À Maurice, comme dans tous les pays, quand une affaire pourrait être imputable à l'exécutif, il devient difficile de savoir qui dit vrai. Les députés de l'opposition manifestaient, mercredi matin, devant le Parlement et les bureaux du Premier ministre, suite à l'affaire présumée d'espionnage d'Internet.
Ce dossier a été révélé, par l'ex-directeur général des Télécom de l'île sœur. Selon ce haut fonctionnaire, au mois d'avril 2022, des techniciens sont venus d'Inde pour installer des appareils permettant de surveiller la teneur des propos échangés sur Internet. Les spécialistes sont intervenus pendant 6 heures dans les locaux où atterrit le Safe à Baie-Jacotet.
Les mis en cause et Pravind Jugnauth réfutent ces accusations. Le chef du gouvernement parle d'allégations : "farfelues", écrit IonNews.
Des investigations longues et difficiles
Chez nos voisins, comme chez nous, dès qu'un dossier met en cause des élus, la justice et la police peinent à enquêter. Ce ralentissement des procédures ne signifie pas la moindre culpabilité, il est inhérent aux législations qui protègent les dirigeants d'accusations ubuesques. Malheureusement, ces garde-fous sont également des ridelles efficaces quand les affaires existent vraiment.
Dans de nombreux pays, des dossiers compromettants pour des "responsables" peinent à être jugés. Souvent, les magistrats instructeurs sont empêchés. Les demandes de pièces et les perquisitions sont retardées. Les dossiers, quand ils sont audiencés, sont "vieux" de cinq, voire dix ans. Les peines prononcées n'ont plus de sens. Les accusés, parfois, n'occupent plus de fonctions et quand ils sont encore en exercice, ont tout loisir de dénoncer l'instrumentalisation de la justice.
Les manifestants, des députés, mis en garde par la police
Le jugement est symbolisé dans les tribunaux par la balance. Celle-ci matérialise l'évaluation, que sont censés faire les magistrats, lors de leurs enquêtes et avant de prononcer un jugement.
Les politiques, et l'opposition en tête, n'ont pas cette obligation morale. Mercredi, plusieurs députés de l'opposition à Maurice ont manifesté et demander la démission du gouvernement pour haute trahison, écrit L'Express de Maurice. Cette position est logique. Ces élus ne font pas partie de la majorité au pouvoir. Ils représentent des électeurs qui ne soutiennent pas ce gouvernement. Ils sont donc dans leur rôle. Ce n'est pas un jugement sur le fond, mais juste une posture politique logique.
Le hic, dans les événements de ce mercredi, est l'intervention de la police. L'avertissement des forces de l'ordre aux députés qui manifestaient est pour le moins surprenant. Nos confrères de l'île sœur, comme Défiméfia, ont pointé du doigt cette intervention.