C’est une industrie du passé qui s’inscrit dans le futur. La distillerie de la Rivière du Mât produit des rhums depuis la fin du 19ème siècle. Gourmande en énergie, elle est passée au fil de la dernière décennie d’un fonctionnement carboné à une production écoresponsable.
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De la mélasse comme matière première
Dix camions livrent chaque jour en matière première le site de Beaufonds à Saint-Benoît. 24 tonnes de mélasse, issue de l’usine sucrière de Bois-Rouge, un coproduit de la canne encore chargé de sucre soluble. Le liquide visqueux est ensuite mis en fermentation pour obtenir un vin qui contiendra 6% d’alcool.
On a besoin de refroidir avec de l’eau, qui sera recyclée et refroidie par l’air. L’eau est une énergie aussi.
Teddy Boyer, directeur de la distillerie de la Rivière du Mât
Un référent énergie pour maîtriser les consommations
La consommation de cette énergie doit elle-aussi être maîtriser, car produire du rhum nécessite pour la distillerie d’utiliser de 150 m3 par heure. Le tout est géré depuis un centre de contrôle.
Un référent énergie surveille ainsi la consommation d’eau, de vapeur, d’air comprimé et d’électricité. L’entreprise a investi dans des équipements économes en énergie.
Une chaudière au biogaz plutôt qu’au fioul
Dans la production de rhum, la phase de distillation pour extraire l’alcool pur est la plus énergivore. Il faut de la vapeur produite par une chaudière. Depuis 2011, elle fonctionne au biogaz obtenu à partir des déchets de distillation grâce au procédé naturel de méthanisation.
Auparavant, l’entreprise achetait du fioul pour faire fonctionner la chaudière, explique Teddy Boyer. " On consommait jusqu’à 2 000 m3 de fioul par an, aujourd’hui, on n’en consomme même pas 100 m3 ", ajoute-t-il.
La méthanisation pour produire de l’électricité
L’excédent des 1 200 m3 de méthane produits chaque heure, qui est actuellement brûlé et donc perdu, va permettre dans 15 jours de produire de l’électricité. La distillerie le mettra à disposition du réseau EDF, ce qui devrait permettre d’alimenter près de 2 000 foyers.
L’entreprise sera alors à énergie positive : elle produira plus d’énergie qu’elle n’en consommera. Elle l’augmentera encore avec des panneaux photovoltaïques, un investissement nécessaire pour pouvoir " exister pour les 30 prochaines années ", indique le directeur.
Réduire la consommation d'engrais chimiques
Cette économie circulaire intègre les déchets ultimes. Les boues d’après méthanisation sont un fertilisant qui permet aux planteurs de cannes de consommer 50% d’engrais chimiques en moins.