Les chefs d’entreprises sont au bord du gouffre, alerte l’union des entreprises de proximité de La Réunion

Inflation, augmentation des tarifs des matériaux de construction, hausse des taux bancaires, hausse des prix de l’énergie, l’union des entreprises de proximité alerte les pouvoirs publics à la veille de la visite à La Réunion du ministre des Outre-mer, Philippe Vigier.

L’union des entreprises de proximité, l’U2P, regroupe les métiers de l’artisanat, du commerce de proximité et des professions libérales. Elle alerte sur la situation de ces entreprises, hormis les professions libérales, toutes sont " en chute libre ".

 

L’économie au ralenti

On constate un ralentissement de l’économie de notre île, indique Cyrille Rickmounie, le président de la CAPEB. Son organisation patronale est membres de l’U2P.

Notre économie est en sous-régime, les entreprises sont en souffrance. L’inflation ralentit l’économie, même s’il y a une augmentation en valeur, il y a une baisse du chiffre, et surtout le non-accompagnement des banques pour l’investissement. En ce qui concerne le bâtiment, il y a un net ralentissement des constructions, de la réhabilitation, parce que les banques ne financent pas. Les banques ne financent plus non plus les besoins de liquidité des entreprises.

Cyrille Rickmounie, le président de la CAPEB

  

Le baromètre de l’activité en berne

Le volume d’activité des entreprises de proximité des territoires ultramarins recule de 3,7% au premier trimestre 2023 et de 1,4% au second trimestre. La baisse concerne l’ensemble des territoires d’Outre-mer, avec près de -1,6% pour La Réunion et -1,5% pour la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane. Le recul est plus limité en Nouvelle-Calédonie avec -0,8% et à Mayotte avec -0,3%.

Les entreprises de proximité de l’alimentation affichent la contraction la plus forte, avec -8,1%, pénalisées par la très forte augmentation des prix.

 

Les prix augmentent et la consommation baisse

Pour Gérard Moutoucamarapoulé, président de l’union des entreprises de proximité, les chefs d’entreprise sont " au bord du gouffre ". En 2022, au premier semestre, on comptait 120 entreprises devant les tribunaux, un an plus tard, elles sont près de 240.

Les chefs d’entreprises ne répercutent qu’une partie de ces hausses sur les prix de vente. La consommation des ménages a également diminué, les clients limitant leurs dépenses.

 

La relance économique attendue n’a pas eu lieu

Des entreprises aidées pendant la crise Covid, avec le PGE notamment, mais la " grosse relance économique " attendue pour pouvoir rembourser ces prêts n’a pas eu lieu, déplore Gérard Moutoucamarapoulé, président de l’union des entreprises de proximité.

Il souligne l’augmentation des taux bancaires et des prix des matériaux de construction, qui ont presque doublé, des matières premières ou encore de l’alimentation.

Inquiétude des entreprises itw Gérard Moutoucamarapoulé, président d el’U2P

 

Seule éclaircie, l’activité des professionnels libéraux est encore bien orientée, avec de belles performances du secteur de la santé.

L'Etat doit investir et inciter la consommation

Pour l’U2P, il faut que les chefs d’entreprises gardent confiance en l’avenir, en recrutant dans la construction notamment, et continuent à investir. Pour cela, elle estime que l’Etat doit prendre la main, via les établissements de crédit, pour " assurer des investissements à long terme et leurs risques avec des fonds citoyens ".

Il est également nécessaire de " réduire les écarts entre la baisse du pouvoir d’achat et l’inflation chez les travailleurs les plus pauvres par la revalorisation des salaires ou par l’augmentation du salaire minimal ", estime l’union des entreprises de proximité.