Cette semaine, le Grand Format de la rédaction est consacré à trois jeunes femmes qui exercent des professions hors du commun.
L’une est éleveuse, l’autre est au volant d’un 26 tonnes et la dernière est hôtesse/stripteaseuse.
Camille Fontaine, 22 ans, éleveuse de porc
Sa combinaison et sa paire de bottes de travail sont enfilées. Camille vient de terminer la mise bas d'une de ses 32 truies.
Dans son élevage, perché à 800 mètres d'altitude, au Plate Saint-Leu, elle a dû apprendre à tout faire. Seule. Même si elle est parfois aidée par un ouvrier.
Se former puis reprendre l'entreprise familiale à 20 ans, n'a pas été évident pour la jeune femme. D'autant plus en étant une femme.
Mais deux ans plus tard, Camille voit déjà le chemin parcouru.
Ça n'a pas été facile. Ça a même été troublant d'aller en reunion, parmi beaucoup d'hommes. Mais c'est devenu une fierté de pouvoir exercer ce métier. Nou aussi nou lé capab. Il ne faut pas procrastiner.
Camille
Samantha Farlo, conductrice de poids lourd
L'uniforme de Samantha Farlo lui, est jaune fluorescent.
Chaussures de sécurité aux pieds et au volant de son 26 tonnes, la conductrice de poids lourd s'apprête à livrer une benne à Sainte-Anne.
Elle arpente les routes du Nord de l'île quotidiennement et se rend bien compte qu'une femme au volant d'un 26 tonnes, n'est pas si fréquent.
Certains des confrères qu'elle croise refusent même de la saluer, comme à l'accoutumée. Elle a même quelques mésaventures.
On m'interpelle parfois pour me dire que c'est agréable de voir une femme au volant d'un pouds lourd mais d'autres sons moins respectueux. Certains refusent parfois de me laisser passer.
Samantha
Mais ces réactions sont loin de la décourager, Samantha a un autre objectif en tête. À 32 ans et mère d'une petite fille, elle souhaite passer son permis semi-remorque.
Ruby, hôtesse
La nuit tombée, Ruby, son prénom d'emprunt, change de tenue. Elle est étudiante, mais le soir venu, elle est en talon et porte une lingerie en dentelle.
Elle travaille dans un gentlemen’s club, un bar à hôtesse. Elle tient à préserver son anonymat par précaution.
Elle n'est plus la même personne une fois entrée dans le bar, dans lequel elle est hôtesse et stripteaseuse. Mais elle est aussi parfois une confidente.
On est là pour de la compagnie, pour discuter. Certains veulent juste parler. D'autres ont besoin d'avis. J'aime beaucoup écouter.
Ruby
C'est une profession plus délicate que d'autres à assumer. Mais la jeune étudiante de 25 ans en reste fière.
Je me sens valorisée. Je fais ce métier parce que je le veux et c'est un choix. C'est important de l'avoir. Tant pis si les gens ont des préjugés. Ici personne ne me touche. Je n'ai pas peur nons plus que mes proches ouvrent la porte du bar, je suis du bon coté de la scène, ils auront plus honte que moi.
Ruby
Pour ces trois jeunes Réunionnaises, il y a encore du chemin à faire dans la lutte pour les droits des femmes. Motivées et ambitieuses, elles ont aussi le même objectif : inciter d'autres femmes à oser faire ce qu'elles souhaitent.
Pour elles, le 8 mars c'est 365 jours par an.