Mayotte saura-t-elle se relever de cette tragédie? Quel avenir pour le 101ème département français?Les distributions d'eau et de nourriture commencent à peine sur l'île aux parfums. Plus d'une vingtaine de morts et plus d'un millier de blessés après le passage de Chido, bilan très provisoire communiqué par les autorités.
"Une vingtaine de morts" ont été recensés à Mayotte mais "le bilan" pour l'instant "n'est pas encore établi", a déclaré François Bayrou, qui s'est justifié mardi dernier devant l'Assemblée nationale. Devant les députés, le nouveau Premier ministre a également évoqué "200 blessés graves" et "1.500 blessés qui sont en urgence relative". Le préfet de Mayotte a évoqué "certainement plusieurs centaines" de victimes, peut-être "quelques milliers" après le passage du cyclone Chido.
Un délégué interministériel pour la reconstruction de Mayotte
M. Bayrou a précisé qu'"à peu près 50% du réseau électrique a été remis en route", avec un objectif de 75% "d'ici la fin de semaine". L'hôpital a retrouvé "quelque 50%" de son activité, et "à peu près 80% du réseau routier est de nouveau accessible", a-t-il ajouté. Il a également annoncé la constitution de stocks de vaccins "qui sont en train d'être mis en place pour une conservation optimale à la Réunion et immédiatement projetables à Mayotte".
"La décision a été prise lundi soir sous l'autorité du Président de la République (...) de désigner un délégué interministériel", a par ailleurs indiqué le Premier ministre. "L'espoir des populations est évidemment dans la reconstruction. Le gouvernement va lancer un appel à projets sur des conceptions d'habitation très rapides, préfabriquées, faciles à monter, pratiques à mettre en place et pas trop chères. (...) Et puis il y a la question des fonds pour aider tout cela. Il y a des fonds européens qui peuvent être activés. Le fonds Restore en particulier. Et puis il y aura la solidarité nationale et nous sommes là pour ça. Nous sommes là, l'État et les pouvoirs publics pour manifester une aide réelle".
Pas de traces de choléra pour l'instant
Le choléra n'a pas été décelé à Mayotte après le passage du cyclone Chido qui a dévasté l'archipel, mais son retour reste "une inquiétude", a déclaré hier mercredi la ministre démissionnaire de la Santé Geneviève . "Il n'y a pas aujourd'hui de raison de penser que le choléra serait présent, mais bien sûr que c'est une inquiétude puisqu'il y avait du choléra le printemps dernier, jusqu'au mois de juillet", a-t-elle expliqué.
"Nous faisons bien sûr des réserves de vaccin (...) afin de pouvoir les déployer si nécessaire", a ajouté Mme Darrieussecq, évoquant également la distribution de pastilles de chlore pour l'eau et la diffusion de messages de prévention auprès de la population."Notre première urgence, c'est de pouvoir distribuer dans de bonnes conditions l'eau acheminée" sur l'archipel pour venir en aide à la population, a-t-elle souligné.
La ministre démissionnaire de la Santé a indiqué également que les médicaments étaient d'une manière générale "en stocks suffisants"."Le grossiste répartiteur sur l'île a des stocks qui n'ont pas été abîmés, et nous avons envoyé d'autres médicaments", a dit Mme Darrieussecq.Selon la ministre, 51 évacuations sanitaires ont eu lieu vers La Réunion à ce jour, pour l'essentiel des patients "qui ont des maladies chroniques lourdes et nécessitent des soins lourds".
Interrogée sur la question de l'immigration à Mayotte, elle a également mis en garde contre un débat prématuré."Le sujet de l'immigration à Mayotte est un sujet depuis toujours et notamment ces dernières années avec des afflux massifs venant des Comores", mais "on ne va pas régler ce sujet dans un cas aigu", a-t-elle dit.
Le ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau a suscité une vive polémique mardi en soulignant la nécessité de légiférer sur l'immigration pour reconstruire Mayotte. Il a jugé mercredi "qu'on ne pourra[it] plus faire comme avant" en matière d'immigration à Mayotte, promettant d'être "beaucoup plus dur vis-à-vis des Comores".
Les invités de l'édition spéciale de Réunion La 1ère:
- Amina Djoumoi, porte-parole du collectif RéMA (Résistance Réunion-Mayotte)
- Sébastien Langlade, responsable prévisions cycloniques à Météo France
- François Hermet, maître de conférences en sciences économiques à l'université de La Réunion
- Alain Domercq, médecin
- Saïd Hachim, géographe
- Ambbdilwaheou Soumaïla, maire de Mamoudzou
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