Attribuée par les Grecs au stratège athénien Thémistocle (qui y aurait vu un exemple de combattivité pour les soldats), l'invention des combats de coqs aurait eu lieu bien avant, il y a plusieurs millénaires, en Asie, après la domestication de l'espèce.
La pratique a conquis le Monde. Bien que controversée, elle concerne encore 27 pays. Ce sont bien les Grecs qui l’auraient introduite en Europe. Dans la Caraïbe, ce seraient les Espagnols, au XVIIe siècle (avec l’élevage de ces gallinacées). En Polynésie, elle serait apparue avec les Chinois. Et à la Réunion avec les Indiens. Toutefois le continent asiatique reste le premier en nombre d'adeptes.
En Inde, par endroits, une véritable ferveur encore plus forte que pour le cricket
Cela grâce notamment à l'Inde, où, malgré l'interdiction officielle, les combats de coqs suscitent, par endroits, une passion supérieure même à celle du cricket, pourtant très populaire. Ainsi à Katekalyan, dans le district de Dantewada de l’Etat central de Chattisgarh, Bhagat Bech, propriétaire de coqs et amateur de combats de coqs, décrit une véritable ferveur régionale :
Des gens de toute la région viennent assister aux combats de coqs et amènent leurs coqs ici. Ils viennent de partout. Ils viennent aussi de l'autre côté des montagnes et amènent leurs coqs pour le combat. Et tout le monde le fait, ils parient 6, 7, 11 euros. Nous, nous dépensons plus d'argent pour des paris de 110, 130 euros.
Les combats de coqs occasions d’échanges et de rencontres
A leurs débuts, les combats de coqs auraient notamment permis de réguler les conflits entre premiers agriculteurs, par l'intermédiaire des volatiles. Maintenant, ils sont l'occasion d'échanges et de rencontres. Raju, responsable des combats de coqs à Katekalyan, apprécie cette convivialité :
Nous nous divertissons, nous rencontrons de nouvelles personnes. Nous faisons de nouvelles connaissances. Au "marché aux volailles", nous rencontrons des gens qui viennent de loin. Les gens de tout le Dantewada viennent ici et apprennent à se connaître.
Un sport…
Selon le cas, les coqs sont munis d'ergots métalliques. Les combats, souvent à mort, sont identifiés à un sport. Les combattants ont même droit à un régime diététique spécial, dévoilé par Baghat Bech :
Des légumineuses, du maïs et des céréales. Ils prennent du poids et deviennent forts s'ils sont nourris avec du millet perlé.
A la clef, l’émergence de véritables stars à plumes à en croire Raju :
Le coq qui gagne, gagne un nom. Plus il gagne de combats, plus son nom est important. C'est comme un joueur de cricket… qui marque des points dans un match de cricket. De même, le coq qui gagne le plus de combats est considéré comme le plus grand.
" Lorsque nous perdons un coq… nous nous saoulons et la paix revient. "
Un sport pour le volatile comme pour le coqueleur qui semble s'identifier souvent à son coq, dans la victoire comme dans la défaite, à l’image de Baghat Bech :
Mon coq a frappé l'adversaire et celui-ci est mort. Nous avons gagné le combat. Nous avons gagné l'argent et le coq… Lorsque nous perdons un coq dans le combat, nos cœurs souffrent pendant quelques jours, mais nous nous saoulons et la paix revient.
Une interdiction très difficile à appliquer…
Ces combats sont jugés barbares par des associations de défense animale qui luttent pour leur interdiction définitive. Cela semble presque un rêve face à une tradition et une passion aussi profondément ancrées dans les mentalités.