Le projet TIS, Technique de l’Insecte Stérile en milieu naturel, passe à l’étape suivante. En 2019, les scientifiques de l’Institut de Recherche pour le Développement procédaient à un premier lâcher de moustiques mâles stériles à petite échelle à Sainte-Marie, pour vérifier leur survie en milieu naturel.
Leur durée de vie et leur capacité de dispersion s’étaient alors avérées similaires aux moustiques mâles sauvages.
Un nouvel insectarium pour la lutte anti-vectorielle
En 2021, le projet TIS permet désormais de lâcher régulièrement, et à grande échelle, des moustiques mâles stériles en milieu naturel. L’objectif : confirmer l’efficacité de la méthode sur la diminution de population de moustiques tigres dans la zone ciblée de Duparc.
150 000 moustiques mâles stériles pourront ainsi être produits chaque semaine. Il s’agit d’insectes issus d’une souche locale d’Aedes albopictus prélevée à Sainte-Marie. Leur stérilisation ne se fait pas au moyen de produits, mais via une exposition aux rayons X. Ils s’accoupleront avec des femelles sauvages, qui pondront des œufs qui ne seront pas viables.
Pour les produire, l’IRD se dote d’un nouvel insectarium d’élevage de pointe, adapté à une production locale plus importante. D’une superficie de 84m², l’insectarium dispose de 4 salles dédiées aux différentes phases d’élevage. Il a été financé par l’Etat, la Région et l’Union européenne sur les fonds du FEDER pour un montant de 422 000 euros.
Des lâchers massifs sur la zone de Duparc à partir du 22 juillet
Les lâchers de moustiques mâles stériles font l’objet d’une autorisation de la préfecture de La Réunion. Suite à l’avis favorable de la mairie de Sainte-Marie et l’accord du Conseil Départemental de l’Environnement et des Risques Sanitaires et Technologiques, le 16 juin dernier, la campagne de lâchers massifs de moustiques mâles stériles est programmée fin juillet 2021 sur la zone de Duparc.
Dès le 22 juillet, 150 000 moustiques mâles stériles seront donc lâchés par semaine, durant 12 mois, sur une partie du quartier pilote de Duparc à Sainte-Marie. 10 mâles stériles pour 1 mâle sauvage seront lâchés. La quantité de moustiques à relâcher sera ensuite ajustée en fonction de la densité de la population observée selon la saison.
La dispersion moyenne d’un moustique étant inférieure à 100 mètres, trois points de lâchers par hectare ont été identifiés, soit 60 points sur la zone pilote de Duparc Sud, avec 2 000 à 4 000 mâles stériles par point. L’objectif n’est pas l’élimination totale du moustique tigre, mais la diminution de sa population de telle sorte qu’elle ne constitue plus une menace à l’échelle de la zone traitée, explique l’IRD.
Vers industrielle à partir de 2022
Les capacités de survie et de dispersion des mâles stériles, le taux de stérilité induite dans la population naturelle de moustiques femelles, la densité de la population de moustiques seront évalués par l’équipe de l’IRD.
Les résultats de cette phase du projet TIS seront restitués fin 2022, après la période de 12 mois consécutifs de lâchers et une phase d’analyse des données. Si l’efficacité de la technique est prouvée en milieu naturel, elle pourra venir en complément des méthodes de lutte anti-vectorielle actuellement mises en place par les autorités sanitaires.
Une phase industrielle avec une application à large échelle pourrait ensuite être envisagée.