline-les-Hauts, il a un parcours différent du Quartier-Maître Maël. C’est à La Réunion qu’il s’est formé durant 6 semaines avant d’être affecté comme manœuvrier à bord du Floréal. Ses missions consistent à tenir la barre de la frégate, à mettre à l’eau les embarcations légères ou encore à assister aux appareillage et aux accostages. Après son contrat de deux ans, il espère bien continuer dans la Marine après avoir suivi une formation de détecteur, une spécialité au cœur du Centre des Opérations, un poste stratégique au sein du bâtiment naval.

Even à la barre

Sur un navire, la vie ne s’arrête jamais

Il n’est pas encore 15h00 que le Matelot de Première Classe Even quitte la barre pour aller se coucher. Il doit se reposer car il reprend son quart de minuit à 4 heures le lendemain, puis de 15h à 18h et enfin le surlendemain de 4h00 à 8h00.

Comme sur tout navire, la vie ne s’arrête jamais. Que ce soit à la passerelle ou aux machines il y a toujours des marins.

Dans les machines du Floréal

Le cœur, les muscles et les poumons de la frégate

Au Poste de Commandement Machines Énergie Sécurité (PC MES), ils sont ainsi 4 marins en permanence pour une surveillance continue H24 des différents paramètres de toutes les installations qui font avancer et vivre le bâtiment. À leur tête un officier de quart navigation et 3 rondiers, chacun à un poste bien précis.

Le rôle du rondier propulsion est de piloter les réglages des machines à partir d’un poste de commandes local. Il y a les 4 moteurs de propulsion diésel de 2200 cv chacun qui font tourner les 2 lignes d’arbre et les hélices. Mais il y a aussi des compresseurs d’air. Ceux à haute pression (30 bars) sont destinés aux les systèmes d’armes, notamment la tourelle avant de 100mm. Il existe aussi ceux qui sont à basse pression, à 7 bars, pour mener suffisamment de pression pour la lutte contre les incendies et pour le fonctionnement des osmoseurs.

De l’eau douce produite à partir de l’océan

Ces appareils, qui fonctionnent donc sous pression, permettent de séparer à travers des membranes en caoutchouc le sel de l’eau pompée dans l’océan. Ces machines sont sous la responsabilité du rondier auxiliaires électricité. Il s’assure également de rendre potable l’eau en la minéralisant. Il s’occupe également du bon fonctionnement des 3 moteurs diésel alternateurs qui servent à générer de l’électricité à bord.

Enfin, le rondier sécurité intervient en priorité en cas de voie d’eau ou d’incendie. Si le sinistre est trop important, il fait appel à des renforts.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère: 

Le Floréal : l'exercice paille-en-queue au large de nos côtes


La Frégate de surveillance Floréal est avant tout un navire de guerre

Elle doit faire face à de nouvelles menaces, notamment venues des airs, via des drones ou des ulm. C’est l’exercice que mènent les femmes et les hommes ce matin là.

François-Xavier en tenue ignifugé

Tout le monde revêt sa cagoule et ses gants ignifugés. Sur la passerelle le Capitaine de Frégate François-Xavier Poisson est en relation constante avec le centre opérationnel, le cerveau du bâtiment naval, là où les systèmes d’armes et de surveillance sont mis en œuvre.

Dans les airs, l’hélicoptère Panther détecte sans se faire voir

L’atout majeur d’une frégate de surveillance comme le Floréal est son hélicoptère Panther. À Son bord, deux pilotes et un opérateur qui peuvent être assistés par un plongeur en cas de récupération d’hommes à la mer. Selon les missions, l’aéronef peut être équipé d’une arme air-mer ou d’une console de surveillance composée d’un radar et d’une caméra haute résolution.

Malgré ses 23 ans, le Panther n’a que 6 000 heures de vol car il n’effectue principalement que des missions opérationnelles.

Panther au hangar

Le reste du temps, l’aéronef est bichonné. Comme il évolue essentiellement en milieu marin, donc dans un environnement salin, il est rincé et rangé dans son hangar à chaque fois que sa journée de mission est terminée. Toutes les semaines, il est entièrement lavé.

« Plus c’est dur, mieux c’est ! »

Le Premier Maître Benjamin est le responsable technique sur le détachement aéro. Sous ses ordres, il a des mécaniciens qui opèrent soit à la base aérienne 181 Roland-Garros quand le navire est à quai, soit qui sont débarqués à bord de la frégate une fois qu’elle a prit la mer.

« La maintenance qu’on va faire à terre est la même qu’on va faire en mer.  Sauf qu’en mer la particularité c’est que ça bouge, il y a du bruit, on n’est pas forcément dans des conditions optimales pour travailler. Mais le boulot c’est le même. C’est pour ça qu’on part sur les bateaux parce que plus c’est dur, mieux c’est ! » aime-t-il à dire

Des missions redéfinies

La frégate de surveillance Floréal a différentes missions. Le première est de représenter la souveraineté de la France sur les 28 millions de kilomètres carrés de mer que représente la Zone Économique Exclusive  dans le sud-ouest de l’océan Indien. Sa présence dans le Canal du Mozambique et le long des côtes est-africaines permettent également de lutter contre les narcotrafiquants. Ainsi en 2022, la frégate avait saisi plus de 8 tonnes de drogues pour une valeur marchande de plus de 200 millions d’euros. 

Avec les tensions qui existent entre Israël et les pays Arabes, l’océan Indien a pris une nouvelle dimension, comme l’explique le Général de Brigade Jean-Marc Giraud, le Commandant supérieur des Forces Armées Zone Sud Océan Indien : « Si l’on considère par exemple que 30% de la production mondiale de pétrole transite par le Canal du Mozambique et que c’est environ 10 000 navires marchands par an qui transitent du Cap de Bonne Espérance au détroit de Malacca, ce traffic là pourrait également être réévalué et constituer une alternative compte-tenu des tensions aujourd’hui qui règne sur les trajets entre l’Europe, le Canal de Suez, la Mer Rouge et puis le Moyen-Orient et l’Asie ».

Mis en service le 27 mai 1992, la frégate de surveillance Floréal devrait être remplacé à partir de 2030 par des corvettes avec des capacités militaires accrues pour faire face aux menaces de plus en plus importantes dans cette région du globe.