La croissance économique a ralenti à La Réunion en 2023

L'INSEE Réunion-Mayotte présentait le bilan de l'activité économique 2023.
Dans un contexte inflationniste, l’économie réunionnaise a résisté en 2023. Le PIB a progressé mais à un niveau inférieur à celui de 2022. Même tendance pour la création d’emploi, qui va jusqu’à cesser dans le secteur privé au 2ème semestre 2024.

La Réunion a connu un essoufflement de la croissance économique en 2023, indique ce vendredi 4 octobre l’INSEE. L’Institut dresse le bilan de l’activité économique réunionnaise en 2023.

La croissance économique ralentit

Le PIB a augmenté en 2023 à un niveau inférieur à celui de 2022, souligne Jamel Mekkaoui, chef de la division Etudes à l’INSEE Réunion-Mayotte. Malgré tout, la croissance est plus dynamique à La Réunion qu’au niveau national et l’inflation reste soutenue dans le département, +3,1%, même si elle est moindre que l’année précédente.

L’alimentaire, dont les prix croissent de 7,6% sur l’île, contribue pour un tiers à l’inflation globale. Au niveau national, les prix alimentaires augmentent davantage (+11 ,8%).

INSEE Réunion-Mayotte

  

Une moindre création d’emplois en 2023

La consommation des ménages résiste et progresse, mais là aussi le rythme est inférieur à celui de 2022. La hausse des salaires, des prestations sociales et des créations d’emplois, engendrant une hausse globale du revenu disponible, en sont la raison. Le pouvoir d’achat par habitant progresse de 1,5%.

En 2023, seuls 3 700 emplois ont été créés, contre 5 800 l’année précédente et 14 000 en 2021. Les créations d’entreprises progressent de 2%, mais leur croissance s’infléchit nettement par rapport à la hausse annuelle moyenne des cinq dernières années.

Les dépenses des administrations publiques continuent d’augmenter, mais de manière ralentie. Les salaires versés sont le plus gros poste.

 

Recul des importations et des exportations

Le commerce extérieur recule en revanche, avec une baisse des exportations et des importations.

En 2023, La Réunion importe pour un montant de 7,1 milliards d’euros de biens et en exporte pour 405 millions d’euros.

INSEE Réunion-Mayotte

La conversion à l’utilisation de la biomasse liquide des moteurs diesel des centrales thermiques explique la baisse du prix et du volume importé des produits pétroliers, et donc le recul des importations.

A cause de la campagne sucrière mitigée, les exportations de sucre ont baissé de 30% en 2023 et de rhum de 5%. Les exports de poissons issus des mers australes ont aussi baissé, de 6%. Ceux des produits fruitiers chutent de 30%, en raison notamment d’une plus faible production de letchis.

L’investissement, notamment porté par les collectivités locales, repart à la hausse, après une baisse en 2022. La production agricole est quasiment stable. Les dépenses des touristes continuent de progresser. En 2023, 2,7 millions de passagers ont transité par les aéroports de La Réunion, soit 15% de plus qu’en 2022. Une fréquentation qui n’a que partiellement bénéficié au secteur hôtelier.

L’emploi privé cesse d’augmenter au 2ème trimestre 2024

Après une création d’emploi moindre en 2023, l’emploi privé a cessé d’augmenter sur le 2ème trimestre 2024, pour la première fois depuis la crise sanitaire. On note même une légère baisse de l’emploi dans le secteur de la construction.

Une situation qui aura des conséquences pour la croissance, estime Marie-Pierre Nicollet, directrice de l’agence française de développement. Elle ajoute : " il faut absolument aujourd’hui aider le secteur privé pour que cet emploi reprenne ".

 

2024, année de transition vers 2025, plus optimiste

Fin 2024 et début 2025, l’inflation va ralentir, ce qui va impacter la consommation des ménages et l’investissement des entreprises.

2024 devrait être une année de transition, marquée par la baisse des taux directeurs, explique David Perrain, économiste à l’IEDOM. Les taux d’intérêt des emprunts devraient donc baisser en 2025, ce qui permet d’être plus " optimiste " pour 2025.